Mon cousin adoré doit être un bienheureux. Vous touchez à un de ses cheveux, ses laudateurs vous arrosent d’insultes. Pourtant, mon cousin ne devrait pas s’offusquer de la critique, de la contradiction : l’essence de toute chose.
Personnellement, on pourrait m’insulter à souhait que je n’en serais pas outragé outre mesure. Tant est que je suis heureux de pouvoir exprimer mes opinions et défendre mes convictions. La preuve d’ailleurs que mes opinions suscitent de l’intérêt.
Savez-vous seulement pourquoi Voltaire a un jour dit : «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire». Encore que notre rôle ne soit point de plaire, mais de tremper la plume dans la plaie, pour paraphraser Albert LONDRES.
Alors, les leçons de morale, d’autant que nous restons dans la courtoisie de nos codes d’éthique, nous importent peu. Mon cousin adoré ne se prêtera pas à ce jeu.
S’offusquer de la critique, ou simplement de l’opinion de son prochain, c’est ignorer que soi-même ne pourrait se définir sans l’existence d’autrui. Mon cousin le sait, puisqu’il vit avec quelqu’un qui n’épouse pas forcément ses points de vue. La preuve : son fiston n’a pas voulu respecter sa volonté. Il a désiré être élu député. C’est fait, contre le gré de mon cousin.
Bienheureux cousin, je suis le autant. Mais je le serais moins, si j’étais à ta place. Se satisfaire des louanges, c’est oublier le sens de la réalité. Accepte de souffrir de l’opinion de tes contradicteurs.
Issiaka SISSOKO