Faut-il avoir peur de l’Amo ?

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On assiste depuis quelque temps à une campagne organisée de désinformation, voire de dénigrement, du nouveau système de protection des travailleurs contre la maladie, en cours d’installation par le gouvernement. L’Amo n’a même pas démarré qu’elle est déjà lapidée. L’Amo ou l’Assurance maladie obligatoire. Obligatoire !!! Le mot fait peur… L’Amo fait peur

Ce mot devrait rassurer, au contraire : le caractère obligatoire de cette assurance est une garantie, la garantie d’une assurance solidaire, équitablement supportée par l’ensemble des travailleurs, pour le bénéfice de chacun, et notamment des plus fragiles.

Que disent les responsables ?
« L’Assurance maladie obligatoire est fondée sur quatre principes majeurs : la solidarité, la contribution, la mutualisation des risques et le tiers payant.

« Les personnes assurées et les bénéficiaires sont couverts sans discrimination liée notamment à l’âge, au sexe, à la nature de l’activité, au niveau et à la nature de leur revenu, aux antécédents pathologiques ou aux zones de résidence. » (Canam-Mali.com)

N’est-ce pas rassurant d’avoir la certitude que soi-même ou sa proche parenté sera pris en charge même en cas de maladie grave ? Par exemple, 70% des coûts de soins ambulatoires, 80% des coûts d’hospitalisation, directement payés par la collectivité, le travailleur ne sortant de sa poche que les 30 ou 20% restant à sa charge ?

Pas de remboursement à attendre pendant des semaines, donc, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire.

Et demeure la possibilité pour chacun de souscrire une mutuelle complémentaire qui prendra à son tour la part restant à la charge de l’assuré (le « ticket modérateur »).

Bien sûr, cet argent ne peut pas « tomber du ciel » comme ça. C’est pourquoi il est nécessaire de cotiser au moins six mois pour avoir de quoi être opérationnel. Sinon, avec quoi l’État paierait-il les soins ? Il lui faut de l’argent d’avance. C’est pour cela que les prélèvements ont commencé en novembre, pour pouvoir payer les frais dès le mois de mai.

Il ne s’agit donc pas de « voler » le pauvre travailleur, mais bel et bien de « provisionner » pour les mauvais jours. Tout le monde un jour ou l’autre a besoin de soins médicaux.
Et cette cotisation est la même pour tous les travailleurs : 3,06 % du salaire (0,75% pour les pensionnés). Rien à voir avec les 5% colportés par la rumeur !

On s’étonne aussi de devoir aller s’inscrire pour profiter de l’assurance, alors que l’État est capable de nous trouver pour prélever ses cotisations. Certes ! Mais comment l’État peut-il deviner, au seul vu de la fiche de paye, qu’un travailleur a deux épouses à charge, six enfants, et un père invalide ? Seule l’inscription par ce travailleur de ses ayants droit permettra de leur assurer la prise en charge de leurs maladies.

Il est donc absolument indispensable d’aller s’inscrire avec toute sa famille !
On a toujours peur de ce que l’on ne connaît pas, de ce qui est nouveau. Apprenons donc à découvrir l’AMO, avant de la repousser. Un guide informatif et un dépliant expliquent très simplement les tenants et les aboutissants de cette assurance obligatoire.

Aujourd’hui, le site de la Canam est en cours de réaménagement pour renforcer les informations indiquées dans les dépliants et guides informatifs.

Parmi les syndicats, qui ont été consultés tout au long de la période d’élaboration de l’Amo, nul ne conteste le bien-fondé du mécanisme de protection, nul n’en conteste le principe. L’UNTM et la CSTM ont toutes deux accepté aussi bien l’idée que le taux du prélèvement sur les salaires.

L’UNTM est même membre du conseil d’administration de la Canam, l’organisme qui gère l’Amo. Ce conseil est présidé alternativement par un représentant des organisations syndicales des employeurs ou des organisations syndicales des travailleurs. La présence de 18 administrateurs, représentant les pouvoirs publics, les usagers de l’établissement et le personnel de l’établissement, devrait garantir la transparence de la gestion des fonds de l’assurance.

Certes, on peut toujours répertorier les lacunes et refuser de voir les avantages. Mais ces derniers sont réels, et tout système est perfectible.

Au fur et à mesure que celui-ci se déploiera, des ajustements se feront. Il appartiendra aux différents acteurs d’être particulièrement vigilants au bon déroulement des opérations :

– Plus les travailleurs et leurs ayants droit seront inscrits tôt, plus l’application de l’Amo sera efficace.

– Les partenaires de santé doivent travailler main dans la main avec l’Amo, en ayant à cœur l’intérêt des assurés et en étant force de proposition pour une constante amélioration du système ;

– Le gouvernement doit prendre régulièrement la mesure du système et être attentif aux critiques, afin de procéder aux ajustements nécessaires ;

– Les syndicats, les députés et l’ensemble de la société sont invités à apporter leur contribution à une remise en cause permanente, dans un esprit constructif et le souci du bien-être de chacun.
Rien n’est jamais figé. Le panier de soins peut être élargi, le champ d’application étendu, les mutuelles et assurances existantes associées…

Pour tout cela, il est bon de laisser le temps au temps. Ce n’est qu’après un temps d’expérimentation que l’on sera à même de juger de la pertinence et de l’efficacité de l’Amo, et d’apporter des ajustements ou des améliorations à son application.

L’État est dans son rôle en se souciant de l’amélioration sanitaire de chacun de ses citoyens. On ne peut lui reprocher d’y travailler. Une assurance maladie obligatoire pour tous est un immense progrès de civilisation que nul ne peut contester. La grande richesse de nos démocraties, c’est de permettre à chacun d’apporter sa pierre au débat, dans le souci de l’intérêt général. L’intérêt particulier y trouvera toujours son compte…
Birama Konaré*

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