24 ans après la révolution du 26 mars 91 : Barou Rouamba, un très grand acteur du 26 mars oublié.

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Ancien fonctionnaire des Impôts avant de se reconvertir  dans les affaires, Barou Rouamba, est l’homme par lequel, l’armée et la centrale syndicale, se sont faits confiance avant de faire la jonction, celle qui a déclenché la grève illimitée jusqu’à l’arrestation du général Moussa Traoré. Malheureusement, ce grand patriote qui a failli laisser sa vie, est aujourd’hui aux abois.
Personne ne fait attention à lui et aux difficultés personnelles qu’il connaîtrait. Son rôle central qui  a fini par faire de lui, le grand acteur des évènements du 26 mars, a été conté non pas par lui Barou Rouamba, mais par l’un des héros du mouvement démocratique. Feu Bakary Karembé, pour le nommer. Le vieux chef du mouvement d’alors, a fait la révélation historique, dix (10) ans après, au micro de nos excellents confrères, Sambi Touré et Makan Koné du quotidien Info – Matin. Une révélation historique contenue dans une interview qui a été publiée dans le N° 759 du lundi 02 avril 2001.

Pour ne rien occulter, Bakary Karembé, le vice- président du CTSP, l’organe qui a remis le pouvoir au président Konaré à la suite de son élection en 92, répondant à une des questions du quotidien, notamment, celle de savoir, si entre le 22 et le 26 mars, de quand date
exactement les rapports entre le mouvement démocratique et l’armée et avec qui les militaires ont d’abord pris contact et comment le coup d’état a été organisé. S’il avait des souvenirs par rapport à cela. En réponse, le vieux, feu Bakary Karembé, a répondu : ‘’Oumar Rouamba, je ne sais pas si vous le connaissez, est le fils d’un de mes camarades qui était infirmier d’état. Il venait ici me voir et me parler, à mots couverts, de ce qu’un certain nombre d’amis (militaires) étaient entrain de préparer. Je n’ai pas eu confiance, à cause de mon passé d’ancien militaire. Et j’ai répondu : Je comprends, je comprends bien, mais notre action est différente de l’action que ces gens doivent mener, parce qu’ils ont des armes. Mais, je lui  ai demandé de venir me donner des informations de temps en temps. Un jour, il m’a parlé d’Amadou Toumani Touré(ATT), il m’a demandé de l’informer que « nous allons nous battre et nous allons, lui-même, le terrasser en tant que militaire ». Et c’est ainsi que j’ai compris que les militaires préparaient aussi quelque chose, mais qu’ils n’avaient pas le courage de passer à l’action.(…) Là où nous avons su véritablement que çà allait marcher, c’est lorsqu’une nuit, à minuit, en quittant le  bureau pour rentrer chez moi, j’ai trouvé Barou (
Barou Rouamba) qui m’a informé être envoyé me chercher : ‘’Des gens’’ a-t-il répondu à mon interrogation. J’ai refusé. Ensuite, il est revenu me rapporter d’autres choses, auxquelles j’ai répondu : « comme nous commençons une nouvelle journée, voyons donc ce qui va se passer ». Et à partir de là, il a joué un rôle éminemment important.(…..) Le 25 mars, Barou Rouamba m’a trouvé absent de chez moi, des enfants m’avaient téléphoné pour me dire que deux camions chargés de paras me cherchant, étaient passés, je l’ai expliqué à Abderrahmane Baba Touré, tout en demandant à tous d’entrer en clandestinité.

Ce Barou Rouamba qui en son temps avait réussi la jonction entre l’armée et le mouvement démocratique, était parti pour être un des membres du CTSP, à la demande de Bakary Karembé. Mais croyant bien faire, il(Barou), s’en est ouvert à son ami ATT qui, après la chute de Moussa et à l’occasion de la constitution du CTSP, fusion du CMRN- Mouvement Démocratique, l’en dissuada, arguant des commentaires de la rue, sur leur amitié connue. A la publication de la liste, ne voyant pas le nom de Barou Rouamba, en raison du rôle éminemment important qu’il a joué dans la chute de Moussa, Karembé failli tomber à la
renverse et lorsque, Barou lui expliqua les raisons de sa non figuration sur la liste, le vieux lui répondra en ces termes « Barou, tu regretteras ça toute ta vie».

Et depuis, plus rien n’a été doux pour Barou. Ceux là qui devraient l’aider à se construire une vie décente et solide, ont été ses propres fossoyeurs.

  Barou Rouamba, Touré Lobbo Traoré et la griotte Domo au domicile de feu Bakary Karembé

On était en 2003 – 2004, quelques années avant la fin du premier mandat  d’ATT, ne voyant aucune amélioration dans le quotidien de Barou Rouamba, le véritable artisan du destin politique d’ATT, le vieux Bakary Karembé, malade et fatigué, convoqua Lobbo chez lui, en faisant porter la commission par le même Barou. Savait –il seulement ce que le vieux allait cracher à la figure de la première dame d’alors pour son président de mari, il n’aurait jamais fait part à Lobbo de la commission du vieux. Monté à Koulouba non pas expressément pour faire part de la volonté du vieux de rencontrer Lobbo, mais pour saluer son ami(ATT) rentrant d’un voyage. A la vue de la première dame, Barou se rappela de ce que le vieux lui avait recommandé des jours plutôt.
Enchainant à Barou, Lobbo demandera la permission d’aller voir sur le champ le vieux qu’elle n’avait pas vu depuis belle lurette. Chose qu’ATT accepta volontiers et Lobbo obligea Barou à l’accompagner en même temps que sa griotte, Domo.

Au domicile du vieux Karembé malade, les salamalecs d’usage, laisseront vite la place aux vertes et cruelles vérités. Rappelant à Lobbo le comment de la montée de son mari à l’Olympe,  le vieux qui était au crépuscule de sa vie, n’ayant plus rien à envier de la vie et de ces privilèges, il exprima toute sa déception face à la vie de ‘Chien’’ que mène cet homme qui a tout fait pour son mari ATT soit ce qu’il est devenu aujourd’hui. Lobbo prit très mal la chose et raconta à son mari comme elle l’entendait, non pas sans bouder Barou à leur sortie du domicile du  Vieux Karembé. Plus jamais, jusqu’à leur chute en mars 2012, rien ne marcha entre Barou et le couple présidentiel. La triste fin du glorieux règne d’ATT a t- elle un rapport avec la manière avec laquelle, il  a traité son bienfaiteur et ami ? En tout regarder dans le rétroviseur, juste pour voir et se rappeler de Barou Rouamba, de ce qu’il a fait pour le Mali, pour l’avènement de la démocratie pluraliste.

Sory de  Motti

LA NOUVELLE PATRIE n°182 du Mardi 22 Mai 2012

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