Avoir aujourd’hui un passeport au Mali relève du parcours du combattant : l’embellie n’ayant duré que le temps d’une convalescence après la crise de 2015. C’est le retour à la case départ. Et le principal goulot d’étranglement n’est autre que la banque dite panafricaine, Ecobank, pièce essentielle dans la délivrance du document de voyage.
Pour faciliter l’accès au passeport, le gouvernement du Mali a initié le passeport biométrique. Cette mesure avait été saluée car elle évitait toutes les magouilles qu’il y avait autour de ce sésame. Hélas ! Ce n’était qu’une illusion, car un grand obstacle s’est invité dans la danse. Il s’agit de l’Ecobank. Cette banque est incontournable pour l’obtention du passeport. Les demandeurs sont obligés de payer les frais du passeport dans une des agences Ecobank. Mais il se trouve que cette institution financière a toujours des difficultés pour satisfaire sa clientèle au point que certains se demandent ce qu’elle fait réellement ici.
En tout cas personne n’aurait aimé être à la place des clients de cette banque ce mardi 27 juin 2017.
Flash-back : Il est 8 h 10. Une longue file devant l’agence de Djélibougou. Les portes fermées dans l’attente des rois, pardon des agents de la banque. Trois minutes plus tard, la porte s’ouvre et c’est un ouf de soulagement pour une vingtaine de clients. Les gens s’asseyent tranquillement après avoir déposé les pièces d’identité en attendant d’être appelés par ordre d’arrivée. On peut lire le sourire sur le visage des gens. Mais ce n’est que de courte durée
Après un moment, un homme sort. Il semble être le chef des agences et annonce la mauvaise nouvelle : pas de réseau. “Veillez patienter ou partez voir dans une autre agence. Nous ne savons pas quand la connexion sera rétablie”. Cette voix sonne comme un poignard pour de nombreux clients.
Dans cette situation d’incertitude, c’est le dilemme : rester ou trouver une autre agence connectée. Certains quittent pour l’agence de Missira. Il est 9 h. Les gens sont serrés comme dans une boite de sardine dans une salle qui tarde à envoyer de la fraîcheur. C’est le même constat dans cette agence, le réseau n’est pas. Prière de partir à l’agence principale. A l’agence principale, il est 9 h 15 et c’est le statu quo. Les opérations n’ont pas démarré. Ce n’est que quelques minutes après que le réseau est établi.
Un passeport, deux formules
Aujourd’hui, on a le choix pour avoir le passeport. Le premier, c’est le paiement de la somme de 55 000 F CFA et un délai de livraison de plus de 20 jours. On peut aussi avoir le document en 24 h en payant le double, c’est-à-dire 110 000 F CFA. Si cette initiative est salutaire, des difficultés constantes sont notoires au sein la structure qui est chargée de cela.
“Mali Solution Numérique“, loin de nous l’intention de mettre en doute le travail qu’il abat, il faut noter des couacs au sein de cette structure logée à Hamdallaye. D’abord, le personnel est très réduit. De ce fait, l’offre dépasse la demande. A l’accueil, ce sont seulement deux dames qui traitent le dossier avant que le demandeur ne monte pour la suite des formalités. Au rez-de-chaussée, le demandeur peut passer plus de deux heures de temps à l’attente. Ce qui révolte certains demandeurs qui ne cachent pas leur ras-le-bol. “Comment on peut doubler des sous et trainer ici encore ? Ce n’est vraiment pas gai. Il est temps que nos structures apprennent à être plus performantes, à l’image de certains pays de la sous-régions”.
A son lancement, le 4 avril 2016, l’espoir était du côté des demandeurs de passeport biométrique. Les structures chargées du processus devront néanmoins revoir leur copie pour couper l’herbe sous les pieds de leurs détracteurs qui pourraient parler d’un “éléphant blanc”.
Abdourahmane Doucouré