27 février 2022 au Mali : Un rendez-vous électoral manqué

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La présidentielle devant se tenir le 27 février dernier est remise aux calendes grecques.  Coup de projecteur sur les dates qui ont marqué ces   dix-huit mois de transition appelée à s’étaler sur la durée

Les Maliens devaient se rendre aux urnes dimanche dernier pour élire leur président de la République suivant un calendrier initial fixé avec ses partenaires internationaux, après la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta survenu en 2020. Mais coup de théâtre, un nouveau changement de régime qualifié de « rectification de la transition » a évincé le président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane. Retour sur une transition mouvementée en dix dates importantes.

  • 18 août 2020 : coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta

Depuis des mois, la rue malienne est en effervescence, notamment sous l’impulsion du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Mais ce mardi 18 août 2020, le coup de grâce vient de Kati, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale. Après sept ans au pouvoir, IBK est renversé par les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Le colonel Assimi Goïta, commandant des forces spéciales, prend la tête du pays.

Dans la foulée, le Mali est suspendu des instances de la Cedeao. Mais à l’issue de concertations nationales, les nouveaux maîtres de Bamako donnent des gages. Dès le mois de septembre, ils promettront de rendre le pouvoir aux civils – Assimi Goïta assurera peu après organiser des élections sous dix-huit mois.

Bah N’Daw, un général à la retraite sera nommé président et Moctar Ouane, ancien conseiller diplomatique des présidents Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré, devient Premier ministre.

  • 15 et 16 février 2021 : à N’Djamena, Emmanuel Macron salue le bilan des nouvelles autorités

Un peu plus d’un an après le sommet de PauHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/mag/885819/politique/g5-sahel-kidal-au-menu-du-sommet-de-pau/”, qui a redéfini les priorités opérationnelles de Barkhane, Emmanuel Macron rencontre les dirigeants des pays du G5 Sahel lors du sommet de N’Djamena, au Tchad. Le président français, qui avait reçu Bah N’Daw à Paris, salue « une fenêtre d’opportunité » et « la relance de la mise en œuvre des accords d’Alger. « En quelques mois, je dois bien dire que ces autorités de transition ont donné plus de gages que les autorités précédentes en 3 ans », ajoute Emmanuel Macron.

  • 24 mai 2021 : nouveau coup d’État pour « rectifier la transition »

Neuf mois à peine après le premier putsch, Bah N’HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1175452/politique/mali-bah-ndaw-une-presidence-a-quitte-ou-double/”DawHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1175452/politique/mali-bah-ndaw-une-presidence-a-quitte-ou-double/” et Moctar HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1175452/politique/mali-bah-ndaw-une-presidence-a-quitte-ou-double/”OuaneHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1175452/politique/mali-bah-ndaw-une-presidence-a-quitte-ou-double/” sont renversés par les colonels. Un nouveau coup d’État provoqué par un remaniement annoncé par le président, sans l’aval d’Assimi Goïta qui évincent les colonels Sadio Camara du ministère de la Défense et Modibo Koné de celui de la Sécurité, deux proches du vice-président.

Assimi Goïta, jusque-là vice-président, prend la tête du Mali. Le 7 juin, il prête serment devant un parterre de militaires, de diplomates, de membres du Conseil national de transition.

Au premier rang, une présence est particulièrement remarquée : celle de HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1184467/politique/mali-ce-quil-faut-savoir-sur-choguel-maiga-premier-ministre-de-la-transition/”ChoguelHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1184467/politique/mali-ce-quil-faut-savoir-sur-choguel-maiga-premier-ministre-de-la-transition/” HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1184467/politique/mali-ce-quil-faut-savoir-sur-choguel-maiga-premier-ministre-de-la-transition/”KokallaHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1184467/politique/mali-ce-quil-faut-savoir-sur-choguel-maiga-premier-ministre-de-la-transition/” HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1184467/politique/mali-ce-quil-faut-savoir-sur-choguel-maiga-premier-ministre-de-la-transition/”MaïgaHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1184467/politique/mali-ce-quil-faut-savoir-sur-choguel-maiga-premier-ministre-de-la-transition/”. Celui qui fût l’une des principales figures du M5 et grand détracteur des colonels durant la première phase de la transition, sera nommé à la primature le jour même.

Ce « coup d’État dans le coup d’État » est vivement dénoncé par la Cedeao. Les autorités de Bamako, elles, préfèrent parler d’une « rectification de la transition ». Jusqu’ici en voie de normalisation, les relations entre Bamako, la Cedeao et Paris n’auront alors de cesse de se tendre.

