L’Ecole de maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye a abrité une session spéciale de formation de militaires, de paramilitaires et d’agents administratifs devant servir au nord de notre pays. C’est avec le talent qui le caractérise que le Président Amadou Toumani Touré s’est fait le devoir d’expliquer sa politique sécuritaire au Nord de notre Pays. L’exercice est digne de louange au regard de l’importance de la question. Mais beaucoup sont restés sur leur fin pour ne pas dire frustrés du fait que le discours du Président ne laisse entrevoir aucune issue immédiate à une question qui, par ce qu’elle n’a jamais été prise à bras le corps après la Première République empoisonne la vie politique de notre pays depuis maintenant des décennies et hypothèque l’avenir du Mali.
Trente deux agents ont été ainsi formés en quelques semaines, une formation qui témoigne de la vocation de paix et de développement de cette prestigieuse Institution internationale. Le président Amadou Toumani Touré a rehaussé de sa présence cette formation lors de la cérémonie de clôture au cours de laquelle il a donné un cours magistral sur la paix au nord. La démonstration a cependant laissé les maliens plus sceptiques que jamais. Ceux qui en effet s’attendaient à ce qu’on nous annonce la fin de l’aventure d’Al Qaida au Maghreb islamique dans notre Pays en ont eu pour leur compte.
Chassés depuis le 24 Juin de la forêt du Wagadou par une opération lancée par les troupes mauritaniennes, les éléments d’AQMI n’ont pas franchi la frontière mais camperaient désormais selon certaines sources aux abords du lac Faguibine. Au mois de mai dernier, c’est une colonne forte de 60 véhicules 4X4 qui avait allègrement patrouillé pendant toute une semaine toute la région de Tombouctou, s’approvisionnant en vivres dans les foires hebdomadaires sans crainte et tentant de renouveler au passage leurs forces par de nouvelles recrues. Ces deux faits confirment une chose : c’est que Al Qaida même poursuivi se sent en sécurité au Mali plus que nulle part ailleurs et n’entend donc pas quitter notre Pays, où se trouvent certaines de ses principale bases au Sahara.
Le discours sur l’immensité de la zone Sahélo Saharienne. Le Sahara malien à lui seul vaut 750. 000 Km2, vaste étendue de territoire certes mais pas effrayant outre mesure, le Niger est encore plus vaste, l’Algérie, le Tchad davantage pour ne citer que ces pays là. En définitive, le discours sur l’immensité du territoire perd tous les jours de sa pertinence car ça se passe au Mali mais pas au Niger ni en Mauritanie moins encore en Algérie où l’épiphénomène est en passe d’être maîtrisé tant les islamistes toutes tendances confondues ont perdu l’espoir de prendre le pouvoir dans ce pays, du moins par la force. Et le président lui-même rend justice aux sceptiques en reconnaissant que le problème n’est pas au dessus de nos moyens. Or malheureusement, il n’y a qu’au Mali que Al Qaida a un mince espoir d’exister encore par ce que ici, on a gîte, couvert et autres commodités pour soi même et pour les otages, on peut même parader pendant une semaine, animer les foires hebdomadaires sans se faire canarder. Et plus de dix ans que cette situation de no man’s land existe au nord, qu’ à dix mois seulement de la fin du mandat présidentiel, qu’on nous dise aujourd’hui : patience, patience, oui patience l’unité du pays va être assurée, la paix et la sécurité vont être restaurées…Ça ne rassure personne,et vraiment personne au contraire, c’est une indication claire que ayant hériter le problème du régime de Alpha, ATT a bien envie de le léguer à son successeur. Chaque président aura bon dos en se disant je l’ai hérité de un tel pourquoi exiger que je trouve moi la solution finale.
Al Qaida doit quitter le Nord Mali ici et maintenant Al Qaida est un corps étranger venu de nulle part, sinon d’Algérie voisine, un mouvement terroriste qui n’a donc rien à voir avec la culture de paix, de tolérance religieuse de ce Mali multi ethnique et multi confessionnel et on ne peut pas cohabiter ce cancer, ce corps étranger de malfrats, de trafiquants, d’aventuriers sans repères et qui veulent faire perdre aux autres leur boussole, celle qui nous a guidé depuis des millénaires. Le président de la république a certes raison de mettre au cœur de son approche le développement économique et social. Il y a effectivement un grand besoin de fixer les populations autour de points d’eau et d’infrastructures scolaires et sanitaires.
Justement, un des objectifs des bandits c’est de faire en sorte que cela n’ait pas lieu, que la zone soumise à l’insécurité permanente ne puisse pas se développer pour que tous les bandits de tout acabit puissent se terrer là et continuer à faire de la misère des populations un fond de commerce. Il faut en finir avec cette nébuleuse d’apatrides et de renégats le plus tôt que possible car ce serait finalement un mauvais service que rendrait ATT à son successeur que de lui laisser un dossier bien pourri et qui a trop longtemps empoisonné la vie politique de notre Pays. O na quelques rares fois vu notre président en colère prendre des décisions fermes sur ce dossier quand les bandits avaient poussé l’outrecuidance à venir à Kwoula à quelques kilomètres seulement de Koulikoro après leur forfait de Nampala. Le président lui-même avait dit que trop, c’était trop et on avait vu les résultats sur le terrain. Aujourd’hui, les maliens pensent que ATT doit en finir avec cette gangrène qui nourrit tous les dangers pour notre Pays.
Ce serait en tout cas une belle touche finale d’un mandat nous le concédons qui n’a pas été comme les autres.
Piyahara Diamounténé