Adoption de la nouvelle loi électorale : C’est tout simplement, le balayeur balayé

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Quand je disais à chaque fois, à qui voulait l’entendre, que l’homme est tôt ou tard rattrapé par sa propre tromperie, en voilà une illustration.

 

Au lieu de travailler à avoir une loi non partisane, vous faites un projet de loi taillé sur mesure, et vous finissez par vous faire doubler à votre tour. Dans tout ça, c’est le Mali qui en sort perdant.

Cette nouvelle loi ne règle pas notre problème. Elle renferme aussi bien que l’ancien projet du gouvernement, des germes d’une nouvelle crise postélectorale. Un seul exemple :

Nous le dénoncions sous IBK, et tous les régimes précédents, que l’intrusion constitutionnelle du Président de la République dans le choix des 9 juges de la Cour constitutionnelle, juge du contentieux électoral de la présidentielle, est de nature à politiser davantage cette Cour et créer une suspicion de partie prise sur les résultats, et que cela devait changer. Tous les maliens considéraient, que pour cela la Cour constitutionnelle était à la solde du pouvoir, et que son instance constituait même un “troisième tour du scrutin”.

Dans la loi présente loi électorale, il est prévu aussi que trois des membres du Collège de décision de l’AIGE ( Organe Unique Indépendant de Gestion des Élections) soient choisis par le Président de la République/Transition, et deux membres par le Président de l’Assemblée nationale/CNT, (et des représentants des autres chefs d’Institutions) tous des politiques, en plus d’un autre quota alloué aux partis politiques. Autrement dit, un Président de la République issu d’un parti politique va désigner 3 représentants, et en plus son parti pourra également désigner une partie du quota donné aux partis politiques. Dites-moi, si ce Président aura une emprise ou pas sur ce Collège ? Dites-moi si les résultats qui seront proclamés par un tel Collège ne soulèveront pas d’office des sentiments de suspicion, qui pourront être facilement manipulés et transformés en un casus belli postélectoral?

Il y a d’autres exemples de faille, telle que le maintien du libellé de l’AIGE, la moindre de toutes, alors que l’on sait désormais que cet Organe n’est ni unique ni indépendant de l’Administration et des pouvoirs publics. Il fallait prendre son courage à deux mains, et changer de dénomination.

La loi est surtout faite pour anticiper les problèmes, quand elle en sème d’emblée les germes, ce n’est pas une bonne loi.

Cependant, s’il y a une leçon à tirer de tout ça, c’est qu’en position de force, il ne faut jamais abuser et piétiner les bonnes règles de droit. Quand ce sera ton tour d’être abusé et floué, tu n’auras point de recours en les mêmes règles.

C’est en gros, le balayeur balayé, le nettoyeur nettoyé. Un vrai cinglant désaveu. Si fierté et honneur il y a, ils ont bien reçu un coup, mais un coup avec un arrière-goût du déjà fait. C’est le retour du bâton.

Le pouvoir a arrêté le pouvoir, ou devrais-je dire la force a arrêté la force. La vie continue, dans le passable des mondes possibles.

Dr Mahamadou Konaté

(Publiciste)

 

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1 commentaire

  1. En voila une analyse qui demontre et explique, tres breve mais edifiante! Vous n’avez pas, monsieur, volé votre doctorat. merci

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