«Espace-contact sur la politique de réparation des victimes au Mali» a été le thème retenu au compte de la troisième journée de la cinquième édition de la semaine des victimes du Mali. Les débats, organisés par la COMADDH (Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains) se sont déroulés à la Maison de la presse, le 22 décembre 2020. Les conférenciers retenus pour aborder ce sujet avec les victimes et autres personnalités étaient Mamoutou Diabaté, commissaire à la CVJR (Commission, Vérité, Justice et Réconciliation), Me Alou Keïta de la CVJR également avec comme modérateur Abdoulaye Doucouré d’Avocat sans frontière Canada.
Qu’est-ce que la réparation? Pourquoi réparer? Dans quel contexte peut-elle être faite? Voilà entre autres des questions auxquelles les conférenciers ont tenté de donner des réponses satisfaisantes aux participants à majorité victimes des crises que le Mali a vécues. Mamadou Diabaté de la CVJR a développé de long en large le processus de la politique de réparation des victimes dans notre pays. Ainsi, il a d’abord cité la consultation et les critères sur lesquels cette politique est basée. Il a ensuite parlé de la complémentarité, de la centralisation des victimes entre les différentes politiques de réparation. De plus, il a abordé l’aspect de la non double réparation ; l’indemnisation, l’insatisfaction, la garantie de non résolution, etc. Mamadou Diabaté a proposé des pistes de solutions pour la bonne marche de la collaboration entre les victimes et la CVJR. De ce fait, il a rappelé la mise en place du volet de la commission d’attribution des réparations, d’enquête sur les déclarations faites par victimes, d’évaluation des victimes. Il a, par ailleurs, parlé des préjudices sociaux prévus par la commission, notamment les préjudices collectifs, individuels, de restitution, de réadaptation, des mesures de satisfaction, etc.
A leur tour, les victimes ont apporté des suggestions au CVRJ pour la bonne réussite de leur travail. « On n’a trop parlé maintenant. Il y a eu trop de discours. Il faut que nous passions à la phase de concrétisation. L’Etat ne fait que nous tourner le dos, nous rouler dans de la farine. Nous voulons être récompensés pour qu’on mange notre argent avant notre mort, pour qu’on ne soit pas comme des victimes qui ne sont même plus de ce monde », a fait remarquer Mody Samba, victime. Et Mme Haïdara Aminata Maïga, présidente du Conseil National des Victimes (CNV), d’ajouter : «on a commencé la réparation avec la CVJR. Mais nous regrettons de constater et de dire que nous sommes exclus depuis 2018 par la CVJR de ces activités qui nous concernent. Sans les victimes, la CVJR ne va jamais atteindre ses objectifs. Il faut que les victimes soient au début et à la fin de vos actions. Après avoir nous utilisés, la CVJR nous a mis à la poubelle. Nous demandons à la CVJR de revenir à la raison pour qu’on travaille main dans la main». Tout comme elle, tous les intervenants ont parlé de la nécessité d’union, d’entente, de cohésion, de parler le même langage, de s’unir, d’être un et indivisible pour encourager les autres (Etat, partenaires) à les aider plus.
Hadama B. Fofana