M. Luc Togo, directeur national de la protection sociale et de l’économie solidaire à propos de l’Assurance Maladie Obligatoire « Dans le domaine de la protection sociale, l’AMO est l’une des plus grosses reformes du Mali depuis l’indépendance»

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Pour en savoir plus sur l’AMO (Assurance Maladie Obligatoire), nous avons approché l’un des acteurs (techniciens) qui ont eu une participation active dans sa mise en place. Il s’agit de M. Luc Togo, directeur national de la protection sociale et de l’économie solidaire qui est revenu de long en large, au cours d’un entretien qu’il a bien voulu nous accorder, sur l’historique de cette réforme.

Le Prodess (Programme décennale de la santé, 1997), le CSLP (Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté), la DPG (Déclaration de politique générale) du gouvernement, le PDES (Programme de développement économique et social, initié par ATT), sont autant de documents qui ont prévu la mise en place de l’AMO en vue d’assurer progressivement une véritable couverture sociale de la population notamment la mise en place d’un mécanisme de prise en charge de la maladie. A ceux-ci, s’ajoute la création du ministère du développement social, de la solidarité et des personnes âgées en 2001 dont la feuille de route accorde une place de choix sans oublier la constitution du Mali qui dispose que la population a droit à la santé. L’ensemble de ces rappels a été fait par M. Luc Togo, directeur national de la protection sociale et de l’économie solidaire.

Dialogue entre les services techniques de l’Etat et les partenaires sociaux

A partir de 2003, selon notre interlocuteur, le dossier a été relancé de façon soutenue à travers des études de base, des réunions thématiques avec les services techniques de l’Etat et les partenaires sociaux. En parlant de ces partenaires, M. Togo évoque particulièrement la CSTM (Confédération Centrale des travailleurs du Mali), l’UNTM (Union Nationale des travailleurs du Mali), le Conseil National du Patronat et l’Association des retraités. A l’issue de ces concertations, plusieurs scenarii ont été arrêtés mais le choix a été porté par les uns et les autres sur les cotisations et la création d’une caisse. Par la suite, il y a eu les projets de textes autour desquels plusieurs concertations ont été faites entre les services techniques de l’Etat et les mêmes acteurs sociaux cités. L’objectif de ces concertations était de recueillir les avis des uns et des autres avant que les textes ne soient soumis au gouvernement. C’est ainsi que la loi sur l’AMO a été adoptée en juin 2009. Mais avant cette adoption, les partenaires cités avaient donné leur aval. En effet, le secrétaire général de la CSTM , Hamadoun Amion Guindo avait, dans sa lettre du 22 avril 2008 adressée au ministre du développement social de la solidarité et des personnes âgées, salué l’initiative et donné son accord. Le secrétaire général l’UNTM Chiaka Diakité avait également donné son accord dans sa lettre du 7 juillet 2008, adressée au ministre du développement social de la solidarité et des personnes âgées. Il en va de même pour le Patronat. Il convient de souligner également que tous ces partenaires ont pris part à la rencontre d’août 2010 en prélude au démarrage de l’AMO. Curieusement, c’est la CSTM de Hamadoun Amion Guindo qui crie en dénonçant la même loi dont l’élaboration a enregistré sa participation active. Pour justifier sa protestation, la CSTM affirme qu’elle n’a pas été consultée. Toute chose que réfute le directeur national de la protection sociale et de l’économie solidaire. Avec l’humilité qu’on lui reconnaît, M. Luc Togo a répliqué en ces termes « Je regrette car les partenaires sociaux particulièrement la CSTM , l’UNTM, le Conseil National du Patronat et l’Association des retraités, ont été consultés et associés concernant la mise en place de l’AMO et du FAM (Fonds d’Assistance Médicale)».

Les avantages de l’AMO

Parmi les avantages liés à l’AMO, on note la prise en charge de l’hospitalisation ambulatoire, des examens médicaux (essentiels) et des médicaments. Pour ce faire, l’Etat cotise à hauteur de 4,4% du salaire du fonctionnaire et celui-ci lui-même cotise à hauteur de 3,06 %. Pour un travailleur du privé, son patron (employeur) cotise à hauteur de 3,5% et la contribution du travailleur est de 3,06 %. Quant au retraité, il cotise à hauteur de 0,75%. A noter qu’outre le bénéficiaire de l’AMO, il y a sa femme ou ses femmes, ses enfants et ses ascendants qui seront pris en charge.

Au cours de l’entretien, le directeur national de la protection sociale et de l’économie solidaire a donné l’assurance en ce qui concerne le souci de gestion. Ce souci, dit-il, est déjà pris en charge par l’Etat. Là-dessus, il rappelle la bonne gestion relative aux retraités qui bénéficient des fruits des 4% qui ont été prélevés au moment où ils étaient en activité.

A la fin de l’entretien, le directeur national de la protection sociale et de l’économie solidaire, M. Luc Togo dit que l’AMO même si elle est perfectible, elle est l’une des plus grosses reformes du Mali depuis l’indépendance dans le domaine de la protection sociale. Selon lui, il ne faut pas que le concept ‘’obligatoire ‘’rebute les gens.

LS

Marche de protestation contre l’AMO

La CSTM et des syndicats affiliés s’agitent

La confédération syndicale des travailleurs du Mali, la coordination des syndicats de l’enseignement secondaire, le syndicat des greffiers et secrétaires de greffes et parquets, le syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères, la section syndicale de la police nationale, ont organisé le mardi dernier une marche pacifique l’AMO (Assurance Maladie Obligatoire). « Par cette marche pacifique, nous protestons et disons non à l’obligation de l’assurance maladie ». Par ailleurs, ils ajoutent « nous exigeons l’arrêt immédiat des prélèvements sur nos salaires et nos pensions d’une part et le remboursement des retenus opérées d’autre part ». Les marcheurs disent qu’ils n’ont pas été consultés avant le démarrage de l’AMO ! La marche a commencé au siège de la CSTM pour prendre fin à la primature en passant par notamment l’école Sainte Thérèse et la place OMVS. A la primature, le secrétaire général de la CSTM , Hamadoun Amion Guindo a lu une déclaration au nom du collectif avant de la remettre au directeur de cabinet du premier ministre. Ce dernier a affirmé qu’ils ont pris acte de la déclaration.

Anta H.

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