L’exercice de l’activité des sociétés privées de sûreté de l’aviation civile a tendance à devenir un métier à haut risque dans notre pays. Ce ne sont pas les agents de Securicom et Aerosec qui peuvent nous démentir. Eux qui avaient été interpellés par la police de l’aéroport de Bamako Sénou pour avoir simplement refusé de laisser embarquer des Maliens de France qui ont voyagé avec des certificats de 1ère demande de carte de séjour de la France. Un refus consécutif à une instruction de la compagnie Air France de n’accepter aucun voyageur détenant ce titre provisoire.
A en croire le directeur général de Securicom, Mamadou Sidibé, que nous avons pu joindre, dans le cas de ces deux journalistes, il s’agissait d’une inadéquation entre les documents qu’ils détenaient pour voyager, notamment la lettre d’invitation de la Francophonie et les mesures autorisant l’acceptation d’étrangers sur le territoire de la Rdc telles que définies par le Dgm. Lesdites mesures qui ont été adoptées le 7 mars 2012 par cette structure relevant du Ministère de l’Intérieur et Sécurité de la Rdc ont été notifiées aux responsables des compagnies aériennes qui desservent la Rdc (Air France, Asky, Brussels Airlines, Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc, South African Airways).
Dans ladite lettre dont l’objet concerne «Embarquement des passagers sans visas», le directeur général du service de la migration (Dgm) fait remarquer qu’il «constate avec regret que certaines compagnies aériennes n’hésitent pas à embarquer dans leurs vols à destination de la Rdc des passagers étrangers dépourvus de visas réglementaires d’entrée dans notre pays». Tout en rappelant à leur particulière attention « qu’une simple invitation adressée à un étranger désireux de séjourner en Rdc, ou encore le dépôt à la Dgm d’une demande de visa volant ne peut nullement faire office ou remplacer le visa proprement dit. Seul le visa délivré par une représentation diplomatique de la Rdc à l’extérieur, ou encore le visa volant émis par la Dgm sont valables pour l’entrée en Rdc des étrangers non résidents». Le directeur général de la Dgm a fait savoir que «le non respect de la législation en vigueur expose tout contrevenant à l’application rigoureuse des dispositions pertinentes des articles 3, 13 et 22 de l’ordonnance n°83-033 du 12 septembre 1983, relative à la police des étrangers, notamment en ce concerne la responsabilité du transporteur et des pénalités qui en découlent » .
Voilà le texte qui a empêché nos deux confrères de prendre le vol de la compagnie Ethiopian Airlines.
Selon les explications du directeur général de la Securicom-Sarl, Mamadou Sidibé, « les deux journalistes détenaient une lettre d’invitation de la Francophonie et cette lettre n’est pas à elle seule suffisante pour être acceptée à l’entrée sur le territoire de la Rdc». Il fera savoir que cette lettre devait être sous-tendue par un visa réglementaire délivré en bonne et due forme par la police de l’air et de la frontière de la Rdc. Le défaut de présentation de ce visa à l’entrée de l’aéroport de Kinshasa expose le passager à un refoulement sûr vers son aéroport d’embarquement et expose aussi la compagnie aérienne qui l’a transporté à une amende de 5.000 Euros. Le Dg de Securicom tiendra à faire savoir que « ce n’est pas Securicom qui les a refusés, mais le chef d’escale de Ethiopian Airlines». Sur insistance de l’agent Securicom, une demandé a été formulée par le chef d’escale d’Ethiopian auprès des autorités congolaises. Avec une suite favorable, les deux journalistes se sont présentés le 26 septembre 2012 sur le vol Kenya Airways et l’enregistrement leur a été refusé pour les mêmes motifs. Après le niet de Kenya Airways, les deux journalistes ont pu embarquer sur le vol Ethiopian, le 27 septembre 2012.
Opérant sous le contrôle des compagnies aériennes, la Securicom ne peut nullement bloquer un passager sur un vol. Seuls les exploitants d’aéronef peuvent le faire. Dans cette affaire, la Securicom n’a fait que respecter ses engagements vis-à-vis de son partenaire.
Contrairement aux informations erronées, la Securicom est une société privée de sûreté de l’aviation civile. La société est recrutée par les compagnies aériennes, elle évolue dans le domaine de l’aviation civile conformément au cahier de charges relatif à l’exercice de l’activité des sociétés privées de sûreté de l’aviation civile. Selon l’article 2 de ce document, l’exercice de cette activité est soumise à l’obtention d’une autorisation délivrée par l’Agence nationale de l’aviation civile.
Tout comme l’article 2, l’article 3 détermine le champ d’application des sociétés bénéficiaires d’autorisation. A ce titre, la société Securicom peut exercer sur les aéroports du Mali et les zones autorisées des contrôles de sûreté pour le compte des compagnies aériennes, conformément aux normes et pratiques recommandées de l’annexes 17 de la Convention relative à l’aviation civile internationale. Ces contrôles concernent les mesures complémentaires à savoir, entre autres, l’escorte et la sécurisation des bagages de soute de la zone de tri bagage vers les aéronefs; la fouille des bagages de cabine; le contrôle des accès à bord des aéronefs et la protection de ces aéronefs; la vérification de la concordance passagers et documents de voyage, etc.
Rappelons que la Securicom est une société de droit malien créée en 1999 et agréée en 2000. Elle est présente au Mali, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Burkina-Faso, au Niger et au Togo.
Depuis sa création, la Securicom travaille avec onze compagnies aériennes (Air France, Tap Portugal, Aigle Azur, Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc, Delta Airlines, TACV, Tunisair, Afriquiyah et Spanair).
Nouhoum DICKO