L’affaire de l’agression du juge de paix à compétence étendue de Ouléssébougou le 25 novembre 2014 à son bureau par l’honorable Bourama Tidiani Traore, député RPM élu dans la circonscription de Kati a défrayé toute la semaine la chronique. Elle a suscité l’émoi autant chez les magistrats et leur syndicat que chez les députés et à l’Assemblée nationale. Après le temps de l’indignation et des explications de chaque côté, le procès de la vérité aura lieu demain, le 3 décembre 2014. Mais déjà, il y a eu l’incarcération à la prison centrale de Bamako Coura, à la surprise générale, du « dépité » qui pensait qu’il pouvait agresser n’importe qui en toute impunité. Parce que revêtu de l’onction de sa charge, de la majorité présidentielle, donc de la protection absolue du pouvoir qui nous gouverne.
Les délits qui lui ont valu cette détention préventive sont : violation de domicile, injures, outrages et voies de fait sur un magistrat dans l’exercice de ses fonctions. Le flagrant délit étant consommé et l’affaire portée devant le tribunal de la commune VI, en attendant le jugement, son incarcération ne pouvait qu’être fatale.
A l’origine, le bouillant député Bourama Tidiani Traore élu à Kati s’était déporté sans s’annoncer chez le juge de paix à compétence étendue, dont il avait pratiquement forcé le bureau après la fermeture, en s’introduisant, sans y être invité d’abord dans le domicile du magistrat avant de se présenter en intrus à son lieu de travail. Malgré tout, il a été reçu par le magistrat, mais il a vite fait de se montrer discourtois, ensuite injurieux et enfin violent contre le juge qu’il a fini par agresser dans son bureau du tribunal, alors que le garde de service était absent, parce que permissionnaire. Tout cela à cause d’une affaire foncière de la localité de Bananzolé, près de Bougouni que le juge avait renvoyée pour de plus amples informations. Ce qui n’avait pas été du tout du goût du député hors la loi, venu s’essayer chez le juge au trafic d’influence en faveur de l’une des parties au conflit proche de lui. Cela lui vaudra, malheureusement, s’il ne fait pas son mea culpa, une sévère peine privative de liberté.
Plusieurs fois, il a été dénoncé en certaines occasions controversées la république des juges, à juste raison parfois. Mais tous les magistrats ne sont pas pour autant à mettre au pilori et ce n’est pas une raison de régler des comptes avec eux par procuration, comme l’a fait le député élu à Kati qui, au bureau du juge Amadou Bocar Touré, s’est cru en terrain conquis. En face, il y a en gestation l’Etat RPM dont le pendant est une République naissante des députés de la majorité dont la propension est de faire la pluie et le beau temps en s’ingérant dans les affaires privées, judiciaires et celles de l’exécutif en sous main.
En ces temps durs pour la gouvernance d’IBK, si la majorité présidentielle (parlementaire et extraparlementaire) n’y prend pas garde, elle risque de faire sombrer le régime de son mentor. Aujourd’hui, ce n’est pas incidemment qu’un doigt accusateur est pointé sur ses ténors à l’origine de tous les problèmes que le pouvoir rencontre actuellement. Aucun membre de l’opposition n’est cité dans les affaires scandaleuses qui accablent actuellement la République. Les présumés coupables sont tous des proches du cercle présidentiel. C’est tout dire.
Oumar Coulibaly
La violence ne règle rien en plus une personnalité ne doit pas se comporter de la sorte.IL faut paix pour ceux qu’il a fait enfin de donner une leçon aux autres.
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