«Je sais que le 26 mars est la commémoration de la révolution populaire que notre pays a connue en 1991. Il y a eu beaucoup de morts, c’est tout», dixit un jeune étudiant. Pour cette assistante de bureau, «Le 26 mars c’est la date anniversaire de l’avènement de la démocratie au Mali. Il est chômé et payé ici au Mali, c’est tout ce que je sais».
«Je pense que le 26 mars ne me dit plus rien parce qu’on la célèbre soi- disant que c’est l’anniversaire de la chute de Moussa Traoré et l’arrivée de la démocratie. Mais je ne vois aucun avantage de cette démocratie quand je regarde l’état dans lequel se trouve notre pays», martèle ce fonctionnaire à la retraite. Avant de conclure, «La démocratie malienne a échoué. Je n’ai plus confiance aux politiciens maliens».
Voilà entre autres réactions recueillies dans les rues de Bamako à la veille du 26 mars 2015. Elles dénotent dans l’ensemble du peu d’engouement que cette date suscite au sein de la population de la capitale. Et pourtant, si le 22 mars ou les autres jours de mars doivent être des jours de recueillement en mémoire à tous ceux qui sont tombés pour la liberté, le 26 mars est une date dont tout Malien doit se souvenir. Ce jour a consacré la fin du régime répressif du général dictateur Moussa Traoré et le début d’une ère nouvelle qui est celle de la démocratie. Depuis cette date, la liberté d’expression, d’association, la liberté de pensée, la liberté de presse, le multipartisme, sont devenus des réalités dans notre pays.
Les idéaux trahis
De l’avis de beaucoup de Maliens, l’avènement de la démocratie n’a pas servi à grand-chose, au regard de toutes les difficultés que le pays connaît aujourd’hui. Pis, certains vont plus loin en disant que le Mali n’a jamais été aussi dépendant et n’a jamais été aussi humilié que ces deux dernières années. Arguments : l’invasion des régions du nord, l’absence de l’Etat sur les 2/3 du territoire, la partition du pays évitée in extremis. Les patriotes qui sont tombés sous les balles pour cette lutte noble, seraient déçus et indignés aujourd’hui dans le ciel au vu de la conjoncture sociopolitique.
Pour ces Maliens anonymes, cette situation découle de l’incapacité des pouvoirs instaurés sous l’ère démocratique. Et cela aurait été favorisé par une classe politique peu soucieuse de l’intérêt supérieur de la nation. Des GIE de partis politiques (sans aucun idéal) qui poussent comme des champignons ; des leaders politiques transhumants qui n’hésitent pas à détourner des fonds destinés à tout un peuple.
Selon bon nombre de nos interlocuteurs, il faut reconstruire la démocratie malienne, car estiment-ils, le coup d’Etat de 2012 est une preuve qu’elle (la démocratie) a échoué. À la lumière de tous ces commentaires, la conclusion qu’on peut tirer est que le peuple malien n’a plus confiance en l’Homme politique malien qui est, pour lui, le reflet du système démocratique dans notre pays.
SORO