Plus qu’un scandale, l’atterrissage d’un Boeing bourré de Cocaïne au nord du Mali a éclaté aux grands jours la dextérité des narcotrafiquants. Le dossier a connu son épilogue avec la libération d’un Espagnol considéré comme l’un des cerveaux du trafic de drogue dans notre pays. Mais, il y a des zones d’ombre qui méritent d’être éclaircies.
L’affaire dite Air Cocaïne du non nom du Boeing qui a atterri en 2010 dans le vaste désert du nord du Mali, a connu son épilogue avec la libération la semaine dernière de l’Espagnol Miguel qui était en prison depuis 2 ans. Ce qui a donné lieu à toutes sortes d’interprétations. Ce qui est sûr, le dossier n’a pas connu de suite et l’on ne sait pas pourquoi la libération en série des présumés auteurs et complices. Mais, la rapidité par laquelle l’affaire a été traitée après l’évincement d’ATT du pouvoir, laisse perplexe plus d’un. Selon une source proche du milieu judiciaire, il a été très difficile d’avoir des preuves pour confondre ceux qui ont été arrêtés.
En clair, souligne la même source, l’affaire a été gérée de façon légère dès le début et le fait qu’elle implique des nombreuses personnalités au sommet de l’Etat, ne permet pas de connaître toute la réalité. La preuve, à ces jours, aucune personne n’est inquiétée, ce qui veut dire que le dossier est vide. Cependant, on n’est en droit de se demander pourquoi le régime précédent a trainé les pieds pour faire éclater la vérité au grand jour. Surtout que sur le terrain, pas d’indices disponibles pour situer les responsabilités. Cela dénote aussi l’absence de l’Etat dans cette zone et ses services compétents n’ont pas été à la hauteur. Car, la situation a échappé même les forces de sécurité qui étaient sur le terrain. De ce fait, il a fallu que la presse en fasse écho pour qu’une enquête soit mise en route, mais ses conclusions n’ont pas donné les résultats escomptés.
Dans la foulée, nombre de personnes arrêtées ont été relâchées sans être inquiétées. Ce qui fait dire aux observateurs avertis qu’il y a un goût d’inachevé et des zones d’ombre. Le patent constat qui se dégage est qu’il y avait une forte pression sur la justice. Reste à savoir si la libération des deux détenus (un Français et un Espagnol) n’est pas faite sous la pression de leurs pays d’origine. Toutefois, la suite réservée à l’affaire Air Cocaïne a laissé l’opinion nationale et internationale sur sa faim. Et dire qu’elle pourra éclabousser des hautes personnalités du pays, ce serait se leurrer. En tout état de cause, le désert malien est toujours mouvementé et échappe à tout contrôle. Certainement qu’il y a un deal qu’on ne saurait comprendre de sitôt. Comme si de rien n’était, l’épisode sombre du trafic de drogue se referme sans livrer tous ses secrets.
Soufi MAHAMANE