Le Centre international de conférences de Bamako ( CICB) a servi de cadre hier à la 19e session de l’espace d’interpellation démocratique. Organisé par le médiateur de la république, cette 19e session était placée sous la haute présidence du premier ministre, Moussa Mara qui avait pour la circonstance à ses côtés plusieurs autres ministres, membres du gouvernement.
Organisé chaque année en marge de la célébration de la journée internationale des droits de l’homme, l’EID est un cadre de dialogue et d’échanges fructueux entre gouvernants et gouvernés qui se tient régulièrement depuis 19 ans. Malgré les différentes turbulences que notre pays a connues, il a permis de réaliser d’importants progrès dans la défense des droits de l’homme, de la consolidation de la démocratie et du rétablissement progressif de la confiance entre le citoyen et l’Etat. C’est un espace où le citoyen peut interpeller le gouvernement dès lors qu’il estime que ses libertés et droits n’ont pas été respectés.
Il a été enregistré 284 demandes d’interpellation contre 177 pour la 18e session en 2013 et 110 pour la 17e session en 2012.
Conformément aux critères appliqués par la commission préparatoire de cette 19e session, les 284 dossiers ont été répartis comme suit : 23 dossiers ont été retenus pour être lus publiquement, 130 dossiers retenus pour être transmis aux départements ministériels concernés en vue des suites à donner et 131 autres non retenus pour non-conformité à l’esprit et aux objectifs de l’EID.Selon le médiateur de la république, Baba Akhib Haïdara, la croissance observée cette année, s’explique principalement par une plus grande participation des citoyens suite à une campagne d’information précoce et durable.
En outre, il s’est réjoui de la forte participation de nos concitoyens vivant dans les régions. Aux dires de M.Haïdara, pour la première fois, l’ensemble des interpellations reçues des régions dépasse le nombre d’interpellations reçues directement au siège de l’institution. En effet, sur les 284 dossiers enregistrés, 50,70% proviennent des régions et 49,42 de la capitale.
Les interpellations les plus nombreuses retenues cette année sont celles qui concernent les litiges fonciers et domaniaux, la non-exécution des décisions de justice, les régularisations de situations administratives et le non-respect des engagements contractuels de l’Etat. Venant après les constations relevées lors des sessions précédentes, ces nouvelles interpellations selon le médiateur de la république, confirment que l’Etat de droit fonctionne encore difficilement dans notre pays.
A ses dires, le nombre d’interpellations retenues, c’est-à-dire correspondant, aux critères de l’EID est passé de 101 en 2013 à 153 en 2014. Par-delà ces chiffres croissants, se profilent des problématiques dont il convient de tenir compte dont le besoin d’expression démocratique de plus en plus affirmé, le besoin de porter une attention pédagogique aux facilités d’accès à l’EID et ses mécanismes, mais aussi et surtout au processus d’appropriation, la conséquence de l’intérêt manifesté par les citoyens et les organisations de la société civile œuvrant pour les droits humains, la nécessité de gérer les limites du temps des sessions de l’EID. Selon le médiateur de la république, ce temps doit respecter la date historique de la déclaration universelle des droits de l’homme à laquelle la République du Mali a adhéré dès sa naissance et qu’elle veut commémorer chaque année au cours de la journée du 10 décembre.
” Dès lors, comment concilier en quelque sorte l’inextensibilité de cette journée avec les impératifs d’un temps d’interpellations démocratiques libres et donc extensibles dans un dialogue confiant entre les citoyens et l’Etat sur des sujets de droits humains et de bonne gouvernance ” a ajouté M.Haïdara. A l’en croire, ces aspects du fonctionnement de l’EID et probablement bien d’autres méritent de faire l’objet d’une réflexion appropriée. Il a pour cela invité toutes les parties prenantes de l’EID afin que le forum perdure. Outre les interpellations, cette 19e session de l’EID a été marquée par la projection d’un film documentaire qui, à travers des interviews de hautes personnalités qui sont à l’origine de la création de ce forum, retrace sa vision originelle, la perception, 20 ans après de son rôle dans l’exercice des libertés citoyennes, la promotion de l’Etat de droit et l’instauration d’une culture démocratique au Mali.
Signalons que le président du jury d’honneur de cette édition est Joseph Niolonfou du Bénin.
Ramata S.Kéita