Clôture de la caravane médiatique sur la malnutrition :L’émission publique de Mandoli

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Ce jeudi 25 février 2011 s’est tenue l’émission publique de Mopti à Mandoli 45km de Bandiagara (107km de Mopti). Cette cérémonie était présidée par le représentant de la ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies M.Alfousseiny Sidibé chef de mission, M.Ismaïl Maïga de l’UNICEF, le chef de village de Mandoli Achemi Rama, le Maire de Brassara commune de Bandiagara Halaye Amadou Dicko et Fifi Tembely présidente responsable de Misola à Yag-tu à Bandiagara.

            La caravane médiatique sur la nutrition a bouclé l’étape de Mopti et ses localités (Douentza, Bandiagara, Brassara, Bore) par une émission publique à Mandoli commune de Bandiagara. Cette cérémonie était au cœur de l’ambiance, une animation parfaitement réussie. Avec des mots de remerciement de la part du chef de village Achemi Arama et du Maire de la commune de Brassara Halaye Amadou Dicko à l’UNICEF et ses partenaires. Mais aussi  une belle prestation de la danse traditionnelle des femmes de  Mandoli «le noumagoudia» (applaudir se détendre) et le défilé des masques dogon.

            L’émission consistait à sensibiliser davantage la population sur la malnutrition par un jeu d’énigmes. Les heureux gagnants de ce jeu à savoir : Salimata Arama 1ère , Soumaïla Dibô 2ème , Sangho Kologo 3ème , Djénéba Djougou 4ème ont reçu  plusieurs lots (savons, les jeux de lavage, sel iodé, moustiquaires imprégnés, lait Misola, des polos et des pagnes).  Les participants à ce jeu  ont été appelés à faire un chant d’appel sur la malnutrition.

 

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Assétou KANTE

 

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Stagiaire, envoyée spéciale

 

 

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Issouf Coulibaly – médecin chef à Bore Danguolboré :

 

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«Les soins qui doivent accompagner les malades manquent souvent»

 

 

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            Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le Docteur Coulibaly nous parle des progrès et des difficultés dans la prise en charge de la malnutrtion particulièrement dans le cercle de Douentza. Suivez :

 

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Qu’est-ce que la malnutrition ?

            Pour parler de malnutrition nous pouvons dégager deux aspects dans notre contexte. C’est les personnes qui ne reçoivent pas suffisamment l’alimentation dont ils doivent avoir si bien en quantité et en qualité, parce que la malnutrition le plus souvent on pense qu’il s’agit d’un problème de déficit en alimentation, mais il peut y avoir un déficit en poids. Il y a également des aspects de malnutrition qui ne sont pas trop développés chez nous ici. Mais les obésités sont considérées comme des malnutritions de façon terre à terre, des gens qui ne mangent pas normalement la quantité nécessaire d’aliments qu’ils doivent consommer, ce qui affecte leur état de santé physique, mentale et intellectuelle.

 

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Qui sont aujourd’hui vulnérables à cette malnutrition ?

            Dans notre contexte africain surtout malien à Douentza, ce sont les enfants de six mois jusqu’à cinq ans qui sont les plus vulnérables surtout pendant la période de sévrage entre 18 mois et 3 ans qui sont les plus exposés par rapport à ce problème de malnutrition. En dehors de ça nous avons les femmes enceintes. Vous savez quand une femme est enceinte, elle doit se nourrir et nourrir l’enfant, ce qui fait qu’elle a besoin de manger en qualité et en quantité pour satisfaire aux besoins corporels en matière de nutrition. Donc les femmes enceintes sont une couche très exposée. De même quand elles accouchent, elles continuent à allaiter l’enfant, donc les femmes allaitantes sont considérées comme des cibles potentielles par rapport à la malnutrition. Il y a d’autres catégories cibles telles que les gens qui ont les maladies chroniques comme les personnes vivant avec le VIH, et les tuberculeux qui aussi à cause de leur fragilité sur le plan sanitaire ont besoin de manger suffisamment, ils sont les plus exposés à la malnutrition.

 

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Quel est le taux de malnutrition dans le cercle ?

