Les passagers qui atterrissent au Mali par l’aéroport international Modibo Keita de Bamako-Sénou courent le risque de se voir détourner leurs bagages par des délinquants couverts par la police, la douane, les agents de sécurité.
Après un long séjour en Allemagne, le sourire que le couple Koné affichait à leur descente de l’avion n’aura duré que quelques instants. Après les contrôles d’usage, ils rentrent dans le grand hall de l’aéroport de Sénou afin de récupérer leurs bagages. À bonne distance, leur famille venue en masse leur accueillir, tapie en dehors de cette salle, crie à rompre le tympan. Une seule chose leur traverse l’esprit. Récupérer très vite les deux valises et retrouver leur famille pour faire la fête.
Leur frère aîné, qui a réussi à rentrer dans ce hall après avoir soudoyé des policiers en faction, a pris attache avec un jeune homme habitué du lieu. Au premier abord, ce dernier leur questionne sur le contenu des différentes valises et promet de leur faire passer la douane sans débourser le moindre frais. « Tu me laisses gérer tout le dossier. Ces policiers et douaniers sont nos complices et je leur dirai que vous êtes mes parents. Il suffit de m’indiquer vos sacs au fur et à mesure que vous les repérez », rassure leur interlocuteur.
Des deux valises attendues, une apparaît au bout de quelques minutes sur le tapis. Trente minutes plus tard, toujours pas l’ombre de la deuxième, de couleur verte et pourtant remplie de nombreux présents pour la famille et les amis. L’impatience monte. La colère gronde. C’est alors que le guide de circonstance tempère, leur conseillant de garder le calme. « Il arrive souvent que des bagages soient oubliés, et que le lendemain, ils soient convoyés par la compagnie aérienne à leurs propriétaires, venez avec moi », leur dit-il en les entraînant vers le bureau des réclamations des bagages non-retrouvés.
Vol organisé
Ce guide de circonstance avait tout juste récupéré leur talon de bagage qu’ils décidaient d’aller passer une fois encore en revue les bagages non récupérés. Et c’est bien à ce moment-là qu’ils aperçoivent un sac vert, qui ressemblait au leur, encastré entre d’autres sacs et transporté par un individu qui s’apprêtait à sortir de la salle. Les deux voyageurs s’approchent et constatent qu’il s’agit bien du leur. Leurs cris ne vont nullement émouvoir les policiers, les douaniers et les agents de sécurité pourtant présents et témoins de la scène. Une dame, la cinquantaine, dépassée va s’approcher et leur prier de lâcher le bonhomme resté imperturbable. « C’est mon fils, comme vous voyez, il vient d’être rapatrié d’Europe et ne contrôle plus ses actes. Il s’est sûrement trompé de valise », leur convainc-t-elle.
Ils constatent alors que leur valise ne portait plus aucun signe permettant de l’identifier et ils posèrent alors la question de savoir comment l’infortuné aurait pu traverser la barrière de la douane et de la police. Un témoin de la scène et habitué de ce lieu leur donnera la réponse : « dites merci à Dieu pour avoir retrouvé votre valise. Il s’agit d’une chaîne bien organisée avec dans le coup, la police, la douane et les agents de sécurité. Même le garçon qui vous assistait est complice. Vous diriger vers le bureau de réclamation était une astuce pour vous éloigner du portail afin de permettre à son complice de se tirer avec votre valise », confie le Monsieur.
Quelques jours plus tard, monsieur Koné décide de faire un tour à l’aéroport. Belle surprise. La même équipe de voleurs de bagages est encore là et échange avec policiers et douaniers, en attendant de frapper un autre coup. Il a ainsi eu beaucoup de chance. Beaucoup ne peuvent pas sûrement pas en dire autant. À suivre !
Jean Pierre James
