«L’aide internationale au Mali: Et si on se disait toute la vérité» est le thème qui réunit, depuis le vendredi 14 juin 2019, le Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali, les partenaires techniques et financiers du Mali, le Gouvernement et la société civile.
Le Mali, à l’instar de nombreux autres pays, est dépendant de l’aide internationale (subventions et prêts) pour boucler son Budget chaque année. De nombreux projets d’envergure sont considérés comme ne pouvant être réalisés qu’avec ces appuis.
Cette aide s’est accentuée par la crise depuis 2012 et concerne désormais des domaines de souveraineté que sont, entre autres, la défense, la diplomatie, la sécurité, l’éducation, la santé et l’accès à l’eau potable. La période écoulée a également été marquée par le poids croissant de l’aide humanitaire.
La dette malienne, bien que maintenue à ce jour dans des proportions «raisonnables» est sur une piste ascendante et constitue de ce point de vue un passif à gérer pour les Générations futures
L’aide internationale et même les prêts au taux du marché ou concessionnel sont divers, multiples, parfois insuffisamment coordonnées et, il faut le dire aussi, en fonction des intérêts bilatéraux ou multilatéraux des donateurs.
Il est pertinent de s’interroger sur l’éthique d’une nation dont de nombreux Responsables comptent sur l’aide des autres pour se construire, en oubliant, parfois, malgré toute la lucidité de la Realpolitik que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit.
Il apparaît dès lors impératif que soient mis sur la table toute aide internationale pour que cela soit mieux coordonné, plus transparent, et que chaque citoyen puisse savoir de quoi il retourne et dans quoi il est engagé en termes d’aspects et contours de cette aide.
Il est important aussi que l’aide internationale ne soit pas considérée seulement comme un boulet pour un certain nombre de nos compatriotes, un terreau des préjugés et des constructions intellectuelles fondées sur des approximations mais aussi comme une main tendue à un pays pour se relever et se tourner vers l’avenir.
Ledit colloque, qui durera jusqu’au samedi 15 juin 2019, vise à éclairer davantage « sur l’état des lieux des engagements et appuis reçus par le Mali au titre des différentes catégories d’aide, d’apprécier la conformité entre les modalités et affectations de l’aide et les priorités maliennes; de confronter les annonces aux engagements, de mieux cerner les processus d’évaluation et les effets de l’aide, et de rendre compréhensibles et transparents, les contraintes, limites et préoccupations de Etal et des donateurs sur l’aide internationale».
La complexité et la sensibilité du sujet conduisent le CERM à associer à l’organisation et à la tenue de ce colloque, les deux principaux acteurs de l’aide internationale, à savoir le Gouvernement du Mali et les partenaires techniques et financiers.
Selon Moussa Mara, Représentant du Président du CERM, le colloque a pour objectif général d’éclairer l’opinion nationale et internationale sur les tenants et les aboutissants de l’aide internationale au Mali et proposer des pistes d’amélioration pour une meilleure utilisation, une meilleure adéquation entre les besoins prioritaires du pays et l’aide, une meilleure coordination et une satisfaction conjointe des donateurs el du pays qui reçoit et « devrait aboutir à renforcer le concept gagnant-gagnant de l’aide internationale et des prêts consentis ».
« Le fait de porter sur le phénomène de l’aide à partir des donnée objectives, sans omettre sa dimension politique, doit permettre de mieux en apprécier la nature et les modalités, de lever certains malentendus, peut-être même de confirmer cette affirmations et de permettre aux uns et autres de sortir de cet exercice avec une vision plus claire de l’aide internationale», a soutenu, de son côté, le Ministre Adama Tiémoko Diarra de l’Aménagement du Territoire et de la Population, représentant le Premier Ministre.
Cinq questions majeures ont été approfondies : « Quelles sont les différentes catégories de l’aide internationale consentie au Mali, ses (subventions, prêts, aide humanitaire) et ses modalités de gestion (Aide budgétaire Aide projets)? Quel bilan des promesses et annonces (Conférence de Bruxelles en mai 2013 et Conférence de l’OCDE en octobre 2015)? Quels sont les mécanismes permettant la conformité de l’aide avec les priorités et politiques maliennes? Comment apprécier en particulier l’impact des prêts et du service de la dette sur les équilibres financiers du pays? Quelles sont les modalités permettant d’évaluer l’impact de l’aide? Quelles sont aujourd’hui les principales préoccupations de l’Etat et des donateurs sur l’aide internationale au Mali? ».
D.C.A