            Cette question est à double tranchant. Je ne peux pas vous donner exactement le taux de malnutrition dans le district sanitaire de Douentza parce que nous n’avons pas une enquête. Pour parler de taux dans une communauté, il faut faire une enquête de base sur le terrain afin de dépister la réalité de la malnutrition sur le terrain, ce que nous n’avons pas encore fait. Mais au niveau des structures de santé, les malades qui arrivent sont dépistés, mais en fonction de cela nous avons un certain nombre de personnes qui ont été dépistées, donc nous allons parler du taux de détection par rapport au nombre de cas que nous avons vus dans nos structures sanitaires plutôt que le taux de malnutrition globale dans le district sanitaire de Douentza. Et si je me réfère au rapport de tous les CSCOM qui nous sont fournis pour l’année 2010, nous considérons que dans le cercle de Douentza nous avons pu enregistrer 1395 enfants de malnutrition modérée de 6 à 59 mois malnutris, ce qui donne à peu près un taux de 16%. Quand vous voyez cela il semble être bas. Et quand nous voyons par rapport aux situations de malnutritions graves, nous avons un certain nombre environ 600 enfants qui ont éré dépistés enfants malnutris sévères, ce qui va nous donner à peu près 7% des taux d’enfants détectés au niveau des centres de santé, ces pourcentages ont été comparés par rapport aux enfants à la tranche de 6 à 59 mois. Je le répète encore ce sont des taux hospitalières, des taux d’enfants qui ont été dépistés malnutris alors que nous savons que le taux de fréquentation dans nos structures sont très faibles, donc il y a encore une grande partie qui n’est pas encore dépistée. Mais en général quand nous sillons nos villages nous constatons que la malnutrition est un problème curcial et important car nous ne pouvons pas aller dans certains localités sans voir des enfants malnutris à qui nous conseillons de rejoindre le centre de santé.

Quelles sont les causes réelles sur les facteurs qui favorisent cette malnutrition ?

            C’est effectivement cela le problème fondamental parce que parfois on pense que des problèmes d’alimentation ou des problèmes de pauvreté et d’autres problèmes particuliers, nous pensons que les problèmes de malnutrition sont dus à des ignorances. Ignorance d’utilisation des aliments locaux pour améliorer la santé de nos enfants. Nous pensons que c’est des facteurs qui constituent à rendre l’enfant beaucoup malnutris. Par exemple quand vous voyez un enfant au niveau du Centre de Santé de Référence (CSRef) de Douentza dans nos structures de récupération nutritionnelle – je n’ai pas de chiffre exact – à peu près 90% des enfants qui rentrent malnutris sont dus à un sevrage brusque. Donc la méthode de sevrer un enfant n’est pas bien maîtrisée par nos populations. Ce qui fait que le plus souvent elles sèvrent brusquement l’enfant parce qu’elle tombent enceintes, alors que, il s’agit de les informer, de les conseiller à consommer les aliments qui doivent permettre de suivre un processus normal de sevrage pour diminuer le taux de malnutrition. Cela est l’un des facteurs importants. Ensuite la consommation des aliments locaux est parfois, je ne dis pas ignorée, mais on ne mesure pas l’ampleur que les enfants en utilisant ces aliments locaux peuvent avoir une nette amélioration de leur état de santé. Nous dans notre politique, nous essayons de former le plus souvent, nous l’avons fait il n’y a pas encore 15 jours, former les matrones et les agents de santé pour les amener auprès des populations pour leur apprendre à préparer les plats locaux que l’enfant va manger et qui permettre que l’enfant va améliorer. Donc la méconnaissance des plats est aussi un facteur important qui peut faire que cette malnutrition n’évolue pas.

 

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Comment vous faites la prise en charge ?

            Effectivement ça c’est une question pour les agents à la base. Mais pour la prise en charge de la malnutrition de façon très pratique, actuellement nous avons beaucoup de partenaires : le CRS , CARITAS, HKI, UNICEF, PAM qui chacun apporte de sa manière les éléments nécessaires. Nous avons également les agents du développement communautaire, nous avons des soutiens, nous avons formé des gens en déficiences positives, nous avons des relais qui ont été formés. Donc le dépistage de la malnutrition se fait depuis au niveau du village par les relais qui ont tous des éléments de mesure. Il y a un dépistage massif de malnutris qui sont orientés au centre de santé. Une fois que les malnutris sont orientés au niveau des structures de santé, ils sont encore repris par les agents techniques qui vont voir maintenant l’aspect réel de l’état de malnutrition de l’enfant normal, de l’enfant malnutri modéré ou de l’enfant malnutri sévère sans complication ou de l’enfant malnutri sévère avec complication. Pour chacune de ces classifications il y a des protocoles standards de prise en charge de malnutrition. Donc tous les agents sont formés en tout cas dans le district sanitaire de Douentza pour cette prise en charge et ils ont des protocoles pour faire cette prise en charge. Donc en général c’est comme ça que se passe le processus de prise en charge de la malnutrition dans le district sanitaire de Douentza. C’est-à-dire depuis la base jusqu’au niveau CSRef où des protocoles sont bien standardisés pour la prise en charge.

