Plus de 600.000 maliens, cette année, nécessiteront une assistance d’urgence pour faire face à leurs besoins alimentaires pendant la période de soudure allant de février à septembre.
Le programme alimentaire mondial qui doit venir au secours de ces personnes nécessite un financement de 13,2 millions FCFA.
Hélas, le programme de l’ONU signale ne pas disposer de cette somme.
L’annonce a été faite mercredi dernier par Mme Cecilia Aspe, chargée de communication du programme alimentaire mondial (PAM) au cours d’un café de presse que l’organisation a offert aux hommes de médias à son siège. C’était en présence de plusieurs Représentant du PAM.
La rencontre avait pour objectif de présenter l’équipe de communication et les activités du PAM, de discuter des attentes des journalistes et les informations dont ils ont besoin.
Il s’agissait aussi d’informer les hommes de média sur la situation alimentaire et nutritionnelle actuelle au Mali pour la période de soudure 2017.
En effet, selon la conférencière, les résultats du dernier Cadre Harmonisé (mars 2017) estiment que plus de 600 000 personnes sont en situation de crise alimentaire (phase 3 et 4). Parmi elles, 350 000 vivent dans des régions instables et affectées par le conflit, notamment Gao, Tombouctou Kidal Mopti et le nord de Ségou. « En plus, 3.2millions de personnes additionnelles sont sous pression (phase2) et près de 45.000 nouvelles déplacées ont été enregistrées depuis novembre 2016, dont 10.000 au seul mois de février», a expliqué Mme ASPE.
Selon elle, ceci représente une augmentation d’environ 30% du nombre de personnes en phase 3 et plus par-rapport au Cadre Harmonisé en 2016, avec près de 800.000 personnes supplémentaires cette année.
Ce que prévoit le PAM
Face à la situation, Mme ASPE dira que le Gouvernement, le PAM et l’ensemble des partenaires humanitaires se coordonnent pour une réponse humanitaire adaptée. Pour cela, l’apport des autres partenaires doit couvrir environ 25% des besoins des personnes se trouvant dans les zones de conflit, alors que le PAM doit assister les 75% restants.
Ainsi, selon la chargée de communication du PAM, son organisation prévoit d’assister 260. 000 personnes. « Et, depuis février (qui va s’étendre en septembre 2017), 100 000 personnes touchées par la soudure précoce bénéficient déjà d’une assistance et 160 000 autres seront assistées entre juin et septembre » a-t-elle souligné.
Mme Cecilia ASPE indiquera ensuite que les coûts de cette assistance d’urgence s’élèvent à 34.2 millions USD (soit près de 14 milliards de FCFA), dont à ce jour, le PAM a reçu des contributions confirmées de 21 millions USD (soit plus de 8 milliards de FCFA). « Cela couvre 61% des besoins. Mais, si un financement de 13.2 millions USD (soit plus de 5 milliards de FCFA) n’est pas trouvé, le PAM devra réduire drastiquement son assistance à partir du mois d’août 2017 » a-t-elle averti.
Selon Mme Cecilia ASPE, cette situation obligera le PAM à recourir soit via une réduction précoce des rations, soit une réduction de la couverture géographique.
Par ailleurs, dans le cadre de la réponse rapide aux déplacements (RRM), la conférencière dira que son organisation doit mettre à la disposition des populations des ressources alimentaires permettant de compléter l’assistance en articles non alimentaires fournis par les ONGs. « D’ici la fin de l’année environ 30.000 nouvelles déplacées qui devraient être enregistrées coûtera 2,2 millions de dollars américains pour les 3 mois de rations alimentaire», signale-t-elle.
En plus de l’assistance susmentionnée, expliquera Mme Cecilia ASPE, le PAM cible 115.000 enfants âgés de 6 à 23 mois et 56.500 femmes enceintes et allaitantes pour prévenir la malnutrition modérée entre juin et septembre 2017. « A ce niveau aussi, si un financement de 3 millions de dollars n’est pas acquis, le PAM ne sera pas en mesure de maintenir une couverture minimale dans l’ensemble des zones où la MAG est supérieure à 10% », a-t-elle signalé.
En ce qui concerne le traitement de la malnutrition aigüe modérée (MAM), Mme Cecilia ASPE dira que même en priorisant (seulement) les zones critiques (où la cible minimale serait de 137.500 enfants et 17.800 femmes), le PAM ne pourra couvrir que 27% des besoins à cause d’un déficit financier de 3.6 millions USD, soit 67% des besoins).
Parlant des repas scolaires, la représentante du PAM indiquera que son organisation est confrontée à un déficit de financement de 6.2 millions USD soit 90% des besoins pour 177.000 élèves pour la période avril-mai et octobre-décembre 2017. Toute chose qui risque de freiner immédiatement les activités avec pour conséquence de fortes perturbations tant dans la fréquentation scolaire que dans les abandons scolaires.
Enfin, conclura Mme Cecilia ASPE, ‘’à cause des extrémismes violents en lien avec l’éducation, 600 écoles restent déjà fermées dans le pays et plus de 130 ont cessé de fonctionner en 2016 dont une grande partie dans la région de Mopti’’.
Djibril Kayentao