  • 10 juin 2021 : Paris restructure Barkhane, Bamako dénonce un « abandon »

« À l’issue de consultations, […] nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », annonce le président Emmanuel Macron devant la presse. Cette modification du dispositif français prévoit la fermeture de trois bases françaises du Nord du pays et une réduction des effectifs. À Bamako, l’annonce froisse. Les autorités y voient une décision « unilatérale », prise sans avoir concerté les Maliens.

« Fait accompli », « abandon en plein vol »… à la tribune des Nations unies, fin septembre, le Premier ministre malien Choguel Maïga réagira vivement à la décision d’Emmanuel Macron de restructurer l’opération Barkhane.

C’est le début d’une longue passe d’arme entre Bamako et Paris. Le Mali ne cessera de dénoncer l’ingérence et la violation des accords militaires de la part de la France, quand celle-ci pointera à plusieurs reprises « l’illégitimité démocratique » des autorités maliennes.

  • 13 septembre 2021 : l’ombre de Wagner

L’information vient d’abord de l’agence de presse américaine Reuters qui affirme que les autorités maliennes seraient en passe de conclure un accord avec la société de mercenaires russes Wagner. De semaine en semaine, le rapprochement entre le Mali et la Russie se précise, dénoncé par la France.

  • 30 décembre 2021 : les Assises nationales de la refondation préconisent un prolongement de la transition

Cette large concertation nationale souhaitée par les autorités transitoires est boycottée par une partie de la classe politique qui y voit une manière pour la junte de « gagner du temps » et de « se maintenir au pouvoir ».

Censées tracer les grandes lignes de la « refondation du Mali », les ANR livrent leurs conclusions le 30 décembre 2021. La préconisation la plus polémique est celle sur la durée de la transition : les Assises souhaitent sa prolongation de six mois à cinq ans.

  • 9 janvier 2022 : lourdes sanctions de la Cedeao

Alors que le régime d’Assimi Goïta endosse les résolutions des Assises, notamment sur la durée de la transition, la Cedeao se réunit à Accra. Jugeant la prolongation de cinq ans de la transition semblable à une « plaisanterie », elle décide de renforcer ses sanctions. Les frontières avec Bamako sont fermées. Le Mali est placé sous embargo financier et économique.

Cette décision ravive la contestation populaire à Bamako. Les Maliens, qui voient la main de la France derrière ces sanctions, multiplient les manifestations « anti-françaises », « anti-Cedeao » et « anti-impérialiste ».

  • 31 janvier 2022 : renvoi de l’ambassadeur français

Après des semaines d’escalade verbale et une nouvelle sortie de Jean-Yves Le Drian jugée « hostile », Bamako exige le départ sous 72 heures de l’ambassadeur français, Joël Meyer.

La veille, le chef de la diplomatie française affirmait que les paramilitaires de la société Wagner étaient déjà présents au Mali depuis le mois de décembre, jouissant de la « protection de la junte ».

  • 17 février 2022 : Barkhane, c’est fini 

Au lendemain d’une réunion avec plusieurs chefs d’État africains à l’Élysée, Emmanuel Macron annonce le départ des troupes françaises du Mali. La décision intervient au plus fort de la crise diplomatique entre Paris et Bamako. Les autorités maliennes dénoncent alors une « violation » des accords de défense qui lient les deux pays et demandent aux troupes françaises de partir « sans délai ».

Quelques jours plus tôt, devant l’ensemble du corps diplomatique, le Premier ministre Choguel Maïga avait fustigé les « mercenaires » ayant exercé « au sein de la force Barkhane ». Il avait également accusé également la force européenne Takuba d’oeuvrer à la partition du Mali.

  • 21 février 2022 : cinq ans de plus pour Goïta ? 

S’appuyant sur les conclusions des Assises nationales de la refondation, le Conseil national de transition adopte une nouvelle charte. Celle-ci acte notamment la prolongation de la période transitoire, de six mois à cinq ans. Il autorise ainsi AssimiHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1316552/politique/mali-assimi-goita-pourra-se-maintenir-au-pouvoir-jusquen-2027/” HYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1316552/politique/mali-assimi-goita-pourra-se-maintenir-au-pouvoir-jusquen-2027/”GoïtaHYPERLINK “https://www.jeuneafrique.com/1316552/politique/mali-assimi-goita-pourra-se-maintenir-au-pouvoir-jusquen-2027/” à rester à la tête du Mali jusqu’en 2027.

L’Informateur avec J.A

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