Réunion extraordinaire du Comité de défense nationale : Poudre aux yeux des Maliens ou opération cosmétique à l’endroit des Européens ?

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En France où il s’est rendu, il ya deux semaines, pour inaugurer une exposition sur l’Art dogon, ATT a invité les touristes à revenir dans notre pays désormais classé en zone rouge en termes de risques de sécurité par les gouvernements européens. Pour lier l’acte à la parole, le Comité de défense nationale sous la direction du chef de l’Etat a plutôt accouché de mesures tendant seulement à sécuriser des corridors et des sites touristiques au détriment, bien entendu, de la sécurisation générale de notre pays, au profit des nationaux comme des étrangers. Mesures insuffisantes donc, et davantage trompeuses, mais peut-être pas pour les Européens.

 Les membres du Comité de défense nationale se sont réunis ce vendredi 29 Juillet 2011 à Koulouba autour du président de la République en vue d’adopter une stratégie de sécurisation du pays qui inciterait les touristes à revenir au Mali. La rencontre a réuni autour du chef de l’Etat, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Soumeylou Boubèye Maïga, qui rentre d’une tournée européenne, les chefs d’état- major du président de la République, le chef d’état-major général des armées, le général Gabriel Poudiougou, et tous les représentants des différents corps de la défense et de la sécurité. Ce conclave sur la sécurité au Mali fait suite à la visite effectuée il y a deux semaines maintenant par le Président ATT en France pour inaugurer une exposition sur l’Art dogon. Le voyage dans l’Hexagone était un bon prétexte pour le chef de l’Etat d’inviter les touristes européens à reprendre la destination Mali après que notre pays se soit vu classer en zone rouge en termes de risques de sécurité pour les voyageurs européens, les touristes en particulier.

 

Quel dispositif sécuritaire pour les touristes au Mali ?

C’est en fait la question que les Européens ont posée au président de la République qui les invitait à revenir au Mali, car le départ des touristes, expliquait-il, signifie le sinistre pour toutes les activités économiques liées au tourisme : le commerce des objets d’art, des objets culturels, l’hôtellerie…bref tout un pan de l’économie de notre pays. Le Comité de défense nationale propose, en réponse aux inquiétudes des visiteurs européens, la sécurisation des axes routiers qu’empruntent les touristes, en particulier l’axe Bamako-Mopti-Gao-Kidal et l’axe Bamako-Douentza-Tombouctou. Dans le même temps, les sites touristiques seront soumis aux mêmes règles de sécurité pour éviter les enlèvements et autres actes  de banditisme. Le président de la République a lui-même insisté sur l’identification préalable de tous les axes routiers concernés par les mesures de sécurité et demandé l’implication des gouverneurs des régions dans la mise en œuvre de ce plan spécial de sécurisation de qui dépend l’économie du tourisme.

 Absence de volonté politique à éradiquer le terrorisme ou simple aveu d’impuissance ?

Les mesures ainsi proposées ressemblent plus à de la poudre aux yeux et on est plutôt en droit de penser que c’est pour la consommation intérieure, histoire de dire aux Maliens : «  nous ne restons pas les bras croisés. » En tout état de cause, on n’a pas besoin d’un devin pour comprendre que ce n’est pas ce qui fera revenir les touristes dans notre pays. A supposer que les bons touristes acceptent de se promener, chacun avec un garde du corps en treillis dans les villages dogons ou les campements de Tombouctou, Kidal ou encore Gao, mais la preuve a été faite (dans l’esprit des Européens en tout cas) que nulle part au Mali il n’existe de sécurité pour personne, pas en tout cas pour les étrangers, puisque l’apprenti- terroriste qui a tenté d’attaquer l’ambassade de France à Bamako, non content d’avoir tenté en pleine capitale son action d’éclat, a réussi à s’évader, pour être ensuite rattrapé à Gao, à quelques kilomètres seulement des bases d’Al Qaïda  au Maghreb islamique (Aqmi). Par ailleurs, les touristes viennent dans notre pays pour la convivialité de notre peuple, pour la liberté qui s’attache à l’immensité de notre espace désertique qui fascine, mais pas pour être confinés dans des petits périmètres sécurisés. Au lieu de garantir la paix et la sécurité à tous, donc aussi aux citoyens maliens qui vivent la peur au ventre dans les régions nord, on nous parle de sécurisation de corridors et de sites touristiques. Rien donc qui puisse donner espoir ni aux professionnels du secteur du tourisme, encore moins aux citoyens qui, pour une énième fois, ont le sentiment que jamais ils ne disposeront de si tôt  de leurs terres, de leurs pâturages et autres biens laissés aux mains de Al Qaïda.

 

Piyahara Diamouténé

 

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