Actes de terrorisme par appartenance à un groupe de combat : La perpétuité pour Ould Ali Mohamed Ould Barek Alias Najim Ould Ouéni

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Né vers 1995 à Sagago sur la route du Niger, Ould Ali Mohamed Ould Barek alias Najim Ould Ouéni est berger domicilié audit lieu de naissance. Il était devant les jurés, le lundi 1er novembre 2021, pour actes de terrorisme par appartenance à un groupe de combat intentionnellement en lien avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par la terreur ou l’intimidation ; la détention, le port et le transport illégal d’armes et de munitions de guerre en relation avec une entreprise terroriste. Reconnu coupable, il a écopé de la réclusion criminelle à perpétuité, au paiement de 10 millions F CFA d’amende et 5 millions F CFA à verser à l’Etat malien.

Dans la journée du 31 janvier 2020, les éléments de la force Barkhane ont capturé le nommé Ould Ali Mohamed Ould Barek, connu également sous le nom de Najim Ould Ouéni. Il était sur une moto, à quelques encablures de la localité de Tin Abao, avec un arsenal militaire composé d’un fusil AK 47, son chargeur, une arme à poing de type Tokarev et ses deux chargeurs garnis et un téléphone portable. Il faisait l’objet de recherches pour ses activités au sein de l’Etat islamique dans le grand Sahara. Remis aux autorités maliennes à travers la Brigade d’investigation spécialisée, sur instruction du procureur en charge du Pôle judiciaire, une enquête a été ouverte. Les faits reprochés à l’inculpé Ould Ali Mohamed Ould Barek Alias Najim Ould Ouéni sont d’une extrême gravité et doivent pour cela être fondés sur des éléments constants. Dans le cas d’espèce, il a reconnu sans détours certains faits à lui reprochés lors de son interrogatoire sur le fond, en date du 29 septembre 2020, lorsqu’il déclarait : “Je suis un combattant du Mouvement arabe de l’Azawad. Au moment de mon interpellation par la force Barkhane, j’étais en possession d’un pistolet mitrailleur de marque Kalachnikov et un chargeur. Je détenais également un pistolet automatique contenant deux chargeurs dont un garni de cinq cartouches et l’autre vide, plus un pistolet mitrailleur de marque Kalachnikov avec un chargeur garni de trois cartouches…”

En outre, il ressort du procès-verbal d’enquête préliminaire n°40/ PJS-BIS en date du 9 mars 2020 qu’il avait déclaré être âgé de 15 ans, donc mineur. En réalité, c’est dans le but de se soustraire à l’action de la justice qu’il s’est déclaré mineur sachant bien qu’au regard du protocole d’accord entre le gouvernement de la République du Mali et le Système des Nations unies au Mali relatif au transfert des enfants associés aux forces ou groupes armés, en date du 1er juillet 2013, et la circulaire interministérielle à la prévention, la protection et le retour en famille des enfants associés aux forces et aux groupes armés en date du 7 février 2007, il ne pouvait en l’état être poursuivi.

Le compte rendu de l’examen médical du médecin légiste à la Brigade d’investigation spécialisée, en date du 20 mars 2020, a conclu que l’inculpé Ould Ali Mohamed Ould Barek Alias Najim Ould Ouéni a un âge supérieur à 18 ans et inférieur à 30 ans.

En plus, il s’est déclaré membre actif du Mouvement arabe de l’Azawad qui n’est ni plus ni moins qu’un groupe très actif dans le Nord du Mali, lequel était connu sous l’appellation du Front de libération nationale de l’Azawad (FLNA) qui réclamait l’autonomie des régions du Nord, en usant de tous les moyens avec allégeance aux rebelles du MNLA et du HCUA. Cette posture n’avait pour autre fin que de cacher son identité véritable car il ne détient aucun document attestant son appartement à ce mouvement.

Dès qu’on voit Ould Ali Mohamed Ould Barek alias Najim Ould Ouéni, on fait face à un grand terroriste car il a été conduit dans la salle, cagoulé par la direction générale des de la Sécurité d’Etat. Il a comparu en étant menotté et était strictement surveillé tout au long du débat, preuve de son degré de dangerosité. “Je suis du groupe armé Mouvement arabe pour l’Azawad (MAA). Les armes qui étaient près de moi lorsqu’on m’a arrêté, certaines m’appartiennent et d’autres sont à Abdalaye, un ami qui partait au chevet de son père malade. C’est une dotation du Mouvement. J’étais à une mission du MAA. Mon chef hiérarchique s’appelle Balah Ould Mohamed et Mahmoud. C’est le grand chef. C’est lui qui m’avait donné l’ordre de mission, mais qui est resté dans le véhicule. On était six dans le véhicule dont trois étaient armés”, a-t-il avoué à la barre.

A la question de savoir s’il sait tirer, l’inculpé de répondre : “Oui, je sais tirer parce qu’on apprend à tirer lorsqu’on intègre le groupe. On était en poste avec le véhicule, mais je partais pour une commission personnelle lorsqu’on m’a arrêté. Je n’avais fait que trois mois dans le mouvement sinon, avant, j’étais berger. Au moment de mon interpellation, Barkhane a fait des tirs de sommation sinon je n’ai pas tiré”.

Un membre de la Cour tentera de savoir pourquoi se déplacer avec des armes dans une mission personnelle ? “Il y a la mafia, comme j’étais sur une nouvelle moto, c’est pourquoi j’ai pris mes armes pour ma propre sécurité”, a expliqué l’accusé.

Dans sa première déclaration, il a indiqué que les armes n’étaient pas pour lui, mais pour un ami. Il a soutenu que leur mouvement travaille avec les autorités maliennes et qu’ils assurent la sécurité dans les postes avec l’armée malienne et la Minusma.

Le ministère public s’est demandé pourquoi il partait chercher d’autres armes alors qu’il avait déjà le Kalachnikov et des munitions ? “Je n’avais que trois cartouches et il m’en fallait d’autres. C’est ce que je partais chercher”, s’est-il défendu.

Face à cette barbarie, aux dires du parquet, il faut opposer le droit pour que leur projet de société n’aboutisse pas. “Ces terroristes ne regrettent jamais leurs faits, même s’ils tentent de se disculper. En le retenant dans les liens de l’accusation, vous rendrez justice et apaiserez des cœurs car ils terrorisent la société”, a-t-il requis.

La plaidoirie de la défense n’a pas pu sauver ce bandit de grand chemin. Les jurés, après délibération, l’ont reconnu coupable des faits à lui reprochés et l’ont condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, au paiement de 10 millions F CFA d’amende et 5 millions FCFA pour le service du Contentieux de l’Etat.

Après ce verdict, la Sécurité d’Etat a cagoulé Ould Ali Mohamed Ould Barek Alias Najim Ould Ouéni pour l’amener directement.

Marie Dembélé

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