Abdoulaye Barry "Karamoko" nous a quittés, il y a 20 ans. En effet, notre camarade a tiré sa révérence le 22 septembre 1991 à Katibougou au domicile de notre camarade Mamadou Kassa Traoré. En ce 20e anniversaire de sa mort, nous lui rendons un vibrant hommage.
Abdoulaye Barry qui avait l’amour pour le Mali à fleur de peau, a consacré toute sa vie à la lutte pour assurer à son pays une place dans le concert des nations modernes en créant une dynamique robuste en vue de la mobilisation des Maliens autour de l’idéal d’indépendance et de démocratie. Animé par un esprit de sacrifice, d’abnégation et de don de soi, Abdoulaye Barry fut parmi ceux qui ont imposé un rythme impétueux à la trajectoire historique du Mali en obtenant le droit de forger sa destinée. Avec Abdoulaye Barry, les combattants pour la justice et la démocratie au Mali se sont trouvés en mesure de dessiner les contours de leur destin et d’exprimer librement la quintessence de leur génie inventif. Mali majeur, Mali digne, Mali libre, Mali responsable, pleinement engagé à construire, un espace libéré des affres du sous-développement : épidémies meurtrières, analphabétisme paralysant, coutumes obsolètes, insuffisante diffusion des sciences et des techniques, ignorance des valeurs fondamentales des civilisations endogènes…
Gloire à tous ceux qui ont, à l’instar de Barry, su galvaniser le peuple pour le triomphe de la démocratie au Mali et qui ont guidé Abdoulaye Barry et ses compagnons dans toutes les composantes des luttes démocratiques dans cette quête pour la liberté, Modibo Kéita et ses compagnons, Ibrahima Ly, Abderhamane Baba Touré et bien d’autres qui ont enduré des privations colossales, subi des brimades de la dictature, affronté les rigueurs de l’emprisonnement. sans jamais capituler. Habités par le rêve de la réhabilitation du Mali, porteurs d’espérances nouvelles, Abdoulaye Barry et ses compagnons font partie de ceux qui ont brandi avec honneur le flambeau de la liberté qui a illuminé la conscience du peuple malien. Abdoulaye Barry que nous pouvons qualifier l’incarnation de la dignité malienne, fut incontestablement l’une des figures de proue du Mali démocratique. Enseignant émérite, héros dans la lutte pour une culture populaire où les langues nationales auront toute leur place, Abdoulaye Barry a été de tous les combats de sa génération. Militant infatigable des luttes politiques, de l’indépendance dans les rangs de l’Union soudanaise RDA, militant et dirigeant syndical du Mali indépendant, Abdoulaye Barry a toujours été un homme de conviction loyal dans ses amitiés et vis-à-vis de son pays. Le parcours professionnel, syndical et politique de l’homme et sa vie sociale sont assez élogieux, "homme carrefour" comme nous le surnommions, Abdoulaye était le rassembleur de toutes les générations. Enseignant et chercheur dans divers domaines (linguistique, littérature, sociologie, anthropologie, etc.) Barry a traduit en langue bamanan l’hymne national du Mali, le chant national des pionniers "le Jour de l’Afrique", le chant du 22-Août, les statuts et règlements intérieurs de l’Adéma et de l’Adéma/PASJ, etc.
Il est l’auteur de nombreux textes et articles sur les langues nationales du Mali et les cultures de nos régions. II a fondé de nombreuses associations et mouvements culturels. En reconnaissance de cette œuvre d’une importance capitale pour le Mali, pour cet engagement patriotique, le président Alpha Oumar Konaré a proposé la création de l’Institut de langues Abdoulaye Barry. Cet engagement lui a valu d’être nommé pendant la Transition au poste de directeur national de l’alphabétisation fonctionnelle et de la linguistique appliquée. Avec Alpha Oumar Konaré, Abdoulaye Barry est membre fondateur, initiateur de la Coopérative culturelle Jamana avec la revue Jamana, le journal les échos, Sorofé, etc. Il fut le principal animateur de cette coopérative qui a joué un rôle important dans l’instauration de la démocratie au Mali.
Abdoulaye Barry est aussi le premier président de la radio "Bambakan" qu’il a organisé et animé ses premiers jours. Patriote et combattant infatigable, il était présent sur tous les fronts de la lutte culturelle et de la lutte pour la démocratie. Il a animé plusieurs revues et journaux comme "Barakèla", diverses publications de vulgarisation à la CMDT, à l’Office du Niger et dans la zone Mali-Sud. Le 7 août 1990, Abdoulaye Barry et ses camarades ont initié la lettre ouverte adressée a président de la République qui a été adoptée par le FNDP. Abdoulaye Barry, durant les longues années de la dictature au Mali (novembre 1968-mars 1991) a été membre actif des mouvements politiques clandestins. C’est ainsi qu’il a milité au sein du PMRD (Parti malien pour la révolution et la démocratie), composante du FNDP (Front national démocratique et populaire). Son engagement amena ses compagnons à l’élire au poste de Premier secrétaire du PMRD. Avec ses camarades tels que Kléna Sanogo, Mohamédoun Dicko, Mamadou Lamine Traoré, Cheick Pléah, Bassirou Diarra, Adama Samassékou, Salif Berthé, Mamadou Kassa Traoré, Cheickna Hamalla Diarra, Bamory Diarra, Salif Berthé, Chérif Cissé, Bocary Tréta, Moustapha Dicko et de nombreux autres. Abdoulaye Barry a animé le journal du Parti "Faso" qui paraissait en français avec une page en langues nationales.
"L’Association" Alliance pour la démocratie au Mali qui a été constituée le 24 octobre 1990 à Korofina Nord (domicile de Mamadou Famady Sissoko) a été présidée par Abdoulaye Barry qui était un des initiateurs. Syndicaliste convaincu dans la lutte pour la sauvegarde des intérêts des travailleurs, Abdoulaye Barry fut un homme politique intègre et incorruptible comme d’autres grandes figures du Mali tel que Mamadou Konaté, Modibo Keita, Ibrahima Ly, Abderhamane Baba Touré. Abdoulaye Barry fut un bon père de famille qui a donné à ses enfants l’amour de la patrie en parfaite harmonie avec sa compagne Fanta Sangaré. Ils peuvent être fiers de tout l’héritage de ce patriote tombé en brave pour que le Mali meurtri se relève, se fortifie et vive libre, indépendant et heureux.Le nom de Barry est inscrit dans les annales de gloire du Mali. Il a été et demeure un exemple pour les générations présentes et futures dans le combat pour la démocratie et la défense de notre identité.
Pr. Mahamédou Dicko-
Pr. Cheick Pléah