Affaire de mort de 33 enfants de Pouponnière : La COMADE s’invite dans le dossier

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La cruelle affaire de la mort de 33 enfants pensionnaires de la Pouponnière de Bamako est bien loin d’être terminée. Selon certains analystes, elle ne fait que  commencer, surtout avec cette plainte contre X que la Coalition Malienne des Droits de l’Enfant (COMADE) vient de déposer auprès du Procureur, près la Tribunal de la Commune III du District de Bamako.

Cette affaire qui courrait les rédactions et les studios des radios privées et qui a fait que la Directrice de la Pouponnière, Mme Diallo Aminata Kéïta, séjourne actuellement à la prison pour femmes de Bollé, se dénouera finalement devant le Juge. En plus des cas de décès pour négligence, on parle de trafic d’enfants et d’usage de faux. Jusqu’où nous mènera une si trouble affaire qui expose arrogamment ses relents de complicité en haut lieu. Selon les tournures dramatiques prises par le dossier, il est question de pousser les enquêtes loin du simple «temple» des enfants. On murmure certains noms pourtant au-dessus de tout soupçon. Ainsi, on évoque les relations un peu suspectes entre Mme Diallo et l’ex-Ministre de la Promotion des Femmes et des Enfants, Mme Maïga Sina Damba. En tout cas, il ressort des premiers éléments de l’enquête que Mme Diallo était la patronne d’un réseau d’«intouchables».

Contrairement à ce qu’écrivait notre confrère Jeune Afrique, dans son N°2631 du 12 au 18 juin 2011, estimant qu’«aucune plainte n’a été déposée concernant la mort d’une trentaine d’enfants décédés entre août 2010 et février 2011», il y a bel et bien une partie civile qui s’est constituée. Il s’agit de la Coalition Malienne des Droits de l’enfant (COMADE). Pour cette organisation dont le président est Mohamadou Lamine Cissé, il faut obligatoirement tirer cette affaire au clair et situer les responsabilités. Au regard de la Constitution de notre pays et des différentes Conventions internationale signées et ratifiées par le Mali, la Coalition Malienne des Droits de l’enfant, a porté plainte contre X devant le Procureur, près la Tribunal de la Commune III du District de Bamako. Voici en substance ce cette Coalition a écrit au Procureur le 6 juin 2011 : «Monsieur le Procureur près du Tribunal de la Commune III du District de Bamako, par la présente, nous, Coalition Malienne des droits de l’Enfant (COMADE), composée de 78 organisations nationales et internationales ayant toutes en commun la protection et la promotion des droits de l’enfant, venons auprès de vous solliciter la recevabilité de notre plainte contre X suite aux décès d’enfants constatés au Centre d’Accueil et de Placement Familial, communément appelé Pouponnière, sis au quartier commercial à Bamako-Coura. Il nous a été donné, le 20 mai, suite à de multiples interrogations et commentaires de nos structures membres sur la situation des enfants, de faire la visite et la rencontre-échange avec le personnel en vue d’avoir le cœur net sur la situation des enfants pensionnaires de ladite structure. Les constats suivants ont été faits : le décès de 33 enfants est confirmé ; le dysfonctionnement interne ; le non gestion concertée du Centre ; le déficit de communication ; la non considération de l’intérêt supérieur de l’enfant dans l’application des décisions ; les quantités et qualités insuffisantes des aliments (10 Kg de riz et 1,5Kg de viande par jour pour 99 enfants et autres personnes en service au centre, alors que le Centre encaisse en moyenne annuellement 100.000.000 de francs Cfa ) ; les mauvaises conditions d’hygiène et d’hébergement (manque de couches, berceaux inadaptés ayant entraîné des fractures de membres de trois enfants) ; insuffisance de personnel d’entretien/encadrement des enfant (8 nounous le jour et 7 la nuit pour en moyenne 7 enfants par nounou). Monsieur le Procureur, ces facteurs sus cités ne sont pas de nature à assurer le bien-être des enfants de la Pouponnière, au contraire, ils compromettent dangereusement l’avenir de ces enfants qui n’ont pourtant que seul Centre comme espoir. La mort d’enfants est imputables à l’Homme et ne peuvent rester impunis ; d’où la requête de la COMADE de diligenter au mieux cette situation, de situer la responsabilité aux différents niveaux et d’appliquer la loi dans toute sa rigueur pour que plus que jamais des choses de ce genre ne se répètent plus».

Pour ainsi dire cette requête de la COMADE relance le dossier et permettra de voir clair dans ce qui s’est réellement passé.

Bruno LOMA

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