Ségou : Tous autour de l’Amo

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Dissiper tous les malentendus pour une adhésion totale à la réforme de l’Assurance maladie obligatoire à travers une information saine de tous les acteurs, voilà l’objectif du forum que vient d’organiser le ministère du Développement social, de la Solidarité et des personnes âgées à Ségou.

Pour la circonstance, le ministre du Développement social, de la Solidarité et des Personnes âgées  qui présidait les travaux s’est fait accompagné par ses collègues de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. On notait aussi la présence du directeur Afrique de l’Ouest du BIT et le secrétaire générale de l’Union syndicale des travailleurs de l’Afrique.

Il s’agissait pour les organisateurs de partager avec les parties prenantes le contexte, la portée et leurs rôles respectifs dans la mise en œuvre de la réforme de l’Amo, d’échanger sur les points les plus importants des dispositifs institutionnels et organisationnels et enfin, partager les informations sur l’état de mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire.

La rencontre de Ségou qui a regroupé toutes les sensibilités politiques, syndicales et des membres de la société civile, a fait comprendre aux uns et aux autres que la reforme de l’Amo est dans sa phase d’opérationnalisation depuis bientôt neuf mois après plus de huit ans de gestation.

Mais, malgré les efforts déployés depuis l’entame du processus de préparation de cette reforme en termes d’informations et de dialogue social, force est de reconnaitre que sa mise en œuvre a suscité des débats intenses. Nonobstant le nombre élevé d’études, de rapports d’étape et de concertations restreintes et nationales, le constat est que nombre de bénéficiaires n’ont pas reçu suffisamment d’informations sur le montage institutionnel et technique de l’Assurance maladie obligatoire.

« Ce déficit d’informations a eu pour conséquence, au sein de certaines catégories de travailleurs, la contestation voire la remise en cause, non pas du principe de l’Assurance maladie mais des conditions dans lesquelles elle a démarré » a reconnu le ministre Harouna cissé.

Ces protestations se sont manifestées souvent à travers des marches organisées par certaines organisations syndicales à Bamako et dans certaines régions, et même des cercles.

C’est pourquoi selon les organisateurs, il apparait nécessaire, à la suite des ateliers nationaux et régionaux de dissémination de textes et des concertations déjà tenues avec les parties prenantes, de renforcer la sensibilisation et l’information à tous les niveaux auprès du public en général et des bénéficiaires de l’Amo en particulier pour assurer l’adhésion totale des catégories concernées.

« C’est par respect des positions de ceux qui ne sont par pour le moment prêts que le gouvernement a accédé au principe de leur non adhésion et a pris les dispositions techniques nécessaires pour ce faire » a dit le ministre Cissé.

Félicitant le gouvernement du Mali pour son courage et sa volonté à mettre en place l’Amo, Hassane Diop, directeur exécutif du secteur de la protection social du BIT a dit que le Mali a montré qu’il se place au cœur d’une Afrique qui s’engage sur la voie du développement durable.

Pour le patron de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), le sujet de la protection sociale et l’Assurance maladie est d’une importance notoire pour sa structure et s’inscrit dans ses objectifs statutaires  depuis 1998. Mais Hamadoun Amion Guindo a insisté sur l’arrêt des prélèvements. « Nous insistons sur ce principe parce que c’est une volonté librement exprimée par les travailleurs et acceptée par les plus hautes autorités », a-t-il déclaré.

Siaka Diakité, secrétaire général de l’UNTM a pour sa part demandé à ceux de nos concitoyens qui hésitent encore à adhérer à l’Amo de le faire. « Qu’ils nous rejoignent derrière les digues car, sur les rivages où ils dorment, les vagues d’un océan en colère peuvent les emporter », a-t-il conclu.

La disponibilité des médicaments, la différence entre les médicaments en DCI et ceux en spécialité, le mécanisme de la cotisation, le peu d’engouement du personnel médical vis-à-vis de l’Amo, le déficit d’information sur l’Amo et sa mise en œuvre, l’accès aux cartes de l’Amo… sont autant de questions soulevées lors de débats.

A l’issue des travaux les quelques 200 participants ont formulé plusieurs recommandations parmi lesquelles l’intensification l’information et la sensibilisation par le dialogue social sur tout le territoire et avec toutes les catégories d’acteurs à travers, entre autres, l’organisation de rencontres similaires et la mise en place de structures d’information et d’orientation en matière de protection sociale au niveau des communes, la mise en œuvre efficace de la reforme, notamment par une offre de prestations de soins de qualité au profit des assurés au sein des établissements de soins, la mise en place, tant que faire se peut, des guichets spécifiques pour les bénéficiaires de l’Amo au niveau des structures publiques de santé et la mise à la disposition de tous les assurés déjà immatriculés leurs cartes d’assurés ainsi que la liste des médicaments pris en charge par l’Amo  aux réalités épidémiologiques et thérapeutiques nationales.

 

 

 

Humeur

 

L’AMO une chance pour  les maliens !

 

Il faut le dire, l’Assurance maladie obligatoire dérange bon nombre de travailleurs maliens. Ils sont nombreux à la rejeter. Partout, ils organisent des débats, des marches de contestation sur cette initiative gouvernementale. Ils vont jusqu’à donner d’autres sens à l’Assurance maladie obligatoire.

Obligatoire, le mot est utilisé dans un sens démagogique par les contestataires qui n’est pas celui imaginé par les initiateurs de l’Amo. Ils lui donnent une vision dictatoriale dans un pays démocratique où le citoyen à toujours son mot à dire. Les non adhérents de l’Amo pensent qu’il n’y a pas eu d’information à la base. Que l’Etat malien n’a fait qu’exécuter un plan qu’il a voulu entreprendre depuis longtemps. D’où le refus catégorique d’adhésion, des travailleurs à l’Amo.

Pourtant ils ne sont pas assez, ceux qui cherchent à connaître l’Amo dans sa forme et dans son contenu. Ils se contentent des informations reçues ça et là pour qui, la plupart font de l’Amo une chose négative non nécessaire.

Assurance, voilà en réalité le mot qui doit amener, les travailleurs maliens, à réfléchir sur l’importance de l’Amo, à penser que c’est un plus pour l’amélioration du cadre de vie. Assurer une vie, c’est donner espoir à toute une communauté. L’Amo c’est une mutualité étatique dont les fonds ne peuvent pas se perdre dans la nature. Il est agréable d’être assuré, de savoir que lorsqu’on a un parent qui tombe malade, qu’il y’a une solution de paiement des ordonnances ; une prise en charge de l’hospitalisation.

Les taux de prise en charge par l’Amo sont de 80 % pour l’hospitalisation et 90 % en cas d’ambulatoire. Pour tout cela, il est prélevé sur le salaire du fonctionnaire malien un taux de 3,6 %. La nécessité, on ne le sent que lorsqu’on se trouve dans le besoin. Malheureusement, beaucoup de travailleurs maliens n’ont jusque là pas compris le bien fondé de l’Amo. Il est temps qu’ils reviennent à la raison sinon comme la dit l’autre : « qu’ils rejoignent derrière les digues car, sur les rivages où ils dorment, les vagues d’un océan en colère peuvent les emporter ».

 

Douba Dembélé  


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