Le Mali est un pays où les violences basées sur le genre, comme l’excision et le mariage précoce, ont pris une proportion inquiétante. Le Mali est le 4ème pays qui a le plus fort taux de prévalence de mariage des enfants en Afrique. C’est fort de ce constat que la Coalition des organisations de la société Civile pour l’Education pour tous au Mali ( COSC-EPT/Mali), qui regroupe 30 associations de jeunes réunies à travers 10 clubs et 1000 adhérents, a remis mardi 04 avril 2017, un mémorandum pour l’adoption d’une loi sur la prévention et la lutte contre les violence basées sur le Genre(Excision, Mariage des enfants , force et obligation…) aux membres de la Commission Education de l’Assemblée nationale.
Pour la circonstance la salle de conférences, de la Commission Education de l’Assemblée a refusé du monde. Tout ce beau monde est venu pour assister à la remise solennelle de ce mémorandum aux élus de la nation. Un mémorandum qui, selon le coordinateur national de la Coalition des organisations de la société Civile pour l’Education pour tous au Mali (COSC-EPT/Mali) Mahamadou Ongoïba, est une initiative de plus de 30 associations de jeunes réunies au sein de 10 clubs qui comptent 1000 adhérents environs . En effet, le Mémorandum qui a été remis au président de la Commission Education de l’hémicycle, Siaka Sangaré, pour adoption est une loi de prévention et de lutte contre les violences basées sur le genre. Il comporte 5 pages. Il contient des statistiques alarmantes sur le mariage précoce et l’excision.
S’agissant du mariage précoce, selon l’enquête Démographique et de Santé (EDSM V) réalisée en 2006, 50% des femmes étaient mariées avant l’âge de 18 ans ; l’âge moyen pour le mariage des filles est de 16,6 ans. Dans la région de Kayes, 80% des filles sont mariées avant d’atteindre l’âge de 15 ans. Dans les régions de Ségou, l’âge moyen du mariage est de 17 ans ; dans les régions de Mopti et de Gao, 75% des filles sont mariées entre 9 et 17 ans. Dans la région de Tombouctou, 53,8% des filles sont mariées entre 8 et 17 ans.
Pour ce qui est de l’excision, toujours selon l’enquête Démocratique et de santé(V) tenue en 2012-2013 sans les trois régions que sont : Gao, Tombouctou et Kidal, 91% des femmes ont déclaré avoir subi la pratique de l’excision. Ce qui démontre que l’excision reste une pratique très répandue au Mali. Par rapport à la précédente enquête, on constate une certaine augmentation de cette proportion qui était de 85% en 2006.
C’est à cause de ce triste constat , mais aussi du fait que le mariage des enfants et l’excision constituent de réels problèmes de santé publique( la survie de la femme et de l’enfant, les fistules, les difficultés d’accouchement, la césarienne, les cas de divorce, de marginalisation sociale, de dépendance économique, etc…et une réelle problématique d’accès et de maintien des filles dans le système éducatif) que le Coordinateur de la COSC-EPT/Mali, Mahamadou Ongoïba, a demandé aux honorables députes de traduire dans le droit cette assertion : « Le peuple Souverain du Mali proclame sa détermination à défendre les droits de la Femme et de l’Enfant ».
Après avoir reçu le mémorandum, le président de la Commission Education de l’Assemblée nationale, Siaka Sangaré a indiqué qu’au Mali les pratiques traditionnelles comme l’excision, le mariage forcé des enfants, sont parfois une exigence sociale, sans compter les autres formes de violences basées sur le genre (VBG), conséquence de nos valeurs ancestrales. « Et ce sont les femmes, les filles et surtout les jeunes qui sont victimes de ces pratiques entre autres. Pour qu’une loi soit adoptée contre ces pratiques, il faudra une vaste campagne de communication et de sensibilisation », a-t-il indiqué .Le Président a promis de remettre le mémorandum à l’appréciation de l’ensemble des élus de la nation.
Badou S. Koba