Les forces armées régulières des pays d’Afrique subsaharienne, même avec l’appui militaire de certaines puissances occidentales, n’arrivent pas à vaincre le terrorisme. Afin de lutter efficacement contre ce phénomène, près d’un millier de chercheurs, militaires, diplomates et décideurs politiques se sont alors penchés, il y a une semaine à Dakar, sur ses défis en Afrique. Cette énième rencontre n’est certainement pas un forum de trop, si l’on est bien conscient que cette maladie endémique, que devient le terrorisme, ressemble à un abcès qui est comme un serpent à plusieurs têtes. Auquel, quand l’on coupe une tête, une autre apparaît aussitôt.
Pour pouvoir crever cet abcès pour de bon, il nécessite forcément de procéder à une véritable synergie des politiques de riposte des pays concernés. Surtout lorsque l’on sait que le terrorisme est désormais une réalité sociopolitique et économique transfrontalière. Laquelle, de par son importance grandissante, oblige l’ensemble des pays africains, notamment les plus touchés, à faire face aux défis sécuritaire et militaire comme socioéconomique qu’il pose.
A cet effet, il devient évident que la seule force militaire ne peut rien faire contre ce genre de terrorisme qui recrute en général ses adeptes au sein des couches juvéniles les plus défavorisées de la société. Une réalité évidente qui doit par conséquent amener les dirigeants africains, au-delà de la stratégie militaire, à adopter sans délai, une synergie politique et d’actions sociales pour y faire face. Ce, avant que les idéologies politiques des terroristes ne prennent le dessus. Toutes choses qui interpellent les Etats africains pour l’instauration rapide d’une véritable politique économique transfrontalière qui va favoriser à son tour la réinsertion de cette couche juvénile dans le circuit socioéconomique.
Car, il a été démontré par des analyses politiques que nombreux sont les jeunes qui épousent la doctrine djihadiste pour simplement des raisons économiques. C’est pourquoi, il faut que les Etats offrent à leur jeunesse plus que ce que les organisations terroristes ne soient capables de faire. Or, cela exige que tous les décideurs des pays concernés se donnent la main pour concevoir et agir. C’est ce que certainement le deuxième forum de Dakar pour la Paix et la sécurité tente de favoriser. Par conséquent, il ne pouvait qu’être la bienvenue.
Il aura d’ailleurs été au moins une occasion pour que les décideurs politiques, par l’éclairage d’imminents chercheurs, ne puissent plus continuer de s’engouffrer derrière un rideau de fer, en faisant semblant d’ignorer que la véritable cause du terrorisme est surtout, la pauvreté et le rejet social. De même que le forum aura permis de les conscientiser de façon unanime qu’il ne peut y avoir de sécurité sans développement, mais aussi de développement sans sécurité.
Mais, puisse qu’il est aussi une évidence que sans liberté d’expression et de conscience, le développement et la sécurité, à eux seuls, ne suffisent pas à favoriser une réelle émancipation des peuples, alors il faut bien que les décideurs politiques, notamment ceux qui sont au pouvoir, au lieu de s’atteler à amender constamment les lois fondamentales au gré de leurs intérêts, permettent plutôt un cadre démocratique harmonieux et égalitaire pour tous. Où le citoyen a la latitude de choisir librement les dirigeants de son choix. Cela éviterait incontestablement les crises politiques récurrentes, souvent sources de violences politiques dans nos Etats. Ainsi le mouvement terrorisme, opportuniste qu’il est, ne se lasse pas et va continuer de profiter de l’état de souffrance de la frange du peuple exclu du jeu politique, pour recruter dans ses rangs. Il faut donc absolument briser ce cercle vicieux !
Gaoussou M. Traoré