 

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Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la prise en charge ?

            Il y a des divergences entre le protocole national et la réalité du terrain. Parce que pour le protocole des enfants malnutris, certains doivent être hospitalisés. Et quand ils sont hospitalisés c’est des charges supplémentaires. Et pour faire quitter quelqu’un d’une classe sévère avec complication jusqu’à modérée, ça prend du temps. Les gens peuvent faire 2 semaines, 3 semaines ils n’ont pas à manger, ce qui entraîne des abandons. Je pense que les agents de santé sont unanimes que, aussi par rapport à l’alimentation, les quantités d’aliments qui sont donnés et qui permettent aux enfants de les suivre de près, c’est le protocole théorique très bon qui permet de suivre de près les enfants. Mais en milieu rural, quand on maintient les personnes pendant 2; 3 semaines loin de leur localité, cela fait qu’il y a beaucoup d’abandons et les gens disparaissent, on ne les retrouve plus. D’ailleurs ça c’est une des grandes difficultés par rapport à la prise en charge. Parce que le protocole est très clair, quand un enfant a un état de malnutrition avancé sévère, il doit être hospitalisé au CSRef ou évacuer au CSRef  pour être pris en charge jusqu’à ce qu’il ressorte avant d’être évacué. Et là ça pose énormément de difficultés entre parfois les populations et les agents de santé. Mais nous continuons à sensibiliser les gens en leur disant si vous partez, l’enfant risque de retomber dans le même état, donc il est mieux de le garder à la structure sanitaire pour qu’il s’en sorte. Mais il y a beaucoup de discussions entre les agents des services de santé et les populations bénéficiaires par rapport à la malnutrition. ça c’est une des grandes difficultés importantes. Ensuite également il y a des vivres permettant la prise en charge de la malnutrition, mais les soins qui doivent accompagner les malades dans la prise en charge manquent souvent. Il y a parfois des ruptures de certains antibiotiques qui font que les gens sont hospitalisés, on leur dit parfois que c’est gratuit mais parfois il y a des dépenses d’achat de médicaments qui parfois gênent la prise en charge, ce qui entraîne des problèmes de compréhension entre nous et les villageois à qui nous avons dit que la prise en charge est gratuite totalement. Aussi le cercle est très vaste, très étendu et les populations sont disparates donc le suivi des enfants malnutris pose énormément de problèmes avec les migrations et le nomadisme. C’est des difficultés majeures importantes, mais tous les mois nous essayons de rassurer les agents de faire le maximum pour pouvoir sauver la plupart de ces enfants.

 

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Il y a des cas de rechute ?

            Oui il y a des cas de rechute parce que les enfants disparaissent, il y a des cas d’abandon qui, quand ils commencent le traitement ils ne terminent pas, on ne les vois pas 2 ou 3 semaines après, ça c’est des cas fréquents de la malnutrition.

 

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A votre avis, quelle solution ?

            La solution qu’il faut c’est de rendre disponibles tous les intrants et que tous les gens puissent être totalement pris en charge gratuitement. Effectivement cela est dans le texte déjà, mais dans la pratique nous voyons qu’ils faut encore des dépenses. Mais aussi pour le moment nous sommes en discussion avec les services techniques pour qu’à des endroits où les villages sont très éloignés du centre de santé, comment augmenter de façon pratique la rations des gens pour ne pas les faire venir 2 fois par semaine, plutôt les faire revenir une fois par mois, leur donner les dotations et pouvoir suivre leur itinéraire. C’est des solutions pratiques mais pour le moment ce n’est pas recommandé.

 

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            A suivre

Assétou KANTE, stagiaire


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