5eme édition d’incinération des stupéfiants par l’OCS Plus de 31 milliards Fcfa partis en fumée

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Conformément à l’autorisation N°236/C/P-R-CVI du 16 novembre 2020 du procureur près du tribunal de grande instance de la commune VI, l’office central des stupéfiants (Ocs) a procédé à l’incinération des produits stupéfiants et psychotropes le mercredi 18 novembre 2020 dans la commune de Dio, cercle de Kati. Ces produits ont été saisis par ses unités et ceux de la police, de la gendarmerie et de la Minusma.

Cette activité a été organisée sous la direction du parquet spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme, le trafic illicite des drogues et la criminalité organisée. Plusieurs autorités ont pris part à cette incinération, notamment le maire de Dio gare, Daouda Kané ; le directeur de l’Office central des stupéfiants, le magistrat-colonel Adama Tounkara ; des représentants de la police, de la gendarmerie, des services de douane, de la santé et de l’environnement.

Ladite incinération a porté sur des produits composés de cannabis (6 tonnes), des produits pharmaceutiques (5 tonnes), de la cocaïne (2 kg 493), 106 doses de crack, 81 doses d’off, plus de 5 000 comprimés de tramadol et des quantités importantes de cigarettes et d’alcool avariés.

Selon un technicien de l’Office central des stupéfiants, il faut faire attention aux personnes qui au cours du voyage en avion ne mangent pas et ne boivent pas. “Généralement, ce sont des gens qui ont avalé de la cocaïne pour la faire ressortir après. Ils peuvent en prendre de 20 à 30 morceaux dont chaque morceau peut contenir 10 à 15g. Un gramme coûte au minimum 25 000 Fcfa et c’est  comme ça que les dealers s’enrichissent facilement et rapidement. On n’a jamais attrapé quelqu’un qui en a avalé moins de 20 morceaux”, a-t-il déclaré. Aux dires de Daouda Kané, maire de Dio gare, la drogue est un problème de santé publique. “Les enfants en sont malades, d’autres en deviennent fous parce que ces stupéfiants entrent au Mali par toutes les voies (terrestre et aérienne) et il faut une collaboration de tout le monde”, a-t-il demandé.  “Mamadou Yatassaye, président de l’Association de lutte contre la drogue, le terrorisme et la traite des personnes, a pour sa part félicité l’Ocs pour le travail abattu. ” On lance un appel pressant aux autorités maliennes de faire la guerre contre la drogue qui est un phénomène qui tue la jeunesse, l’espoir du pays et qui tue également l’économie malienne. On a constaté que les trafiquants de drogue ont des liens avec le terrorisme et la traite des personnes. Les jeunes vulnérables sont enrôlés par les trafiquants pour commettre des actes terroristes et les jeunes filles sont enrôlées pour la prostitution. On lance également un autre appel à l’endroit de la population afin qu’elle fasse des dénonciations auprès des autorités judiciaires pour pouvoir lutter contre la drogue. On doit aussi pouvoir différencier les trafiquants de la drogue des consommateurs, punir sévèrement les trafiquants et voir les consommateurs comme des malades qui ont besoin de soin et de sensibilisation. C’est une lutte difficile parce qu’au Mali il n’y pas de centre spécialisé pour la prise en charge des consommateurs. De ce fait, nous, on travaille en étroite collaboration avec l’Ocs et c’est dans ce cadre qu’on a été au Sénégal pour voir leur centre et regarder dans la mesure du possible comment on pourra avoir ce genre de centre au Mali”, a signalé Mamadou Yatassaye, président de l’Association de lutte contre la drogue, le terrorisme et la traite des personnes.

