Après la mort de Kadhafi, l’Afrique a observé le mutisme d’une manière générale en se refusant à tout commentaire face à cet assassinat planifié. Le prix Nobel de la Paix, le Sud-africain Desmond Tutu a fait une sortie médiatique remarquée sur cette mort en dénonçant les dérives des Occidentaux. Mais dans une interview sur RFI, l’Historienne malienne et ex-Première dame du Mali Adame Bah Konaré s’est prononcée sur la mort du Colonel défunt.
Selon Radio France Internationale, l’Afrique, à quelques rares exceptions près, des autres Etats de la planète, ne s’est pas prononcée sur la mort du dirigeant libyen. A la question de savoir si Adam Bâ s’en félicite ou déplore cette mort, l’ex-Première dame du Mali a répondu : « Permettez- moi avant de répondre à votre question de formuler des vœux en tant que croyante pour le repos de l’âme du colonel Kadhafi et d’avoir une pensée pour sa veuve éprouvée. De la même façon, je présente mes condoléances à toutes les familles à la tragédie libyenne. L’assassinat des chefs d’Etat en exercice de surcroît si c’est par le biais des puissances étrangères n’est pas une affaire banale et on ne peut pas se réjouir de la mort d’une personne même s’il s’agit de son ennemi. Toute vie est sacrée. Mon jugement d’Historienne :… Les événements qui se sont succédé rappellent la pénétration coloniale européenne de la fin du 19e siècle. En ce qui concerne la France que je connais particulièrement, c’est le même scénario au nom de la civilisation…d’interventions militaires qui se sont toujours soldées par l’assassinat… La façon où se sont passés les événement en Libye laisse augurer que partout où il y aura des contestations, c’est le sentiment qu’on a eu sur « les esprits de généreuse nation » qui voleront au secours comme par le passé au nom de la démocratie cette fois ci pour sauver les pauvres africains de leur méchant dirigeant. Dans les événements qui viennent de se passer en Libye, je vois les prémices de la partition même de la Libye, de la division de l’Afrique en Afrique blanche et noire avec le risque de nouveaux tracés de frontières africaines ».
Sur l’intervention des puissances étrangères à travers l’OTAN, l’Historienne a affirmé que cela ne s’est pas fait non plus de façon orgueilleuse. Mais pour la journaliste chargée de faire l’interview, l’intervention avait pour but d’avoir pu prévenir probablement le massacre des civils que Kadhafi avait annoncé sur Benghazi.
Là aussi, Adam Bah est formelle : « C’était un acharnement contre des villes qui ont été pilonnées à longueur de journées ». « Et je pense absolument que les responsabilités sont partagées » a-t-elle martelé.
Si l’UA avait les mêmes moyens et intervenait, est-ce que cela aurait choqué de la même façon notre compatriote ?
« La façon dont le colonel Kadhafi est mort, m’a choquée a choqué l’opinion africaine dans sa très grande majorité » a-t-elle déclaré avant d’ajouter que « L’opinion africaine, moi également, avons déploré le dépassement de mandat de l’OTAN. L’OTAN est allée bien au-delà de la protection des civiles ». Et de conclure : « L’autre visage de Kadhafi, le Panafricaniste… je ne crois pas du tout que l’Afrique va l’oublier ».
Rassemblés par Salif Diallo