Balla Seye, est un enseignant-chercheur qui donne constamment son point de vue sur les problèmes du Mali en crise. Selon lui plus rien ne va au Mali qui fait face aux violences intercommunautaires, aux djihadistes, aux terroristes, aux sécessionnistes, et autres assassinats ciblés, comme conséquence des villages incendiés, des vols et des détournements des derniers publics. Tout cela est la conséquence du manque de vision claire de nos gouvernants.
Si les voisins du Mali luttent pour leur développement, nous, Maliens sommes confrontés à des problèmes de leadership, de Pseudos conflits ethniques et de guerre contre les fous de Dieu. Dans ces conditions, il n’est point question de parler pour l’instant de développement lorsque la survie de la nation est menacée. Le souci principal semble être notre survie et la préservation de l’intégrité de notre territoire. Du coup, l’éducation, la justice, la santé, l’agriculture et même la salubrité publiques sont renvoyées aux calendes grecques. Quelle honte nationale pour un pays réputé pour son courage à vaincre le sous-développement !
Le seul choix possible dans ces conditions pour les Maliens est simple : Vaincre dans l’union ou périr dans la division selon cet universitaire. En effet, au-delà des mots et des maux, l’incapacité notoire des pouvoirs publics de nous sortir de ce bourbier est manifeste et il est désormais du devoir de chaque Malien de s’interroger sur le cauchemar que nous sommes en train de vivre et qui n’augure rien de bon. Dans cette situation, une analyse succincte de la situation qui prévaut ainsi qu’une réflexion tempérante sur la conflagration qu’est la nôtre permettront sans nul doute de séparer le bon grain de l’ivraie.
Au commencement, l’embrasement était prévisible puisque la situation perdurait depuis le début des années 1960. Simplement, par manque de volonté, nous l’avons laissée s’éterniser, espérant qu’un miracle allait venir nous sauver ou pratiquer la politique de l’autruche afin d’éviter de prendre à bras le corps le problème et le régler une fois pour toutes.
N’empêche, les choses se sont passées tant bien que mal et nous étions enchantés de profiter d’un semblant d’ordre et de paix. Puis la guerre en Libye est passée par là et depuis lors, le pays est devenu un brasier où n’importe qui peut dire et faire ce qu’il veut et même prendre les armes contre ses frères si l’envie lui en prend. Du coup, les accusations sans fondement et les discours creux ne sont guère salvateurs et seuls la cohésion sociale, l’union sacrée de tous les Maliens et un véritable sursaut national permettront de faire face à l’adversité.
Que l’on ne s’y trompe donc pas, cette situation a été créée et est entretenue par une main qui se veut invisible et qui projette de diviser le pays en deux afin de profiter pleinement des immenses richesses du Nord. Pour ce faire, notre armée est muselée, privée de moyens et livrée à une pléthore de généraux dont la plupart ne sauraient même pas lacer leurs propres chaussures. Comment comprendre qu’une bande d’amateurs, formés à la hâte et sur le tas, puisse mettre en déroute une armée de professionnels, aguerris aux méthodes de combats ? C’est bien parce que celle-ci est paralysée et ne peut rien faire sans orientation claire et sans l’autorisation de ceux qui sont censés lui prêter main-forte.
N’empêche, les Maliens doivent se montrer beaucoup plus solidaires, ingénieux voir perspicaces afin de relever le défi de la paix et poursuivre sereinement le développement du pays. Pour ce faire, il y a des choses sur lesquelles il importe d’insister. Tout d’abord, la richesse culturelle et ethnique de notre pays est indéniable et il n’est nul besoin d’être devin pour savoir que les comportements inhumains et dégradants que l’on prête à telle ou telle ethnie ne sont qu’un artifice coupable.
La vérité est que les nombreuses frustrations, nées du désœuvrement des populations et de l’incapacité des autorités à les rassurer, ont fini par l’emporter sur la cohésion sociale. Du coup, les dissensions latentes émergent doucement. Pendant ce temps-là, les problèmes du Nord sont occultés et tous les regards sont tournés vers le centre où quelques caïds miséreux terrorisent les populations et font la pluie et le beau temps. Notre armée se doit de reprendre rapidement ces zones-là, en désarmant sans état d’âme tous les groupes armés. Elle doit ensuite multiplier les patrouilles, être aux aguets et tuer dans l’œuf toute tentative de rébellion ou de sécession.
Mais pour cela, elle doit au préalable reconquérir le cœur des populations locales dont elle s’est petit à petit éloignée, faute de moyens et de volonté. Il va de soi en effet que si les populations recommencent à avoir quelques égards envers l’armée, elles n’hésiteront pas à lui fournir des informations sur tous les mouvements suspects. C’est tout simplement dire que l’État doit montrer qu’il est fort, qu’il est présent et qu’aucun individu ne sera inquiété pour son ethnie, sa religion ou ses opinions, conformément à notre constitution. Toutes autres considérations ne sont que du remplissage, car nous ne manquons pas de soldats valeureux. Pour l’instant, la priorité doit être donnée au dialogue, qu’il soit inclusif ou non, aux activités, qu’elles soient intercommunautaires ou non, à la décentralisation, qu’elle soit accentuée ou non.
Ce n’est que dans ces conditions et uniquement que chacun se sentira concerné et aura l’impression que les choses bougent. A défaut, il ne faudrait pas s’étonner de voir, çà et là, persister des foyers de tension et des contestations qui ne seront que la manifestation d’un ras-le-bol général.
Le temps où les responsables de cette tragédie devront rendre compte viendra forcément. Ainsi le dialogue politique qui s’annonce devra être l’occasion de faire table rase des dissensions politiques, sociales et ethniques et d’aborder sans passion tous les sujets qui nous préoccupent, y compris ceux qui fâchent.
Seydou Diarra