A l’issue du Colloque international sur les droits et esclavage en Afrique de l’Ouest, tenu du 16 au 18 octobre derniers à Bamako, un appel a été lancé aux autorités de la Mauritanie, du Mali et du Niger, afin qu’elles prennent des mesures pour mettre fin à la pratique de l’esclavage.
En effet, le sahel est l’une des régions au monde qui a la spécificité de connaitre encore l’esclavage et pratiques assimilées.
Des millions d’êtres humains, avec les mêmes instruments idéologiques et religieux qui conduisent à l’extrémisme violent, sont maintenus dans l’esclavage. Pour combattre cette situation, des organisations de la société civile du Mali (Temedt, Infa-plus, Ikewane), de la Mauritanie (IRA) et du Niger (Timidria) ont lancé un appel aux gouvernements de leurs pays. A la Mauritanie, il est demandé la libération immédiate et sans condition des militants anti-esclavagistes emprisonnés, à savoir Moussa Bilal Biram et Abdallah Salek et la levée de l’interdiction d’exister du mouvement «Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) ». Au gouvernement malien, il est demandé l’adoption rapide d’une loi criminalisant l’esclavage à l’instar de la Mauritanie et du Niger. Ce dernier est cependant interpellé à accélérer l’application effective de la loi adoptée en 2003, criminalisant la pratique de l’esclavage.
Par ailleurs, ce colloque de trois jours a été une opportunité d’échanges entre spécialistes des questions liées à l’esclavage et aux droits. Il a permis, aussi, de pousser la réflexion sur les différents types d’esclavage. Occasion également d’évoquer les vestiges de cette traite humaine et les instruments qui ont été utilisés pour son exécution.
En effet, ce rendez-vous scientifique avait pour objectif d’identifier, d’évaluer et de faire une comparaison des normes juridiques issues des traditions et textes locaux par des sociétés dites esclavagistes et post esclavagistes en Afrique de l’Ouest. Ce débat entre universitaires, chercheurs et autres acteurs de la société civile aidera à mieux comprendre les questions complexes comme le phénomène de l’esclavage et surtout de proposer des solutions idoines pour le combattre.
Les experts venus d’Europe, d’Amérique et de l’Afrique ont menés des réflexions sur le thème afin de mieux appréhender les héritages contemporains de l’histoire de l’esclavage en Afrique de l’Ouest, notamment la discrimination envers les descendants d’esclaves. « La question de l’esclavage est, certes, parfois considérée comme un sujet tabou mais l’esclavage a une longue histoire en Afrique et ses formes contemporaines n’ont jamais été autant d’actualité», a affirmé le mauritanien Biram Dah Abeid, président de l’IRA. Pour ce militant engagé dans la lutte contre l’esclavage, le continent a trop longtemps fermé les yeux sur cette pratique qui sévit toujours, particulièrement en Mauritanie où elle est pourtant officiellement interdite depuis 1981. « Des êtres humains naissent propriété d’un autre. Ils peuvent être vendus, gagés, cédés, loués ou donnés, travaillent sans repos, sans salaire ni soins. Ils n’ont ni droit à l’éducation, ni à une pièce d’état civil. Les femmes et les filles subissent régulièrement des viols », a précisé Biram Dah Abeid.
Mémé Sanogo