1ère Conférence inaugurale du Centre Djoliba : « La République n’existe pas au Mali. Il faut la refonder… ». dixit Pr Mamadou Samaké

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Le Centre Djoliba, structure éducative et culturelle, a organisé le samedi 25 mai 2013, sa toute première conférence inaugurale après un an de fermeture. Le thème choisi portait sur les défis de réformes politiques au Mali. A l’occasion, la direction du Centre a fait appel à un éminent professeur du nom de Mamadou Samaké, constitutionnaliste et politologue de son état.

 

De ce fait, le Directeur du Centre Djoliba, Joseph Tanden Diarra, après avoir souhaité la bienvenue aux participants, a situé le contexte de l’organisation de cette rencontre. D’entrée de jeu, il a demandé à l’assistance d’observer une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes militaires et civiles de la crise multidimensionnelle que notre pays vit. C’est ainsi qu’il dira que le Centre Djoliba, après plus d’un an d’arrêt de ses activités, renoue avec la tradition : le débat contradictoire qui a toujours fait sa notoriété. Il renchérit pour dire que si le Centre Djoliba était là aux  jours en fiévreux de mars et avril 2012, cela aurait changé d’une façon ou d’une autre  la configuration de ce que nous avons vécu jusqu’à aujourd’hui. Mais, le Centre était absent de l’agora.

 

Revoilà le Centre pour le rayonnement des débats d’idées au Mali. Au finish, le Directeur du Centre a beaucoup remercié le comité de réflexion de la dite conférence ainsi que les bibliothécaires du Centre qui n’ont ménagé aucun effort pour la réussite de l’évènement. A sa suite, le modérateur, Jean Didier Dembélé, présenta d’abord le Professeur Mamadou Samaké. A ses dires, Le Professeur Mamadou Samaké est titulaire d’un DEA en Droit international public de l’Université d’Etat de Kiev (actuelle Russie). Il est depuis octobre 1994, Professeur de Droit public à l’Université de Bamako. Il a été en 1997, chargé de mission au ministère chargé des relations avec les Institutions et les Partis Politiques. A ce titre, il a coordonné le dossier du Forum politique national sous la tutelle du département et sous l’autorité du Président de la République jusqu’en janvier 1999. Ce Forum avait pour objet la relecture des textes de la République. Monsieur Samaké est par ailleurs consultant, analyste politique et spécialiste des questions électorales auprès de plusieurs Institutions et Organisations de la place. Ensuite, il lui donna la parole pour son exposé. Ce dernier a d’abord rendu hommage aux pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), l’actuelle Union Africaine (UA) en ce jour anniversaire pour leur clairvoyance. Il a salué aussi la réouverture du Centre Djoliba, un Centre indispensable à l’avènement d’une démocratie forte et plurielle, qui nécessite des débats contradictoires entre les fils de la nation. Du coup, le conférencier entre dans le vif du sujet par un questionnement : qu’est-ce qui nous a amené là aujourd’hui ? En guise d’introduction, le Professeur Samaké a tenu à faire le cheminement de son exposé, axé sur cinq points à savoir : un bref aperçu sur l’évolution politique du pays à travers la première République, la deuxième République et les différents régimes qui s’en sont suivis jusqu’en 1991 ; une brève présentation du CTSP (Comité de Transition pour le Salut du Peuple) et la transition qui a conduit au processus de la construction de la troisième République ; le processus de construction de la troisième République (Conférence nationale et l’Assemblée constituante) ; les élections générales de 1992 qui ont consacré la mise en œuvre des Institutions de la troisième République jusqu’aux évènements du 22 mars 2012. C’est alors que le Professeur Samaké, sans ambages, dira que sous les régimes des Présidents Konaté et Touré, il y a eu des tentatives de réformer la Constitution. Donc, pour lui, ces vingt ans de démocratie était factice. Les Institutions n’étaient pas assez renforcées ; ce qui nous a conduit à la dérive. Selon le conférencier, les erreurs de gestion ne tolèrent pas puisqu’elles peuvent rester pendant des décennies. A ses dires, il urge aujourd’hui, d’aller vers des réformes politiques structurées pour une véritable refondation de la République puisqu’elle n’existe pas ! Pour ce faire, faut-il réviser la Constitution ?, revoir la loi électorale ?, les lois sur la presse ?, ect…d’où la problématique : est-ce le dispositif légal n’a pas marché ou c’est les hommes qui n’ont pas marché ? Passant en revue, les différents systèmes de notre pays depuis son accession à l’indépendance jusqu’à nos jours, le Professeur  Samaké dira que tous les problèmes du Mali, c’est l’homme malien lui-même. Il n’y a plus de repères, on ne s’identifie à rien. L’Etat n’existe pas et c’est le laisser-aller. Pour qu’une démocratie existe, il faut impérativement consolider son intégrité territoriale. Pour ce faire, il faut une armée républicaine digne de ce nom. Là où nous sommes, elle n’existe pas au Mali. Il en est de même pour tous les corps au Mali. D’où l’impérieuse urgence de refaire l’homme malien pour un nouveau Mali. Passant en revue les réformes de la Commission Daba Diawara, le Professeur Samaké dira que trop de pouvoir tue le pouvoir. Il faut un équilibre des pouvoirs pour que le pouvoir arrête le pouvoir.

 

En ce qui concerne la presse, le professeur Samaké dira qu’il faut aller vers  la dépénalisation des délits de presse. Il faut aller à l’adoption d’une convention collective pour mette le journaliste à l’abri. Tant qu’on n’améliore pas les conditions de travail des journalistes, la diffamation  sera toujours possible. En conclusion, le Professeur Samaké a prôné la refondation de la République. D’où cet appel de remise en cause lancé par lui : seule l’interrogation intérieure de chaque malien nous permettra de sortir du guêpier. Quant aux différentes interventions du public, elles ont presque toutes prôné la refondation de la République. Pour y arriver, il nous faut façonner un nouveau type de malien. Il faut que la discipline revienne au niveau des forces de défense et de sécurité.  La justice étant le dernier rempart, doit pleinement  jouer son rôle de régulateur social.

Que Dieu bénisse le Mali.

Mamadou Macalou

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