«Comment pouvez-vous considérer les citoyens comme des idiots», «si le Gouvernement savait, il n’allait pas imposer ce projet», «respectez notre choix, à bas l’AMO, halte aux prélèvements arbitraires ; rendez-nous nos sous, nous n’allons pas lâcher prise jusqu’à l’abandon». C’était, entre autres, les slogans que scandaient les manifestants qui ont pris part à la marche nationale de protestation contre l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO).
Cette gigantesque marche qui a eu lieu, le mardi 24 mai 2011, a mobilisé environ 2.000 de personnes qui tenaient à exprimer leur indignation face à la volonté du Gouvernement d’imposer l’Assurance Maladie Obligatoire.
On pouvait aussi lire sur les pancartes : «nous nous opposons à ce projet impopulaire jusqu’au bout», «tout sauf la caution de la Centrale syndicale, CSMT», ou encore «nous voulons nos sous, nous voulons le respect de nos choix, laissez-nous à nous-mêmes». Ces propos teintés de colère et d’indignation décrivent l’ambiance de l’évènement et le sentiment général des corporations syndicales qui se sentent trahies par nos plus hautes autorités.
La contestation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) par la CSTM, COSES, SYLTAE, SPN vient de prendre une dimension nationale et politique. D’une part avec l’organisation de cette marche conjointe sur l’étendue du territoire nationale et d’autre part, avec la participation de l’honorable Oumar Mariko.
La marche est partie du siège de la CSTM, sous une forte escorte de la gendarmerie et de la garde nationale vers 9 heures 30 minutes en passant l’Avenue du fleuve, la place de la liberté en contournant l’ex-bar Mali pour prendre fin au Monument de l’indépendance.
Des sources non officielles ont évalué à près de 2000 manifestants, ceux qui ont pris part à cette marche. Décidées d’obtenir l’arrêt des prélèvements sur les salaires, les différentes corporations syndicales hostiles à l’application de l’AMO, n’entendent pas s’arrêter à cette marche nationale. Selon les organisateurs, troisième du genre depuis le début de la crise, cette marche n’est que le début d’une stratégie qui fonde sa détermination de maintenir la pression sur le Gouvernement qui refuse de respecter la volonté des travailleurs. «Pour faire fléchir le Gouvernement, nous allons accentuer la pression populaire. Dans un Etat démocratique, la légitimité du pouvoir revient au peuple. Partant de ce principe, il n’est pas acceptable, pour nous, de laisser nos responsables nous imposer l’AMO». C’est ainsi que s’exprimaient certains manifestants lors de cette démonstration de force de la CSTM, de la COSES, du SYLTAE et du SPN.
Le Secrétaire général du Syndicat National de la Police (SPN), Simon Keïta dans son adresse aux manifestants, a expliqué les raisons de l’incident lors du défile du 1er mai 2011 entre les policiers et les responsables de l’UNTM. «Le Secrétaire général de l’UNTM, connaissant notre position par rapport à l’AMO, a pris toutes les dispositions pour manipuler certains éléments de la police pour soutenir sa position contraire à celle du Syndicat National de la Police. Siaka Diakité n’est pas un syndicaliste, il est devenu plutôt un instrument du Gouvernement pour imposer l’AMO. Cela se justifie par les 105 millions qu’il a pris comme pot-de-vin pour l’organisation du 1er mai et son budget de fonctionnement. L’AMO est un vol par rétention. Nous ne sommes pas prêts à nous soumettre à ce projet», a-t-il martelé. Il a ajouté que cette contestation n’a aucune connotation politique, mais qu’il s’agit de défendre les intérêts des travailleurs. «Notre lutte n’est pas contre le régime. Nous nous battons contre l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO)», a-t-il expliqué.
Selon le Secrétaire général de la CSTM, Amadou Amion Guindo cette troisième marche est le témoignage de la bonne volonté de ses militants de maintenir le dialogue social. «Depuis la déclaration du Gouvernement le 20 avril 2011 sur l’aspect facultatif de l’AMO jusqu’à nos jours, la CSTM n’a reçu aucun document officiel pour notifier cette décision. Le Gouvernement ne fait rien pour apporter une solution à cette crise sociale. Nous demandons juste l’arrêt des prélèvements sur nos salaires», a-t-il conclu.
Mais ce que les organisateurs de cette manifestation ne laissent pas dévoiler, c’est le glissement dangereux du dossier sur le terrain politique.
La présence remarquée du patron de SADI, Dr Oumar Mariko, ne doit tromper personne. Surtout les pouvoirs publics qui, déjà, se retrouvent coincés entre le marteau des partis politiques et l’enclume des menaces terroristes. Doit-on oublier le flair opportuniste du Dr Mariko ?
«Quand un mouvement social se déclenche, on ne sait jamais à quoi il peut aboutir. En tout cas si le peuple n’est pas d’accord, l’Etat est obligé de revenir sur sa décision par respect pour la volonté du peuple souverain», soutient-il. La transition est donc tout trouvée entre une contestation syndicale et un embryonnaire soulèvement politique.
Prions pour qu’aucune erreur ne pousse davantage le bouchon, déjà trop enfoncé.
Mais par ailleurs, d’autres rumeurs sur l’éventuelle arrestation du secrétaire général du syndicat de la police ont circulé pour des raisons qu’il faut chercher à savoir.
Nouhoum DICKO