L’Assurance Maladie Obligatoire Preuve de solidarité affichée !

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Instituée par la loi n° 09- 015 du 26 juin 2009, l’Assurance maladie obligatoire (AMO) garantit les prestations sanitaires des fonctionnaires civils et militaires, des fonctionnaires des collectivités territoriales, des travailleurs salaries, des parlementaires et des titulaires de pensions. Les prélèvements sur les  salaires ont démarré en novembre 2010, mais l’AMO est réellement entrée dans sa phase active le 1er mai 2011. Dès lors les avis sont partagés sur la question.     

                                      

Le Mali avec cette reforme vient de témoigner de sa vocation de pays de solidarité sous la houlette du président de la République Amadou Toumani Touré. Par cet acte Zounzani 1er démontre que la santé des travailleurs et celle des populations maliennes est au cœur de sa politique de gofernance. L’AMO est fondée  sur quatre principes à savoir la solidarité, la mutualisation des ressources et des risques, la contribution et le tiers payant. Les taux de cotisation sont établis comme suit : Etat employeur 4,48%, employeur privé 3,50%, fonctionnaires salaries 3,06%, pensionnés (retraites veuves) 0,75% et assurés volontaires 6,56%. Les assurés et leurs ayants droits bénéficient des soins préventifs et curatifs, les actes de médecine générale et de spécialités médicales et chirurgicales, les soins relatifs au suivi de la grossesse, à l’accouchement, les analyses de biologie médicale, la radiologie et l’imagerie médicale, les médicaments ainsi que les soins bucco- dentaires. La gestion de ces volets est confiée à la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM) créée par la loi n’09 – 016/ AMRM du 26 juin 2009. S’agissant du taux de prise en charge des soins, la CANAM prend en charge les frais à hauteur de 80% pour les hospitalisations et 70% pour les soins ambulatoires. Toutes choses qui sont rejetées par une frange de la population.    

                                                                                              

Pour rappel

Le mardi 5 avril 2011, les organisations syndicales ont manifesté leur mécontentement à travers une marche contre l’AMO. Il s’agit de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM), la Coordination des syndicats de l’enseignement secondaire (COSES), le Syndicat des greffiers et secrétaires de greffes et parquets (SGSP), le Syndicat libre des travailleurs des affaires étrangères (SYLTAE) et le Syndicat de la police nationale (SPN). Ce jour là, les marcheurs scandaient des propos comme : " Non à l’AMO " puis en chœur les voix retentissaient " A bas l’escroquerie ". Tout au long du parcours conduisant au siège de la CSTM du quartier du fleuve à la primature, on pouvait lire sur les banderoles " Ne touche pas à nos salaires ". A l’époque, les marcheurs étaient stoppés par un cordon de sécurité de la gendarmerie devant la primature. Après quelques incompréhensions et échanges de mots durs tout finit par rentrer dans l’ordre. Les leaders syndicaux avec à leur tête Hamadoun Amion Guindo, ont été autorisés à franchir l’entrée principale de l’ancienne maison du peuple. A l’accueil le directeur de cabinet de la primature Makan Fily Dabo reçoit ses hôtes avec les civilités requises. Il a promis de transmettre à qui de droit la déclaration lue par le Secrégé de la CSTM. Madame Cissé Mariam Kaïdama venait d’être nommée à la tête du gofernement le 3 avril 2011, elle avait plutôt les yeux rivés sur la formation de son équipe. Quelques jours plus tard les mêmes syndicats battent le pavé  pour leur non adhésion à l’AMO. Cette fois-ci, les syndicats ont rebroussé chemin pour avoir été reçus à la primature par le ministre du développement social, de la solidarité et des personnes âgées Harouna Cissé et en présence de celui en charge de la communication et porte parole du gofernement Sidiki N’Fa  Konaté. Pourtant " la cheffe " a fini par sortir de son bureau pour les accueillir. Trop tard ! Malgré ces marches de protestation, nombreux sont les Maliens qui vantent les bienfaits de l’assurance maladie obligatoire. Parmi ceux -ci il ya les travailleurs affiliés à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Dans le souci de l’apaisement et la prise en compte de l’avis de tous les travailleurs, l’Etat a rendu l’AMO facultative lors du conseil des ministres tenu le 20 avril 2011.

 

Les Maliens apprécient

Madame Touré Doussou Sangaré enseignante au Lycée Technique de Ségou

 L’Assurance maladie obligatoire (AMO) en soi- même  c’est une bonne chose, mais c’est son application qui pose problème parce que prélever de l’argent comme ça sur les salaires des travailleurs sans qu’ils soient d’accord c’est le hic de la question. La mise en œuvre de l’AMO devrait être volontaire au début comme ça les premiers qui vont adhérer volontairement par la suite, si c’est vraiment une bonne chose les autres vont adhérer sans problème. Sinon en réalité c’est une bonne chose. Pour attirer davantage les gens, il ne faut pas que ça soit obligatoire parce qu’on a prélevé 8 à 10 mois sur les salaires des gens. Ceux qui ne sont pas d’accord on doit les rembourser et on doit partir sur de nouvelles bases. Si c’est volontaire les uns et les autres vont adhérer d’eux-mêmes sans qu’on les appelle.

