2eme forum de Bamako sur le ” genre ” : Les femmes au premier plan de l’émergence du Mali à l’horizon 2035

1

Ouvert le 28 juillet 2015 au centre International des Conférences de Bamako (CICB), par le Premier Ministre malien, Modibo Keïta, sous le thème: “L’émergence de l’Afrique à l’horizon 2035: contraintes, défis et opportunités pour une participation effective des femmes africaines”, le 2ème Forum de Bamako “Genre et développement” s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de la 15ème édition du Forum de Bamako tenu le 15 février 2015.
La cérémonie s’est déroulée en présence de hautes personnalités, de sommités, d’experts, de nombreux partenaires et de participants venus de toutes les régions du Mali, mais également de plusieurs pays d’Afrique (Bénin, Burkina Faso, Togo, Centrafrique, Sénégal, Côte d’Ivoire), des Caraïbes, notamment de la Martinique et de la Guadeloupe.
Ce deuxième rendez-vous aura permis de faire l’état des lieux des avancées et des résultats obtenus depuis la première édition. Ce fut aussi l’occasion de prendre des mesures idoines, faire des propositions concrètes pour améliorer ce qui n’a pas bien fonctionné jusqu’ici, d’où le vœu émis à l’ouverture par Abdallah Coulibaly, président du forum, de “voir sortir de ces assises de propositions constructives pour une Afrique émergente”.
S’en sont suivi des débats de fond: les conditions de vie, de travail de la femme dans la société et leur impact sur son rendement social ont été abordées. Le constat est malheureusement triste: mutilations génitales de tous genres, excision, mariage forcé, pauvreté extrême, analphabétisme sont le lot des femmes maliennes, dans un environnement où elles sont culturellement asservies et politiquement marginalisées.
Mettre la femme au cœur des reformes pour l’émergence du Mali…
L’écart entre les discours et la réalité a été fustigé. D’où la nécessité de réfléchir aux voies et moyens de sortir de cette spirale négative, et de trouver la meilleure formule pour une bonne participation de la femme à l’émergence de la nation. Il s’agit donc clairement, comme l’ont réclamé les participantes, de mettre la femme au cœur des réformes de développement.
Le poids de l’explosion démographique dans la mise en œuvre de la politique a été largement abordé, notamment son impact sur la santé, l’éducation, les besoins de premières nécessité et les infrastructures. Il en ressort l’urgence d’une meilleure maitrise des politiques nationales de la population qui mettent au premier plan la santé maternelle, et valorisent la femme malienne dans ses efforts quotidiens.
La place de la femme africaine et surtout malienne, dans le contexte politico social du pays n’a pas échappé aux participants. Sa place dans le dialogue intergénérationnel, son rôle très attendu dans le cadre de la mise en œuvre des Accords de paix au Mali, de la réconciliation nationale, et de la cohésion sociale, mais aussi son effort de régulation de de la montée du fait religieux dans la place publique ont été reconnus par tous.
D’où la nécessité de le mettre effectivement au premier plan de toutes initiatives de développement, car comme l’a si bien souligné Mama Koité Doumbia, présidente de la plateforme Femme au National Democratic Institute, “Les femmes veulent un changement, l’humanité veut un changement… ”
Des discussions fructueuses en ateliers….
Pour ce faire; il est important de valoriser, et d’autonomiser la femme malienne en lui accordant une place prépondérante dans les hautes sphères de prise de décisions, mais aussi dans les cellules de base de la société malienne. Le poids économique de la femme malienne n’est pas démontrer, et c’est un atout qu’il serait judicieux de capitaliser.
Un état des lieux approfondi du protocole de Maputo, et la mise en œuvre de la déclaration de Beijing, une vingtaine d’années après, ont permis de mesurer l’état d’avancement du processus dans son ensemble, et permis de recadrer la démarche pour l’atteinte de l’objectif de l’Afrique émergente à l’horizon 2035, de même que la mise en œuvre de l’agenda 2063.
Les traitements honteux et avilissants envers la gent féminine ne sont pas de nature à faire avancer les choses, non plus, bien au contraire. Pour Tharcisse Urayeneza, directeur pays de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ” les discours victimisant les femmes ou minimisant leurs capacités sont inacceptables “, et ce qui peut faire avancer les choses, c’est beaucoup plus le passage des femmes du secteur informel au secteur formel, car ” c’est l’économie qui est à la base de tout “.
Des travaux en ateliers ont meublé le forum, autour d’une dizaine de thèmes dont : “L’Education et autonomisation sociales des femmes”, “Gouvernance, la prise de décision et participation politique des femmes”, “Femmes, économie et croissance inclusive”, “Femmes, paix et sécurité”, “Genre, développement durable et changement climatique”.
Une synthèse a été faite des productions de ces groupes de réflexion sous la forme d’un document final transmis aux autorités compétentes, nationales et internationales, de même qu’aux partenaires techniques et financiers, pour de requérir leur soutien pour la mise en œuvre du programme quinquennal “Femme, développement et croissance inclusive”.
Le document fait, entre autres recommandations, la création de conditions acceptables au profit des jeunes filles méritantes du nord afin qu’elles puissent mener à bout leur scolarité, la mise en application effective des textes en vigueur pour mettre fin aux mutilations génitales et autres excision de la jeune fille, l’appui de la MINUSMA dans la création d’activités génératrices de revenus aux profit des femmes à faible revenu, la mise en place d’un programme en faveur de la femme rurale qui tienne compte de ses spécificités et de ses besoins réellement exprimés…
Le forum a été organisé avec le soutien de nombreux partenaires, dont la MINUSMA. Rendez-vous est pris pour 3ème édition du forum, afin d’évaluer le chemin parcouru jusque-là sur l’autoroute de l’émergence du Mali à l’horizon 2035.

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

Comments are closed.