Crise alimentaire au Mali :Les foyers bamakois souffrent

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L’enquête réalisée par le ministère du développement social sur le développement humain durable est sans appel : dans notre pays, la crise alimentaire a eu des effets négatifs  sur les habitudes et les relations sociales des ménages.  Mais dans la ville de Bamako, c’est une autre paire de manches : pendant que la malnutrition et la malbouffe se trouvent dans les assiettes, les Bamakois se nourrissent de plus en plus dans les gargotes, les restaurants… Du coup, les rapports sociaux se détériorent. Au rythme que les familles s’effritent.  Sans discontinuer.

Selon le rapport sur le développement humain durable édition 2010, la crise alimentaire peut être liée à la flambée des prix des denrées alimentaires. Cette hausse des prix a poussé nombre de maliens à adopter un nouveau régime alimentaire. C’est la principale stratégie de survie qu’ils appliquent pour se nourrir sans se ruiner.

 Selon Bourama Koné un chef de famille au bord du gouffre « Tout ce que nous gagnons est dépensé en nourriture. Que pouvons-nous encore acheter ? La crise alimentaire a accentué la pauvreté et a cassé nombre de ménages », indique le document.

Aussi indique t –il que La crise alimentaire  qui pousse les ménages dans la précarité à redoubler d’efforts pour joindre les bouts. Selon le document les enquêtes ont relevé que pour se  nourrir, certaines familles  sacrifient la quantité ou la qualité des produits qu’ils achètent .d’autres mettent à contribution les enfants qu’ils lancent sur le marché du travail. Certains choisissent une alimentation moins riche en protéines et en minéraux .Par exemple au lieu d’un «  tôt »avec une sauce riche, li est fait une sauce sans poisson  ou viande ou le couscous de nuit avec une sauce qui laisse apparaître quelques graines d’haricot qui l’agrémentent .Ces mets sont appelés par les enfants « tremblement de terre ou l’Afrique en danger ». Le document informe en outre que les ménages urbains pauvres ne font plus qu’un repas par jour et tous les membres de la famille se ruent vers les restaurants à ciel ouvert ou sont servis l’attiéké mélangé avec la brisure de gratin de riz et d’haricot .A cela il faut ajouter la diminution du nombre de repas dans plusieurs ménages : « A Bamako plusieurs ménages ne posent qu’une fois la marmite sur le feu  ».

Le rapport souligne par ailleurs, il est observé que la population urbaine qui consomme en général  le riz se tourne vers du riz moins cher (assez vieilli) et des céréales comme le mil, le sorgho, et le maïs. Mais le prix de ces céréales commence à augmenter lui aussi, même elles ne sont importées, parce que la demande devient plus forte. Le rapport soutient que la crise alimentaire a contribué au relâchement et la détérioration des rapports sociaux .Cela n’est sans influence sur les habitudes alimentaires. Une telle mutation crée des déséquilibres physiologiques provoquant des fois, la perte de vie humaine. Le document précise que ces tendances sont constatées à chaque flambée des prix. Selon le document  pour les acteurs de la société civile rencontrés (ONG LACIM, Caritas Mali, entre autres) l’un des effets de la crise alimentaire a été la disparition progressive des greniers dans les concessions et la segmentation des anciennes familles autant dans les centres urbains qu’en milieu rural .En conséquence nous assistons impuissamment au déclin progressif au déclin de l’autorité parentale et de la solidarité fraternelle. Le rapport souligne qu’il est soutenu que les sociétés ont très souvent résisté à beaucoup de crises sauf à la crise alimentaire car sans alimentation pas de vie en société. Le rapport affirme que la crise alimentaire a poussé les acteurs sociaux à casser l’ancien système social en les poussant à adopter une nouvelle organisation sociale, facteur de recomposition sociale. En conséquence nos assistons au relâchement de la fraternité et de la germanité, l’abandon de l’adoption, la nucléarisation des familles, l’accentuation des taux de divorce et la multiplication des cantines.

 OUMAR TRAORE

 

 

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