La salle de conférence Bazoumana Sissoko du Palais de la culture a abrité, le vendredi 8 mars, la célébration de la 25e édition de la journée internationale des droits des femmes, sous le thème national: «l’autonomisation des femmes et des filles à travers l’engagement de tous contre les violences basées sur le genre». C’était sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita, président de la République.
Le Mali célèbre, depuis 1994, la journée internationale des droits des femmes ; une occasion de rendre hommage aux femmes pour le rôle qu’elles jouent dans le processus de développement socio-économique et culturel du pays. La célébration de cette année donne surtout l’opportunité de faire le plaidoyer et de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur la condition des femmes.
Cette journée donne également l’occasion d’établir un bilan chaque année sur les conditions des femmes, les progrès réalisés en terme d’égalité des sexes dans les domaines de développement économique, social et culturel de la société.
L’objectif spécifique est de faire un plaidoyer à l’endroit des autorités et des partenaires techniques et financiers pour soutenir davantage les projets et programmes contre les Violences basés sur le genre (VBG) et en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles ; informer et sensibiliser les femmes et les filles sur leurs rôles et responsabilités dans la lutte contre les VBG ; etenfin faire un plaidoyer en direction des décideurs pour l’application effective des textes relatifs aux droits des femmes et des filles.
Dans son discours d’ouverture, Dr. Diakité Aïssata Traoré, ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, a souligné que la journée internationale des droits des femmes est très importante pour toutes les femmes du monde.
Parlant du thème, Dr. DiakitéAïssata Traoré estime que les VBG constituent une des violations des droits humains reconnus. Selon les données du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), dans le monde une femme sur trois a connu une forme de violence au cours de sa vie.
Au Mali, l’enquête démographique et de santé, réalisée en 2012-2013, a montré que parmi les femmes qui ont déjà été en union, 44% ont subi des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles de la part de leur mari actuel ou le plus récent. Un quart des femmes, selon la ministre, ont été physiquement blessées à la suite de violences conjugales dans les douze derniers mois. «Les femmes et les enfants représentent les principales victimes des VBG, à hauteur de 96%», a expliqué Dr. Diakité Aïssata Traoré.
À l’en croire, lesviolencesbasées sur le genre ont des conséquences graves sur la santé reproductive des victimes comme les grossesses forcées et non désirées, les avortements dangereux, les fistules traumatiques, les infections sexuellement transmissibles, notamment le VIH et le Sida, allant même jusqu’à leur décès. Elles privent les victimes, de leurs droit à l’éducation, à fréquenter les services sociaux de base, à avoir accès aux équipements et matériels de production pour les activités génératrices de revenus. Ce qui constitue un frein à l’autonomisation des femmes et des filles.
Pour terminer, Dr. Diakité Aïssata Traoré a remercié le président de la République pour ses efforts en faveur des soins de santé de qualité à travers la réforme du système de santé et la récente donation d’un lot de matériel agricole aux femmes rurales.
Le représentant des partenaires techniques et financiers, en charge du genre à l’ambassade du Canada au Mali, a déclaré que le 08 mars de chaque année constitue une opportunité pour saluer le progrès réalisé en matière de genre et aussi mesurer les défis qui restent encore à relever.Il a salué l’adoption de la loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominative et élective dont l’une des concrétisations est la configuration actuelle du gouvernement marquée par une plus grande présence de femmes.
Cependant, il dit attendre du gouvernement la mise en œuvre de la loi d’orientation agricole et la loi foncière afin de faciliter l’accès des femmes à la terre. «Nous encourageons le gouvernement à accompagner davantage le processus de la mise en place effective du mécanisme institutionnel de la politique nationale genre», a-t-il conclu.
MahamatSaleh Annadif, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, a, pour sa part, déclaré que l’égalité des genres et les droits des femmes sont fondamentaux pour progresser à l’échelle planétaire sur la voie de la paix, la sécurité,les droits de l’homme et le développement rural.
