En dépit de l’engagement, depuis 2013, de la Communauté internationale, à travers la MINUSMA et la France par l’opération Barkhane, le terrorisme continue d’être une menace majeure pour la paix et la sécurité en Afrique subsaharienne, en particulier dans la région du Sahel. Des groupes terroristes, qualifiés à tort de « Jihadistes » par la sémantique occidentale, y opèrent de façon endémique. Si, actuellement les attaques terroristes n’épargnent quasiment aucun Etat de l’Afrique de l’Ouest, trois pays (le Burkina, le Mali et le Niger) en font désormais les principaux frais.
L’Algérie, aussi pays Sahélo-saharien mais épargné jusque-là par la vague terroriste actuelle, avait particulièrement connu, durant une dizaine d’années, les affres du terrorisme national, notamment du GIA et du GPS. C’était à partir de 1991 lorsque l’Armée nationale a eu à confisquer la victoire du Front Islamique du Salut (FIS) aux élections générales de 1990. Pour se sortir de sa crise sécuritaire, après avoir été incapable de vaincre militairement les mouvements terroristes, ce grand pays maghrébin mais aussi du Sahel, a été contraint de décréter une amnistie générale en faveur des terroristes repentis.
Les récalcitrants ont malheureusement convergé (avec la bénédiction des services secrets algériens) vers le sud de l’Algérie donc le nord du Mali et du Niger. Ils y ont créé le groupe terroriste AQMI. Lequel s’est affilié à des groupes terroristes locaux (MUJAO, Boko Haram …) dans ces nouveaux pays d’accueil et d’opération. En d’autres termes, le terrorisme dans les pays du Sahel occidental n’est qu’un pur produit d’exportation de l’Algérie. La solution algérienne à la lutte antiterrorisme peut-elle aussi s’exporter dans les pays du Sahel occidental ?
L’Algérie, l’organisatrice de l’Accord dit d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, est aussi marraine, médiatrice et garante dudit accord. Pour ce faire, c’est elle qui préside aussi le Comité de Suivi de ce fameux accord (que la communauté a dû imposer au peuple malien) qui peine à s’appliquer. Depuis l’échec du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint (Cemoc), créé en 2010 sous son impulsion et destiné à lutter contre le terrorisme et à coopérer entre les cinq pays du Sahel (mais resté une coquille vide), l’Algérie était quasiment restée militairement neutre dans la lutte antiterroriste dans les pays du Sahel.
Toutefois cette puissance régionale, a l’intention de reprendre actuellement l’initiative dans cette lutte antiterroriste dont la France a le monopole. D’où l’organisation à Alger, le mardi 10 août, d’une conférence sécuritaire au Sahel. A cette conférence, ont été invités des responsables politiques et sécuritaires de cinq pays subsahariens (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie), ainsi que des responsables de la Mission onusienne au Mali et une délégation de l’Union africaine. Organisée par le Centre africain des études sur le terrorisme à Alger, sous l’égide du ministère des Affaires étrangères, elle s’est penchée sur les dossiers des trafics transfrontaliers, du terrorisme et de la migration clandestine.
Elle doit permettre également aux participants de reconsidérer les nombreux dangers qui guettent les pays subsahariens. Ce, afin d’envisager la création d’« une base commune pour faire face aux menaces terroristes ». Ce qui permettra de booster la coopération entre ces pays en matière de lutte contre le terrorisme. Mais l’Algérie et la Communauté internationale estiment que l’application de l’Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger est sine qua none pour le retour de la paix au Sahel. Va-t-elle, en marge de cette conférence, contraindre les autorités maliennes à l’appliquer en l’état, sans relecture ou renégociation ?
Gaoussou Madani Traoré