Après plusieurs reports successifs pour des raisons inavouées, le 8è Congrès ordinaire tant attendu de l’Association Malienne des Droits de l’Homme (AMDH) se tiendra enfin ce week-end à partir du samedi 12 mars 2011 au CRES de Badalabougou.
A quelques jours de la tenue du Congrès de l’Association malienne des droits de l’homme, les militants des droits de l’homme du Mali retiennent leur souffle. C’est le choix du successeur de l’actuel président, Me Bréhima Koné qui est à son second et dernier mandat de trois ans, qui est le principal motif d’inquiétude. Nombre d’entre eux croient dur comme fer qu’il y a aujourd’hui une grande tentative de récupération politique de l’AMDH. Ils sont convaincus en outre qu’ils doivent faire très attention dans le choix de leur nouveau président, surtout face aux échéances très importantes qui se pointent à l’horizon.
rnDeux prétendants, un fauteuil !
L’un des enjeux importants de ce 8è Congrès ordinaire, on l’a dit, c’est le départ du président Me Bréhima Koné, mais surtout, l’arrivée d’un nouveau. Un exercice démocratique bien huilé auquel l’AMDH s’est attelé depuis sa création en 1988. Est-il besoin de rappeler d’ailleurs que l’AMDH est la seule association de la place qui observe scrupuleusement l’alternance à sa tête.
rnPour la succession de Me Bréhima Koné à la présidence de l’AMDH, seul l’actuel Secrétaire général, Amadou Bocar Tékété, s’est déclaré officiellement candidat. Mais dans les coulisses, nous informe-t-on, il doit y avoir d’autres candidatures dont celle de Abraham Bengaly, Directeur du Centre de formation des droits humains de l’AMDH et non moins Secrétaire général du Bureau du Médiateur de la République.
Des hommages à certains combattants des droits humains au Mali
L’autre temps fort attendu lors de ce 8è congrès est l’hommage que l’AMDH s’apprête à rendre à certains de ses combattants. Les militants des droits de l’homme rendront en effet un vibrant hommage aux anciens dont Feu Me Demba Diallo, son 1er président ; Feue MBam Diarra, Médiateur de la République, arrachée à notre affection et grande combattante des droits de l’homme ; Me Moustapha Cissé, ancien président de l’AMDH et président de la CENI 2002. D’autres anciens fondateurs de l’AMDH, dont Abdoul Sega Sy, le président de la Ligue de Sissoko, ne seront pas oubliés, de même que certains organismes comme l’UNICEF, le PNUD, la Fondation Friedrich Ebert, l’Ambassade Royale des Pays-Bas, et AZI.sa (une agence immobilière) qui seront tous honorés pour leurs contributions positives dans l’accompagnement de l’AMDH.
rnUn congrès qui se veut apaisant
Le congrès à venir se veut apaisant selon le souhait de tous les militants des droits de l’homme malgré les tentatives de récupération politiques qui sont réelles et perceptibles. Le départ de Me Bréhima Koné de la tête de l’AMDH pourrait constituer en effet un tournant décisif dans la vie de cette association de défense des droits humains. Est-elle à la croisée des chemins ? Beaucoup d’observateurs le pensent car, selon eux, l’avenir de l’AMDH est en jeu. Pour d’autres, il faut une nouvelle dynamique. Tout l’enjeu de ce congrès se situe à ce niveau.
Mais d’après les informations que nous avons pu recueillir auprès de certains défenseurs des droits humains, « le congrès va se tenir dans un climat apaisé compte tenu de la maturité des militants de l’AMDH qui sauront mettre en avant l’intérêt supérieur de l’organisation en faisant le bon choix ».
Les bons points de Me Bréhima Koné
rnAu soir de son second et dernier mandat, Me Bréhima Koné peut se targuer d’un bilan honorable. En six ans de présidence, il est en effet parvenu à insuffler du sang nouveau dans la marche de l’AMDH. D’abord par la pratique des rapports sur la situation des droits humains au Mali. Cette pratique s’est instaurée comme culture au sein de l’AMDH. Ensuite, les formations sur les droits humains ; la lutte contre la corruption ; la bonne gouvernance ; le renforcement des capacités des militants qui sont désormais mieux armés pour remplir efficacement leurs missions ; les techniques de dénonciation, de plaidoyer/ lobbying.
rnComme troisième point, on peut citer l’institution d’un bulletin trimestriel. L’AMDH a en outre institutionnalisé les visites dans les prisons, qui sont devenues habituelles et dans d’autres lieux de détentions comme les commissariats de police et les brigades de Gendarmeries. Il existe aussi désormais un plan stratégique qui donne des orientations précises de l’AMDH dans son évolution quotidienne.
Il est important de souligner aussi qu’avec le mandat de Me Bréhima Koné, l’AMDH a pu avoir la présidence de l’Union Interafricaine des droits de l’homme, c’est à dire la présidence continentale des droits de l’homme. Ce qui fait d’ailleurs dire à un militant des droits de l’homme que « l’AMDH se porte très bien aujourd’hui. Elle demeure une organisation phare qui continue à se battre contre vents et marées pour que les droits de l’homme soient mieux respectés au Mali ».
rnBirama Fall
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rnFocus sur L’AMDH
rnCréée le 11 décembre 1988, à l’époque par une poignée d’individus avec, à leur tête, Me Demba Diallo et quelques jeunes dont Me Moustaphe Cissé, Me Bréhima Koné et Me Mamadou Sylla, l’AMDH s’est fixée comme objectif de donner un certain espace de liberté à la presse privée naissante (La Roue, Aurore et Les Echos) qui faisait face à des procès ; apporter un soutien aux détenus qui n’avaient pas les moyens de prendre un avocat ; œuvrer avec les acteurs du mouvement démocratique (les associations démocratiques comme l’ADEMA et le CNID, et syndicales regroupées dans l’UNTM, entre autres ). Autant dire qu’elle a joué un grand rôle dans le processus qui a conduit au renversement de la dictature.
rnB.F
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