C’est en substance le message livré par le Secrétaire général de la section syndicale de la police nationale, Siméon Kéïta, lors d’une assemblée générale. C’était le jeudi 31 mars dans la cour du Groupement mobile de sécurité (GMS) devant une foule des grands jours. Dans une communion, les policiers ont rejeté l’assurance maladie obligatoire (AMO) et menacé d’aller en grève illimitée à la fin de ce mois d’avril.
L’assemblée générale ordinaire du jeudi 31 mars était animée par les camarades Siméon Kéïta, Secrétaire général de la section syndicale de la police et son adjoint Siriman Fané. L’ordre du jour portait sur la restitution de la tournée syndicale de la SPN, effectuée du 1er au 20 mars 2011, l’assurance maladie obligatoire et les divers.
Premier à prendre la parole devant les militants, le Secrétaire général adjoint de la SPN, le Sergent-chef Siriman Fané, s’est fait le devoir de restituer, fidèlement, la tournée effectuée il y a deux semaines par le bureau exécutif.
Selon lui, sur les huit points de doléances seul celui relatif à l’avancement à titre exceptionnel pour cause d’année du Cinquantenaire de notre pays a fait l’objet de désaccord. Les autres ont été soit exécutés ou en cours d’exécution.
Il s’agit du statut particulier des fonctionnaires de police, du dédommagement des fonctionnaires de police ayant subi des préjudices lors des attaques des commissariats à Kita, Kadiolo, le 7ème arrondissement à Bamako, etc. Là, le syndicat a été heureux de constater que certaines victimes ont commencé à percevoir leur dédommagement.
La dotation en arme individuelle et en arme collective et en tenue a fait l’objet de débats houleux. Si les policiers continuent de recevoir leur arme au niveau du magasin, force est de reconnaitre que la dotation en tenue constitue la pierre d’achoppement. Car, d’après les responsables syndicaux, après la célébration du 22 septembre 2005, la police n’a plus reçu de dotation collective en tenue. Le ministre de tutelle saisi aurait rétorqué que cela est dû à l’insuffisance du budget et au nombre assez élevé de recrutements annuels.
En effet, à en croire le ministre Gassama, chaque année, ce sont 700 jeunes recrues qui sont mises à la disposition de la police. La doléance relative à la tenue est d’une sensibilité extrême. Car, elle fait ressortir une gestion archaïque et opaque du budget.
En effet, depuis 2004, la Direction générale de la police nationale (DGPN) a été sevrée du budget de la police et n’est point consultée dans la passation du marché, que d’aucuns qualifient de gré à gré, que le département traite annuellement avec un opérateur économique étranger. Ce, contre l’orthodoxie de la passation des marchés publics.
Abusant du monopole à lui offert, ce dernier fait quasiment ce qu’il veut. C’est pourquoi, bien que dans les documents du marché il est dit que les matériels fournis sont de marque française et facturés comme tels, le fournisseur livre des produits de marque chinoise, nettement moins chère et de piètre qualité.
Face à cette situation révoltante, la SPN a demandé que la Sous-direction des finances et du matériel soit impliquée dans la passation du marché. En vain. Mais, elle dit ne jamais baisser les bras pour se faire entendre.
Le dernier point a été développé par le Secrétaire général de la SPN, Siméon Kéïta. Il avait trait à l’assurance maladie obligatoire (AMO).
Suite à sa tournée, les militants ont exprimé leur refus et demandé la cessation pure et simple du prélèvement effectué sur leurs salaires. Mieux, ils exigent d’être remboursés sur les montants déjà prélevés. Le ton a été, sans équivoque, donné par le Secrétaire général de la SPN : “En fin avril, si les prélèvements ne cessent pas et les montants prélevés restitués, nous irons en grève illimitée“.
Cette menace, qui a été applaudie par les militants, en dit long sur la détermination des policiers à dire non à l’AMO. D’ailleurs, le premier Secrétaire général de la SPN, le major Hamidou Togola, est allé plus loin : “L’AMO n’est ni plus ni moins qu’une escroquerie d’Etat. L’Etat est en train d’escroquer ses propres employés. L’escroquerie étant punissable, nous demandons de poursuivre l’Etat devant les tribunaux“.
Dans cette lancée, le Secrétaire général a rappelé la marche de protestation de la CSTM le 5 avril et la grève des 2 et 3 mai de la COSES contre l’AMO.
En divers, il a été question de la plainte de l’élève commissaire, Tidiane Coulibaly, contre le bureau exécutif de la SPN. Selon Siméon Kéïta, le Directeur général de la Gendarmerie a adressé une correspondance au DG de la police pour que neuf fonctionnaires de police, dont le SG de la SPN, soient entendus pour les besoins de l’enquête.
Réagissant à cette information, les policiers ont globalement opposé une fin de non recevoir.
Diakaridia YOSSI