La communauté musulmane a pris d’assaut le village de Doubabougou, quelques km au sud-ouest de Kati, pour commémorer le 16ème anniversaire de la disparition du Saint El Hadj Cheick Siramakan Diarra dit Bablé, qui est parti sans nous quitter, car laissant derrière lui un trône dignement occupé par son illustre fils le célèbre El Hadj Adama Diarra entouré par d’innombrables adeptes imbus des enseignements du grand maître. C’était les 21, 22 et 23 juin 2012. L’événement a regroupé une foule nombreuse en provenance de Bamako, Kati et les villages environnants, mais également des coins les plus éloignés. Que s’est-il passé à Doubabougou durant ces trois jours ?
Du jeudi 21 au samedi 23 juin 2012, Doubabougou ne désemplissait pas. Une marrée humaine a envahi l’intérieur et la spacieuse devanture du domicile de El Hadj Adama Diarra jusque dans les rues. Si les uns n’ont pu que se présenter que jeudi,ou vendredi ou seulement samedi, alors que d’autres y ont séjourné les trois jours, le déferlement des véhicules sur Doubabougou démontre la commémoration ne peut plus se limiter au 23 juin, jour anniversaire des adieux de Bablé. El Hadj Adama Diarra rassemble chaque année de plus en plus de monde. Si bien que pour passer la nuit à Doubabougou, les adeptes prennent d’assaut les nombreuses maisons construites et leurs devantures, les classes et la cour de l’école, l’intérieur et la devanture de la mosquée, le domicile à deux niveaux du bien aimé El Hadj Adama Diarra. Jamais un tel monde n’a effectué le déplacement du vivant de Babé lui-même. C’est dire combien la communauté musulmane tient à la fois à immortaliser le père et à honorer le fils. Il a d’ailleurs fallu égorger une dizaine de bœufs par jour pour nourrir ce fabuleux monde.
A Doubabougou durant ces trois jours, les fidèles ont procédé à la lecture du coran, aux prêches, au Zikr. Ils ont prié pour plus de bonheur et la paix dans le pays. Et dans un message clair et limpide, El Hadj Adama Diarra a invité les élèves de Bablé à ne jamais faire ce que le Saint détestait notamment le divorce, le mensonge, les actes fratricides, les malversations. Il a souhaité plein succès aux élèves, bonne récolte, et la concorde dans le pays.
Pour rappel, Bablé fut un homme exceptionnel. A sa naissance, personne ne priait à Doubabougou. Tous pratiquaient l’animisme, adorant des fétiches. Quand Bablé, qui n’a appris de personne l’Islam, se mit à prier, les animistes le bousculaient de la peau de prière, mais il n’a jamais arrêté de poursuivre sa mission. Il a fini par brûler les fétiches et convertir les mécréants. Aussi, un jour, il ira rendre visite, pieds nus, jusque dans la contrée de Siby, à celui qui était désigné par Dieu comme son maître, Cheick Mamadou Ly. Aussitôt à la porte, le maître qui ne l’avait jamais vu ni appris son arrivée, a prononcé son nom et lui a signifié qu’il est le bienvenu. Autre grand jour, c’est celui où un Djinn lui est apparu pour lui demander de baptiser son fils du nom de Adama. A l’actif de Bablé, il faut citer les nombreux mariages qu’il a raffermis, les nombreuses moissons qu’il a bonifiées, les nombreuses maladies qu’il a soignées, les nombreux problèmes qu’il a résolus, les nombreux pauvres qu’il a soulagés et les nombreux responsables qu’il a appuyés. C’est dans la même voie que se place son célèbre fils El Hadj Adama Diarra pour le bonheur des populations.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bablé a rempli sa mission, El Hadj Adama Diarra est un digne héritier.
Dors en paix, Bablé !
Mamadou DABO