Deux (02) raisons sont à l’origine de l’optimisme renaissant au Mali. En premier lieu, c’est la lucidité et l’honnêteté dont le colonel Assimi Goïta, président de la transition, bénéficie auprès de la population. En second lieu, la lutte contre la corruption débutée, même si elle est sélective. Quand on connait le Mali et la limite de ses ressources on saisit très bien les raisons pour lesquelles ses dirigeants de 1960 à 1968 ne voulaient pas d’un système de développement qui laisserait une catégorie de citoyens organiser l’exploitation des autres.
Ce système de développement qui n’a pas été possible sous le président Modibo Keïta aura été possible sous le général Moussa Traoré à travers des réseaux familiaux dont les ficelles étaient tirées par les familles des membres du Comité militaires de libération nationale (CMLN) et celles des dignitaires du parti unique (UDPM).
Avec l’avènement des «démocrates sincères et convaincus», le système a subi des mutations. Il s’est mué en un véritable réseau qui contrôle la gouvernance. Eh oui, le Mali serait pris en otage par ces réseaux. La situation du pays est mouvante, contradictoire, mais elle est surtout difficile à maitriser par un gouvernement qui n’a pas toujours les moyens de sa volonté politique. Le pays et sa gouvernance seraient l’otage de certains réseaux, qu’il faut démanteler. L’existence de ces multiples réseaux affaiblissent l’État, font qu’il y a une absence de sentiment national et accentuent la précarité des régimes politiques. Ils seraient si puissants, qu’ils constitueraient une menace pour l’État.
À cause de réseautages, l’administration publique serait devenue «un business center» pour les uns. Chaque domaine de l’administration possèderait son réseau. On voit des coxers dans les palais de justice qui vous donnent le prénom et le nom des avocats du réseau qui gagne le procès réseau.
À la gendarmerie, à la police on vous dira confiez votre affaire un tel pour avoir satisfaction. Pour s’en convaincre, lors des recrutements dans l’armée ; c’est un véritable réseau qui serait mis en place. Une sorte de barrage. Dans un tel contexte, le gouvernement se doit de remédier à ce réseautage. Le changement est apparu dans les faits et les hommes avant de se manifester dans la politique. Si le gouvernement n’adopte pas un langage radicalement neuf, le phénomène se poursuivra.
Il faut maintenant apporter les réponses que l’opinion attend et redoute tout à la fois; celles que taisent les hommes politiques. De la majorité comme de l’opposition.
Safounè KOUMBA