Il est attendu de cette journée de commémoration que les autorités et leurs partenaires accordent davantage de ressources pour soutenir la sensibilisation et les services de prise en charge des activités de VBG ; que les femmes et les filles exercent davantage leur droit à la protection contre les violences basées sur le genre ; et enfin, que les décideurs soutiennent davantage l’application effective des textes relatifs aux droits des femmes et des filles.
Fatim B.Tounkara
Source : Le Wagadu
Violences conjugales : la face cachée de la société malienne
Au Mali, les cas de violences conjugales sont très nombreux. Les victimes se comptent parmi les femmes mais aussi du côté des hommes.
Les violences conjugales sont une réalité au Mali. Elles rythment la vie quotidienne dans les foyers. Selon le site Wikipédia, la violence conjugalese définit comme la violence exercée par un des conjoints sur l’autre, au sein d’un couple, s’inscrivant dans un rapport de domination et se distinguant des disputes conjugales entre individus égaux. Les causes de la violence conjugale sont diverses. Elles découlent très souvent des faits rituels de la colère mais aussi de la jalousie. Surtout si l’homme décide de prendre une autre femme.
Ousmane Camara, assistant juridique et judiciaire à l’ONG «Les femmes battues», retient pour sa part le manque de communication entre les conjoints, la non application des textes de loi et surtout le manque de moyens financiers qui reste, selon lui, primordial. Les violences conjugales revêtent plusieurs formes. Elles peuvent être verbales, économiques mais surtout physiques.
Ce dernier cas, selon Mamadou Sylla, juge au tribunal de la commune II du District de Bamako, reste la forme la plus répandue dans notre société. Même s’il reconnaît que les violences conjugales sont rarement inscrites au rôle des tribunaux contrairement au divorce. Pourtant, poursuit-il, la violence verbale, comme les injures graves, est punie par l’article 352 du Code pénal de la famille(CPF).
44% des femmes ont subi des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles de la part de leur mari
Au Mali,l’enquêtedémographique et de santé, réalisée en 2012-2013, a montréqueparmi les femmes qui ont déjà été en union, 44% ontsubi des violences physiques, sexuellesouémotionnelles de la part de leurmariactuelou le plus récent. Un quart des femmes, selon la même source, ontétéphysiquementblessées à la suite de violencesconjugalesdans les douzederniersmois.
L’Organisation non gouvernementale «Les femmes battues» enregistrepour sa partsept à huitcas de violencesconjugales par semaine. C’estpourquoi, elletravailleà la sensibilisation des femmes et des hommes victimes de violences conjugales.
Les hommes en sont aussi victimes
Les femmes ne sont pas les seules victimes des violences conjugales, il y a aussi des hommes. Si aucunestatistiqueofficielle ne parle de la violence subie par les hommes, iln’endemeure pas moinsqu’ils en sontégalementvictimes. «Nous avonsl’habitude de recevoir des hommesvictimes de violencesconjugalesmaisc’esttrès rare. Nous recevons par andeux à troishommes qui viennentcommevictimes de violences conjugales», a déclaré l’assistantjuridique et judiciaire de l’ONG «Les femmes battues».
Le magistrat Mamadou Sylla affirme avoir jugé une affaire à Ségou où le mari était tabassé par sa femme. «C’est généralement dans les familles polygames que les hommes sont victimes de violences conjugales», a-t-il précisé. Car il n’est pas rare de voir dans ces familles la femme verser de l’eau ou l’huile ébouillantée sur son mari par excès de jalousie.
Malgré cette triste réalité, peu d’hommes avouent être victimes de violences conjugales. Celas’explique, selonOusmaneCamara, par la fierté des hommes qui refuse d’allerversune structure de femme pour exposer leurproblème. Le même constatest fait par la police qui n’enregistreque peu de casdansl’année.
De nombreuses associations féminines militent aujourd’hui contre les violences conjugales sans pour l’instant arriver à enrayer le phénomène.
Fatim B. TOUNKARA
Source : Le Wagadu