Encore convoqué à la justice au matin du lundi 27 Novembre 2017, Ras Bath en est encore sorti indemne de son énième comparution à la barre pour incitation de troupes à la désobéissance. Un raté judiciaire qui renforce la popularité du chroniqueur au grand dam de la République et de l’Etat sous IBK.
Conduit à la Cour d’Appel en tant que fauteur de troubles à l’ordre public, Ras Bath l’a de nouveau remporté sur le pouvoir en faisant jouer le poids de la masse. Comme au tribunal de Première Instance de la Commune IV, la rue était bondée de monde à Banankabougou où l’enceinte de la Cour d’Appel a été littéralement prise d’assaut par les partisans de l’animateur.
Le dossier qui pendait devant la justice depuis Août 2016 a ainsi connu son épilogue sur l’abandon des poursuites pour manque de preuves, mais la pression de la rue et la défiance populaire vis-à-vis de la justice et de l’Etat malien – sur fond de crainte de tension sociales – sont visiblement passés par là surtout lorsque s’y ajoute le coup de pouce d’un certain Mohamed Ali Bathily, membre du gouvernement, père de Ras Bath. A quelques encablures de la comparution de sa progéniture en Appel, en effet, l’ancien Garde des Sceaux a effectué une sortie fracassante où la solidarité familiale l’emportait sur la loyauté gouvernementale, la complainte le disputait au chantage et à la menace au pouvoir.
«Ras Bath demeure mon fils même s’il était un serpent», avait déclaré en substance à Koutiala, en prélude à sa comparution en appel.
Autant dire que le dossier a manifestement subi les aléas dissuasifs de la mobilisation populaire et médiatique, qui ont fait les choux gras des avocats du célèbre prévenu. Sous la houlette de Me Maliki Ibrahim du Cabinet ‘ZaharaNour’, le conseil de Ras Bath n’a laissé aucune chance au ministère public étouffé jusque dans ses derniers retranchements, à savoir : la tentative de rebondir par unrenvoi de l’affaire. Au grand du premier parquetier, la défenderesse a requis et obtenu que l’affaire soit vidée pour de bon avec l’ensemble des tares comme la disparition miraculeuse des preuves.
C’est dans cette atmosphère aux relents anarchiques que la justice a tranché en faveur d’une relaxe pure et simple du chroniqueur de ‘’Carte sur Table’’ dans une affaire qui aurait sans doute connu un destin différent n’était un égarement évident de l’Etat par ses propres turpitudes. Une raison politique que le ministre de la Justice, en tant que premier parquetier, a sans doute ressenti comme une république au rabais, un désaveu par le pouvoir qui n’avait daigné rappeler son collègue et père du prévenu à l’ordre sur ses sorties médiatique audacieuses. Mamadou Ismaël Konaté en a donc tiré les conséquences et rendu sa démission sans doute pour deux raisons apparentes : le refus d’avaler les couleuvres par la résignation, le refus de cautionner l’assujettissement aux caprices de la rue. Il est vrai que le Garde des Sceaux rate le timing d’une démission qui aurait dû intervenir dans la foulée des agissements de son collègues des domaines, mais en acceptant sa démission et en lui préférant Bathily, les autorités ne donnent aucune assurance aux citoyens que leur justice est un recours fiable.
La Rédaction