 

Dr Abdoulaye Mohamed Lamine Traoré médecin généraliste au CSCOM de l’Hippodrome

Au jour d’aujourd’hui, nous ne sommes pas prêts pour l’AMO. Je préconise la dotation des structures sanitaires  en personnel  suffisant. Pour renverser la tendance, la sensibilisation peut aussi faire son effet. Les gens viennent avec la carte de la mutualité. Ils sont soignés à moindre frais. Je pense qu’au lieu de créer chaque fois de nouvelles choses, il faut encourager l’existant et mettre du sérieux  pour que la prise en charge des assurés et leurs  ayants  droits évolue. L’AMO n’est pas prise en compte parce qu’on n’a aucun support juridique et de médecin répondant à cela.

 

Pr. Zanafo Ouattara Chef du service d’urologie à  l’hôpital Gabriel Touré

C’est la plus belle chose que l’Etat peut donner à ses fonctionnaires et apparentés parce que ce n’est  pas au moment où la personne est sur le lit d’hôpital qu’il faut lui demander de payer. Il faut payer avant pour se faire soigner ensuite. Je crois que si l’Etat offre ça, à ses fonctionnaires, ses parlementaires, ses militaires c’est le beau cadeau  qu’il  puisse  leur faire.

La prise en charge au sein de mon service, le patient quand il rentre par le bureau des entrées munit de sa carte AMO à partir de cet instant on lui donne des feuillets pour le service où il va. Le service d’accueil  prend en charge en ce sens qu’il fait la consultation et prescrit les examens qu’il juge nécessaires pour la maladie. Et ces examens sont prescrits sur un feuillet spécial donné par la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM) avec ledit document,  il se présente au laboratoire de l’hôpital ou le service  de  radiologie. Si d’aventure l’un des examens n’est pas faisable à l’hôpital, la structure d’accueil  le réfère à son homologue en dehors de CHU Gabriel Toure avec un feuillet correspondant et en principe le patient n’a pas de difficulté sauf qu’il doit aller d’un laboratoire à un autre. Le patient paye une modique somme qu’on appelle le ticket modérateur.

 

 Ahmed Baba contrôleur à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM).

 Je vous rappelle tous les Centres de santé de référence (C.S.F) de Bamako et ceux des régions sont  conventionnés à la CANAM et en même temps tous les hôpitaux que ça soit à Bamako ou  à l’intérieur du pays sont aussi conventionnés à cette structure. Dans toutes ces structures sanitaires, l’assuré peut bénéficier des prestations de l’assurance maladie obligatoire. Le plus important quand un assuré vient dans une structure publique. Il trouvera au niveau du guichet un médecin de la CANAM. En se présentant soit avec le récépissé AMO, la carte d’assuré AMO, le numéro matricule du fonctionnaire ou la carte INPS, le patient est pris en charge. La consultation générale  fait 1000F et celle spécialisée 1500F CFA. Avec la première consultation, le patient paye seulement 300F et à la seconde  il débourse 450F au niveau du guichet. En clair, pour tous les cas ambulatoires (sans hospitalisation) le patient paye les 30%. Mais si le malade est hospitalisé au lieu de payer les 30% il n’aura qu’à sa charge les 20%. L’AMO aussi  prend en charge tous les médicaments DCI et  spécialités. C’est de dire  que beaucoup d’officines privées sont  conventionnées à la CANAM.                       

A l’hôpital  de Kati nous n’avons pas moins de 40 assurés par

semaine. Bamako est en tête de peloton avec plus de 60 assurés par semaine au CHU Gabriel Touré.  

 

Madame Tanta Cissé ménagère, bénéficiaire rencontrée au CSF de  Lafiabougou

Je bénéficie de l’AMO à travers mon mari qui est fonctionnaire, mais il ne travaille pas à Bamako. Moi en tant que femme j’ai réellement tiré profit de l’AMO et durant toute ma grossesse  je venais en consultation chez mon gynécologue, je n’ai jamais eu de  problème. A la sortie,  j’ai aussi bénéficié de mes médicaments. Au Centre de santé de référence de la commune IV, j’ai été hospitalisée puisque j’ai accouché par césarienne. J’ai fait cinq jours au lit d’hôpital normalement je devrais payer 25.000FCA  grâce à l’Assurance maladie obligatoire je n’ai donné que les 20%. Je me souviens encore je n’ai payé qu’environ  4.000F à la sortie. J’invite les gens qui n’ont pas encore adhéré à l’AMO de s’y intéresser.                                                                                                                                                                             

Mon enfant aussi a été hospitalisé. Il a été transporté  de Lafiabougou  à l’hôpital Gabriel Toure pour suivre des soins  à la pédiatrie, juste après mon accouchement là on n’a eu aucune difficulté.

 

Namory  KOUYATE

 

A ce jour, les structures conventionnées sont :

Les Etablissements publics, hospitaliers : hôpitaux nationaux, régionaux (13) ;

Les Etablissements publics d’analyse de biologie médicale (2) ;

Les Districts sanitaires (42 centre de santé de référence dont 3 à Bamako) ;

Les officines de pharmacie de Bamako (80) ;

Les offlines de pharmacie dans les régions (41) ;

Les laboratoires privés d’analyse de biologie médicale(1).

 

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