Ibrahim Abdoulaye Sissoko, substitut du Procureur près le tribunal de grande instance de la commune VI du district de Bamako, indique que les stupéfiants sont les seuls produits dont la production, la commercialisation et la consommation sont interdites par des dispositions, notamment les articles 99, 138 qui prévoient des sanctions contre ces pratiques. “Lorsque des individus sont interpellés ou des saisis effectuées, nous procédons à l’audition des mis en cause, à leur inculpation et à leur placement sous mandat de dépôt. La justice est intraitable par rapport à ce fléau qui prend des dimensions inquiétantes. L’individu qui est sous l’emprise des produits stupéfiants est une menace pour la société, ils impactent la santé de nos compatriotes. Selon les statistiques, les adolescents sont de nos jours les plus grands consommateurs de chanvre indien et il faut une synergie d’actions vu toutes ses conséquences”, a-t-il martelé.

Les unités d’enquêtes procèdent à des fouilles partout où il y a des attroupements, notamment dans les transports communs, les autogares, les aéroports et lorsqu’ils trouvent des quantités de chanvre indien avec des individus, ils les arrêtent systématiquement, font des enquêtes à leur niveau et acheminent les procédures devant les tribunaux.

«Au niveau de la commune VI, nous connaissons beaucoup de procès-verbaux dans ce sens et à longueur de journées ces individus sont immédiatement placés sous mandat de dépôt, jugés et condamnés à des peines d’emprisonnement. Les sanctions vont de 2 ans à 5 ans. En la matière, il n’y a pas d’intouchable. Les fouilles quotidiennes relèvent des attributions de la police judiciaire et il y a le problème de moyen qui se pose. Si nous arrivons à conjuguer nos efforts, on gagnera la bataille», a souligné Ibrahim Abdoulaye Sissoko, substitut du Procureur près le tribunal de grande instance de la commune VI.

Quant au directeur de l’Office central des stupéfiants (Ocs) Adama Tounkara, il a notifié qu’à part Kidal, tous les autres produits ont été saisis dans la portion centrale de Bamako.

“Il y a quelques semaines, nous avons fait une opération à Dabanani (grand marché de Bamako) et c’est de là que provient l’essentiel de ces produits pharmaceutiques, dont le coût est estimé à plus 31 milliards de Fcfa. Le cannabis est estimé à une valeur de plus 430 000 000 de Fcfa”, a-t-il soutenu.

Aux dires du directeur de l’Ocs, il s’agit pour eux de continuer cette dynamique de renforcement de capacité et ensuite de continuer à solliciter la collaboration de la population. “L’Ocs est une structure en évolution, nous avons du personnel qui n’est pas étoffé, mais avec le temps, on le sera. Il s’agit pour nous de renforcer les capacités en termes de formation, d’équipement, mais aussi en termes de collaboration et de coopération. L’incinération est pour nous une opportunité de sensibilisation parce que beaucoup de nos concitoyens doutent encore de cette volonté politique à lutter contre ce phénomène et beaucoup pensent que les produits qui sont saisis sont recyclés, donc c’est pourquoi nous avons institué cette activité de façon annuelle afin de leur faire comprendre que la lutte contre la drogue est une réalité, mais aussi pour leur montrer le caractère nocif de ces produits”, a poursuivi le magistrat-colonel .

Cette incinération se fait avec les moyens de bord, même s’il y a des fumées, des déchets qui restent et ceux-ci constituent un risque pour l’environnement et pour les populations environnantes. “Nous appelons les autorités par rapport à la nécessité d’avoir un site approprié et moderne pour pouvoir procéder à la destruction de ces produits. Notre mission c’est de lutter contre l’importation et la consommation de ces produits, mais le champ est immense on ne pourra pas le labourer en un laps de temps. Il faut un effort continu de notre part et de tous nos accompagnateurs”, a-t-il conclu.

Il faut rappeler qu’à l’Ocs, ils ont un mécanisme de test rapide qui consiste à mettre un peu de poudre sur une sorte de mouchoir de couleur rose et quand c’est de la cocaïne, le mouchoir change de couleur et devient bleu. Ils possèdent un liquide chimique également qui est comme l’eau, mais dès qu’on le met de la drogue dedans, ça devient bleu aussi. Toutes ces techniques sont là pour lutter efficacement contre le fléau.  

                                                                                          Marie DEMBELE

 

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