2ème édition de la Journée Nationale des Légitimités Traditionnelles : Sortir des rencontres centralisées à l’allure de fêtes pour les faire participer au processus de prise de décisions nationales

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Instituée par Décret NO 2022-018/PT-RM du 04 mars 2022, la célébration de la Journée Nationale des Légitimités Traditionnelles est prévue pour le 11 novembre de chaque année. La première édition s’est déroulée à Bamako le vendredi, 11 novembre 2022 sous la présidence du Premier Ministre par intérim, Colonel Abdoulaye Maïga. Le samedi 11 novembre 2023 eut lieu la seconde édition présidée par Colonel Abdoulaye Maïga, Ministre d’État, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement.

Les légitimités traditionnelles, jadis, incarnaient les valeurs sociétales. Elles jouaient un rôle de régulateur social au sein de leurs communautés et au service du peuple. Hélas, il faut reconnaître que depuis des décennies, elles ont été des laisser-pour comptes, ce qui a fortement désagrégé les fondements de notre société. Sûrement, c’est pour réparer cette forme d’injustice que les autorités de la transition ont initié des actions. La toute première a été de rassembler sous le même toit les légitimités traditionnelles du pays afin d’échanger directement avec le Chef de l’Etat et les hautes autorités politiques. Ce qui fut une première dans l’histoire du Mali. C’était le vendredi, 12 novembre 2021. Au cours de cet échange, Colonel Assimi Goïta a pris l’engagement de doter les légitimités traditionnelles d’un macaron, d’un drapeau et d’un certificat. La deuxième étape de la réparation de cette injustice a été de tenir les promesses du Chef de l’Etat. Ainsi, le 18 juillet 2022, au cours d’une cérémonie symbolique, Colonel Assimi Goïta a lancé la remise d’insignes, de drapeaux et de certificats de reconnaissance à une soixantaine de chefs de quartiers du district de Bamako. C’était au Centre international de conférences de Bamako (CICB). Il a indiqué que cette dotation va se poursuivre dans toutes les régions administratives sous les houlettes des gouverneurs de régions, de préfets et sous-préfets. Ce qui a été fait.

Selon le président de la transition, un des objectifs de cette cérémonie est la valorisation des légitimités et cela dans le cadre de la refondation de l’Etat. A la suite de cette étape, il y a eu l’organisation de la première édition de la journée des légitimités traditionnelles célébrée le vendredi, 11 novembre 2022 sous le thème : ” Place et rôle des légitimités traditionnelles dans la promotion de la paix, de la cohésion sociale et de la refondation de l’Etat“.  Au cours de cette célébration, plusieurs activités ont été menées comme exposition-photos, conférences-débats, des consultations médicales en ophtalmologie et en géronto-gériatrie…

Et voilà, la seconde édition s’est tenue le samedi, 11 novembre 2023 sous le thème : ‘’Place et rôle des légitimités traditionnelles dans la prévention et le règlement des conflits’’,   avec les mêmes activités qu’en 2022. Certes, c’est une bonne chose de les fêter, mais il serait intéressant de donner un autre visage plus bénéfique à cette célébration.

Un autre type de célébration est plus rentable

En invitant les légitimités traditionnelles à Bamako pour célébrer la journée dédiée à elles, les autorités effectuent de grosses dépenses. Les transports, l’hébergement et l’alimentation qui requiert aussi des dépenses.

En outre, les activités proposées pour elles leur apportent peu. Le gouvernement doit changer de fusil d’épaule. Certes, leur valorisation à travers la dotation d’insignes est à saluer. Cependant, elles seront beaucoup valorisées si on les faisait jouer le rôle de relais de communication pour le gouvernement. Elles sont les proches des populations et mieux écoutées par celles-ci. Au lieu de les faire venir à Bamako, les autorités gagneraient à célébrer cette journée dans leurs différentes localités. A ce titre, les sous-préfets doivent être mis à contribution. Chacun d’entre eux organisera une rencontre avec eux pour diffuser les principales activités réalisées par le gouvernement et celles en cours. Ces activités porteront sur tous les domaines de la vie de la nation. Les légitimités, à leur tour, rendront compte aux populations. En retour, elles exprimeront leurs observations et suggestions par rapport aux informations reçues de la part des sous-préfets. Elles remonteront aussi les préoccupations des communautés locales. Une fois, ces informations remontées au niveau national, elles feront l’objet d’une synthèse remise au gouvernement qui en fera son programme de travail. C’est à ce prix que l’on sentira le rôle des légitimités traditionnelles au Mali.

Cyrille Coulibaly

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