Dans la Cité des Trois caïmans, les policiers lourdement armés font désormais partie du décor. En faction aux carrefours ou en patrouille, ils veillent au grain et sont prêts à intervenir
Le grand banditisme a pris du galon à Bamako et ses alentours. L’attaque spectaculaire d’un client devant Ecobank, en pleine journée, en a rajouté à l’anxiété des habitants de la capitale, non habitués à cette forme de braquage plutôt courante dans d’autres métropoles. Pour rassurer les populations, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré, a engagé des mesures de renforcement sans précédent de l’action des forces de sécurité. Les résultats restent encore contrastés, mais la montée en puissance du dispositif est très marquée sur le terrain.
D’ordinaire, il n’y a que les agents de la circulation routière sur les artères principales de la capitale. Mais depuis quelques semaines, on aperçoit des éléments de la Brigade anti criminalité (BAC) et du Groupement mobile de sécurité (GMS), lourdement armés, pour parer à toute éventualité.
Dans la Cité des Trois caïmans, les policiers lourdement armés font désormais partie du décor. Presque tous les points stratégiques de la ville, comme le Monument de l’indépendance ou encore le carrefour du Grand hôtel, sont protégés depuis cette attaque à l’arme lourde et en plein jour devant une grande banque.
En plus des centaines de policiers de la BAC, il y a les piquets d’intervention de la Garde nationale et de la Gendarmerie, pour protéger des secteurs à fortes densités de populations. Tous ces agents sont surtout prêts pour réagir en cas de besoin.
Dans notre capitale, jamais, les forces de sécurité n’ont été aussi visibles sur le terrain. C’est d’ailleurs l’un des objectifs recherchés : être vu pour rassurer d’une part ; et dissuader les forces du mal, d’autre part. «Dissuasifs et répressifs, les policiers contraignent par leur simple présence tout bandit à réfléchir par deux fois avant de passer à l’acte», précise-t-on dans l’entourage du général Salif Traoré.
« C’est rassurant », reconnait cet usager. «La sécurité, ce n’est pas seulement arrêter les délinquants, c’est aussi faire en sorte que la population se sente véritablement en sécurité dans son environnement quotidien», estime Seydou Bakayoko, rencontré au rond-point du Grand hôtel. S’il salue l’engagement des forces de l’ordre, cet habitant de la commune III regrette tout de même cette situation d’insécurité.
A l’affût du moindre mouvement suspect, le sergent A.T explique : «On est prêt à pourchasser tout fauteur de trouble ».
Quelques kilomètres plus loin, au Monument de l’indépendance, d’autres policiers armés et vêtus de gilet pare-balles veillent. Pas de véhicule, à notre passage (Ndlr, vendredi 25 novembre dernier), mais des motos.
Amadou Samaké, 37 ans, un habitué du coin, accueille ce nouveau dispositif avec enthousiasme. « Depuis qu’ils sont là, on se sent en sécurité », affirme le jeune homme, encore marqué par l’attaque d’Ecobank au cours de laquelle un jeune homme a été grièvement blessé et dépouillé de plusieurs millions de nos francs, sans que les policiers postés à quelques 50 mètres puissent intervenir. « Touchons du bois ! Mais, partout où ce scénario se reproduira, les agents, désormais bien armés, pourront intervenir », estime M. Samaké.
Jusqu’à nouvel ordre. Le nouveau dispositif ne comporte pas que des agents en faction. Des éléments de la BAC patrouillent à travers la capitale. Ils assurent, eux aussi, des missions de surveillance et de protection des personnes et de leurs biens contre les bandits de tout acabit. Quoi de plus rassurant!
« Les rondes ont été densifiées, les contrôles sont renforcés, particulièrement au niveau des hôtels et des carrefours. Les patrouilles diurnes et nocturnes sont permanentes partout à travers la ville de Bamako. Il y a aussi un centre de vidéo surveillance qui couvre le District», énumère le commissaire principal Bakoun Kanté, conseiller technique, chargé des opérations au ministère de la Sécurité et de la Protection civile.
«C’est de la visibilité de l’action des forces de sécurité que naît la tranquillité de nos concitoyens», insiste-t-il, en insistant sur l’impact positif de ces nouvelles mesures. « Il y a eu beaucoup d’interpellations au niveau des carrefours.
Et depuis que ces mesures sont en vigueur, on ne nous a pas saisis de cas de braquage à Bamako et environnants », se félicite l’officier de police, rencontré dans son bureau le vendredi 25 novembre 2016. C’est dire que le redéploiement généralisé des agents sur le terrain se solde par des résultats encourageants. Voilà pourquoi, «ces opérations demeureront jusqu’à nouvel ordre». En d’autres termes, ces mesures resteront en vigueur tant que la situation sécuritaire le commandera.
Cependant, ce dispositif, aussi conséquent qu’il puisse paraître, ne dissipe pas le sentiment diffus de crainte chez certains Bamakois. Ils sont loin d’avoir l’esprit tranquille, non seulement en traversant la ville, mais dans leur propre quartier de résidence, dans la périphérie.
Dans le silence de sa boutique, Béchir explique que ces nouvelles mesures ne soulagent en rien ses inquiétudes. Et de marteler : «c’est du trompe-l’œil. Et puis, il y aura toujours plus de bandits, car les jeunes n’ont pas de travail».
La dame qui vend des légumes, devant la boutique de Béchir, est tout aussi pessimiste. «Tant que les jeunes continueront à trimer dans ce pays, le phénomène du banditisme ira crescendo», soutient Ramatou Diarra.
Alors la présence des policiers armés ? Non, pour elle, ce n’est pas davantage rassurant. «Maintenant que ces policiers sont presque partout, on n’est pas à l’abri de bavures …».
Si la sécurité relève de la compétence des autorités, les populations aussi ont leur part de responsabilité et, surtout, un rôle à jouer dans la sûreté de la ville. Entre autres, se soumettre aux contrôles des agents, signaler les agissements ou comportements manifestement indicateurs d’un acte malveillant…
« Elles doivent collaborer avec les forces de l’ordre », insiste Bakoun Kanté. Encore que le mauvais comportement de certains agents n’encourage nullement les citoyens à les aider. Mais puisqu’en les aidant nous nous aiderons nous-mêmes, nous devons collaborer. Cela n’exonère pas les agents ripoux d’un changement de comportement.
Issa Dembélé
Frere toure essaye d etre un peu optimist.
Tu est trop pessimist dan tout tes comentaires.
Merci
La sécurité est une affaire nationale et concerne tous un chacun d’entre nous et chaque malien a sa part de responsabilité à jouer dans ce secteur vital pour tous.
Tout ça, c’est pour le sommet qui se tiendra prochainement à Bamako. Vous verrez bien qu’après le sommet, ces unités disparaîtront comme si elles n’avaient pas existées. C’est ce folklore qui est déplorable dans notre pays. Dans le cas du Mali, vu l’ampleur de l’insécurité, ces mesures devaient être prises depuis longtemps. Mais il faut l’approche de cet événement pour que se déploient ces unités qui dormaient dans les casernes depuis longtemps, sans aucune mission précise. Et dire qu’il y avait manque d’effectif, rien que du cinéma.
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