26 mars -Journée des Martyrs, 1991-2025: L’esprit des Martyrs au défi du temps

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26 mars 1991- 26 mars 2016 : Que d’espoirs déçus !

Des monuments ont été érigés à Bamako et dans les capitales régionales à partir de 1992 pour rappeler à la mémoire collective la lutte des Maliens pour l’avènement d’un processus de démocratisation

Trois monuments ont été érigés sous la présidence d’Alpha Omar Konaré en souvenir des événements de 1991. Par leur emplacement, leur réalisation; mais surtout par leur valeur symbolique et scripturale, ils ont donné le top départ de l’embellissement de la capitale malienne. Et la mise en route d’un programme de réalisation d’œuvres culturelles dont les réalisateurs sont imbus de notre histoire ancienne et moderne et les contes, légendes et épopées de peuples divers, mais unis par un seul sentiment, celui d’appartenir à une nation qui a commencé à se forger depuis la nuit des temps. Dans l’article que vous lisez en ce moment, nous ne ferons pas le tour de tous les monuments du pays dédiés au 26 Mars. Nous nous intéresserons aux œuvres réalisées à Bamako, la plus grande ville du pays.

La première de ces œuvres est très certainement le Monument aux Martyrs. Il s’inscrit dans une vision globale du gouvernement de l’époque de préserver le souvenir d’hommes illustres, d’idéaux et d’évènements ayant marqué l’histoire de notre pays. Il se dresse à l’entrée du Pont de même nom sur la rive gauche du fleuve Niger à Bamako au Quartier du Fleuve. Édifié en hommage aux victimes de la révolution pour l’avènement de la démocratie pluraliste, l’ouvrage présente au premier plan une femme en pleurs, à genoux, face au corps de son enfant. Cette partie, plus en relief, est l’œuvre du sculpteur malien Somé Coulibaly. Dans son second plan, le monument montre des manifestants surplombés par une victime hurlant de douleur, manifestement après avoir été touchée mortellement par une balle dans la tête. Cette partie porte la signature du peintre Ismaël Diabaté.

Les deux composantes du monument traduisent la douloureuse et difficile marche vers un système dit «démocratie» qui peine à s’enraciner dans notre environnement. Une marche dont l’aboutissement a été la mise à l’écart du Général Moussa Traoré, le 26 mars 1991. Le joyau a été inauguré le 29 mars 1995 par le Président Alpha Oumar Konaré. Le décret n° 2012-118/P-RM du 24 février 2012 le classe au patrimoine culturel national pour sa valeur historique, architecturale et socioculturelle.

Le carré des martyrs après son inauguration le 26 mars 1992 au cimetière de Niaréla

À quelques encablures du Pont des Martyrs, se situe l’un des plus vieux cimetières de notre capitale. Un cimetière où reposent des célébrités, des notabilités de haut rang mais aussi des citoyens anonymes pour qui le destin a choisi ici comme dernière demeure. C’est ici aussi, le cimetière de Niaréla, que reposent pour l’éternité certaines victimes de mars 1991, dans un coin qui a été baptisé «Carré des Martyrs». Nous disons certaines, car rien ne prouve que tous les corps ont été retrouvés et amenés pour bénéficier de funérailles dignes comme celles qui ont été réservées à ceux qui reposent pour l’éternité à Niaréla.

Le Carré des Martyrs est une sépulture constituée de trois fosses communes et de 8 tombes individuelles dans lesquelles reposent les victimes. Selon la direction nationale du patrimoine culturel, la majorité des victimes étaient des élèves et des étudiants. Un autre étudiant victime de ses convictions est sans doute Abdoul Karim Camara dit Cabral. Il n’a pas fait partie de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) dont les membres ont été, selon certains, les fers de lance de la Révolution de mars 1991. Lui a appartenu à un premier mouvement estudiantin des années 1970 et 1980, appelé Union nationale des élèves et étudiants du Mali (Uneem). Comme leurs cadets de l’AEEM, les militants de l’Uneem ont défié le pouvoir en place d’alors et ont connu des fortunes diverses et souvent malheureuses comme la mort de leur leader charismatique Abdoul Karim Camara dit Cabral.

En sa mémoire un Monument, son propre buste, qui porte son nom a été érigé dans le même esprit que les deux premiers par les mêmes autorités. L’ouvrage a été inauguré le 15 juin 1996 en Commune IV du District de Bamako au rond-point de Lafiabougou. Abdoul Karim Camara a été assassiné le 17 mars 1980. À chaque anniversaire de sa disparition, les gouvernements successifs depuis 1992 lui rendent un vibrant hommage à travers le dépôt d’une gerbe de fleurs sur le monument qui lui est dédié.

À ces trois édifices s’ajoute la «Pyramide du Souvenir». De forme conique, elle est destinée à honorer et à perpétuer la mémoire des martyrs des évènements de mars 1991 ainsi que de tous les citoyens du Mali qui ont trouvé la mort dans la lutte pour la liberté et l’État de droit. Le monument est conçu pour servir de centre d’action culturelle. Il a pour missions la recherche, la réflexion et la création de conditions d’animation politique autour de l’homme et la pérennisation de la démocratie au Mali. Située en Commune III du District de Bamako, Quartier du Fleuve à l’entrée du pont des Martyrs, la pyramide a été inaugurée en 2002.

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Préserver des Souvenirs, des Idéaux et des Evènements marquants

Le directeur national du patrimoine culturel (DNPC), Moulaye Coulibaly, nous a entretenu sur la symbolique des monuments dédiés au 26 mars 1991. Pour lui, «les monuments sont destinés à préserver le souvenir d’illustres hommes, les idéaux et les évènements».

Pour lui, les trois monuments de la capitale qui rappellent à la mémoire collective les événements de Mars 1991 «représentent beaucoup pour les Maliens», ajoutant qu’ils symbolisent la résilience et le combat des Maliens pour un idéal. À partir des années 1990, expliquera Moulaye Coulibaly, notre pays a connu la construction de nombreux parcs publics et monuments destinés à préserver le souvenir d’illustres hommes, les idéaux et les évènements qui ont marqué notre histoire. C’est dans cette vision que les autorités du Mali, ont dédié un monument aux victimes de mars 1991.

Bamako est devenu un livre ouvert qui relate l’histoire, les idéaux de combat du peuple malien pour son développement, estime Moulaye Coulibaly. Pour qui les trois monuments symbolisent la détermination du peuple pour la démocratie.

À son avis, les monuments dédiés au 26 Mars ont un double rôle. Ils sont devenus des lieux de recueillement, de méditation et de prière pour l’ensemble des victimes de l’avènement de la démocratie pluraliste. Ce sont aussi des lieux de célébration de la victoire du peuple malien.

«La victoire pour la démocratie et le mouvement démocratique», a renchéri le directeur national. Qui déplore toutefois l’ignorance par une partie de la jeunesse malienne de l’importance de ces infrastructures. Pour pallier ce manque d’intérêt de la part de la nouvelle génération, la Direction nationale du patrimoine culturel envisage des campagnes d’information et de sensibilisation dans les établissements scolaires et les lieux publics pour une appropriation de ces œuvres par la population.

Namory KOUYATE

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