Affaire des membres du bureau de la SPN : Siméon écope de 3 ans d’emprisonnement ferme

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Cour d’assises : Premier procès de la bande à Sanogo
Simeon Keita

Les débats auront duré 24 heures, ce vendredi 28 novembre 2014, lors des assises de Bamako. Au terme de ce procès interminable, le jury, présidé par Kamafily Dembélé, a décidé de maintenir plusieurs membres du bureau du Syndicat de la police nationale (SPN), dont le Secrétaire général, Siméon Keïta, dans les liens de la détention. La défense envisage d’interjeter appel.

Si certaines des sanctions infligées par le jury sont conformes au réquisitoire du Parquet, notamment l’acquittement de Drissa Samaké dit Roger et de Hamidou Togola, pour d’autres, les peines sont bien lourdes. C’est le cas concernant l’élève commissaire Siméon Keïta qui écope de 3 ans d’emprisonnement ferme pour soustraction de véhicules et détention illégale d’armes de guerre, et Mahamadou Youba Diarra, condamné à 5 ans d’emprisonnement dont 3 avec sursis pour homicide volontaire. Quant aux autres accusés, notamment Sékou Maïga, Fodé Samba Diallo dit Jet Lee, Yaya Niambélé  et Souleymane Cheick Fissourou, ils ont été condamnés chacun à 18 mois avec sursis pour coups et blessures volontaires sur des agents de police.

Les délinquants sont tous membres du bureau du Syndicat de la police nationale (SPN). Ils étaient accusés de meurtre, vol qualifié, atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, coups et blessures volontaires, violences et voies de fait, association de malfaiteurs, troubles graves à l’ordre public, détention illégale d’armes de guerre et complicité.

Les faits

En 2012, un conflit de leadership éclate au sein du SPN, provoquant de nombreux troubles dans la capitale. Le putsch du 22 mars 2012 et les troubles du 30 avril 2012 accentuent la crise au sein dudit syndicat.

Les membres du bureau du SPN, dont Siméon Keïta et son adjoint, feu Sirima Fané, se sont procuré des armes stockées dans les magasins d’armements de la police et des casernes militaires. Armes qu’ils ont déposées au Groupement mobile de sécurité (GMS), quartier général du SPN. Proches de la toute puissante junte militaire, Siméon et autres s’adonnent, selon le magistrat instructeur, à des “exactions” à travers Bamako: patrouilles clandestines, interpellations sommaires, enlèvements,  séquestrations, extorsions de biens publics et privés. En dépit des instructions des autorités d’alors, ils refusent de rendre leurs armes.

Pour mettre fin à ces agissements, la hiérarchie militaire ordonne une mission de désarmement. Une force mixte, conduite par le chef de bataillon de l’Armée de terre, Sékou Sylla, prend d’assaut, dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 avril 2013, le GMS. Malgré les sommations, des membres du groupe de Siméon opposent la résistance.

L’un d’eux, l’élève-commissaire Mahamadou Youba Diarra, faisant usage de son arme, tue le soldat de 2ème classe Daouda Adiawiakoye du 312ème  Régiment inter-arme de Kati et blesse Baba Ousmane Traoré de la Compagnie de circulation routière (CCR). La force d’intervention mixte arrive tout de même à maîtriser le SPN et ses leaders. À la suite de l’enquête, certains sont relâchés et d’autres poursuivis en justice. C’est ainsi que les policiers membres du bureau de la SPN, sous l’emprise de Siméon Keïta et de son adjoint, feu Sirama Fané, ont été arrêtés et l’instruction du dossier fut confiée au juge Yaya Karembé.

Au cours de leur plaidoyer, les avocats de la défense ont, tour à tour, regretté l’inapplication des règles de procédure en la matière.

Parlant du cas de l’élève-commissaire Mahamadou Youba Diarra, ils ont estimé que le Ministère public et la partie civile devraient apporter des preuves matérielles pour palier le doute. Selon eux, deux facteurs sont déplorables pour un tel dossier: l’absence de rapport balistique et l’absence de certificat médical pour justifier les coups et blessures.

Ils ont estimé que les résultats de ces expertises auraient pu fixer l’opinion sur les allégations portées sur Mahamadou Youba Diarra, qui était considéré comme la «boîte noire» de cette affaire.

Dans cette affaire, l’offensive était de taille contre le juge instructeur, Karembé. Des avocats de la défense ont rappelé qu’il existe des liens entre ce dernier et les membres de l’ex-junte. Ces avocats  considèrent que ce lien, d’une «exceptionnelle gravité», peut influencer le cours du procès. Pour Me Mariam Diawara, cette affaire est un montage du juge Yaya Karembé qui, selon elle, finira,  tôt ou tard, par répondre de ses actes.

Ibrahim M.GUEYE

 

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