Bamako : Les feux tricolores carburent au solaire

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Rues, ronds points et certaines grandes artères sont régulés ou éclairés grâce cette énergie gratuite.

Ces temps-ci, automobilistes et motocyclistes ont été frappés par l’apparition de nouveaux feux tricolores équipés de panneaux solaires aux ronds-points et sur des artères importantes de la ville. Ils se dressent ainsi sur la route de l’aéroport, au rond-point du Monument de l’Indépendance, sur l’avenue Al Qods, etc. Bamako se développe tellement vite que les infrastructures peinent à suivre malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics qui multiplient les constructions de routes bitumées, échangeurs et ponts.

L’installation de feux tricolores d’une toute nouvelle génération fonctionnant à l’énergie solaire s’inscrit dans le cadre de cette course de vitesse et constitue un bon point pour la mairie du District qui a engagé pour cela un partenariat avec Sahelia, une entreprise de droit malien spécialisée dans les BTP et l’énergie. Ces feux rouges sont réglés par un serveur installé aux ronds points et sur les grandes artères. Le dispositif souple et sophistiqué permet aux feux de s’autoréguler en fonction de la densité du trafic et du moment de la journée. Aux heures de moindre affluence, notamment aux heures avancées de la nuit, les feux clignotent en permanence à l’orange.

Les nouvelles installations de Sahelia se distinguent par leur taille importante. Elles se dressent un peu comme des sémaphores géants de forme rectangulaire coiffés d’une plaque photovoltaïque. Leur base volumineuse et creuse contient des accumulateurs. Le corps du mât supporte deux systèmes de décompte du temps – seconde par seconde – sur des écrans lumineux. Trois feux ronds de couleurs verte, jaune et rouge complètent cet ensemble, décrit Modibo Keita, le président directeur général de Sahelia, concepteur de ces nouveaux équipements. Ces nouveaux feux tricolores sont, juge-t-il, les mieux adaptés à notre environnement pour plusieurs raisons. « Nous sommes dans un pays très ensoleillé en toutes saisons. Ces feux sont équipés de panneaux qui les alimentent en énergie solaire, ce qui signifie moins de dépenses à la charge des consommateurs.

L’énergie produite par les panneaux est non seulement gratuite, mais aussi et surtout non polluante pour l’environnement », souligne-t-il. Un autre avantage important de ces feux tricolores est leur facilité d’installation. Leur implantation ne nécessite plus, en effet, d’entailler la chaussée pour la pose d’onéreux câbles souterrains. A la mairie du District, l’on salue le partenariat avec Sahelia. Grâce au programme, le nombre de ronds points équipés de feux tricolores est passé de 20 à plus de 80. Ce chiffre devrait croître dans un proche avenir, promet le patron de la DRCTU, Djibril Sidibé. Les nouveaux dispositifs, constate-t-il, permettent de sécuriser les usagers de la circulation car ils sont équipés d’un système électronique de décompte qui permet aux usagers de savoir combien de temps ils vont rester aux feux et quand démarrer. Ce qui a pour avantage non seulement d’atténuer leur impatience, d’éviter les coups d’avertisseurs rageurs et surtout de sauver des vies, juge-t-il. Les agents de la circulation, eux, apprécient positivement ces nouveaux feux tricolores et estiment qu’ils les aident dans leur travail.

Ibrahim Farota et Tiékoro Traoré, des agents de la Compagnie de la circulation routière (CCR) croisés au Monument de l’Indépendance, voient en eux beaucoup plus « que de simples objets décoratifs ». « Nous sommes soulagés par l’installation de ces feux. Vous savez à une certaine heure de la journée, nous sommes acculés par le flux d’engins lorsque les feux sont en panne. Ce qui est très fréquent ici au niveau du Boulevard de l’Indépendance », confient-ils. Un souhait ? Que tous les usagers participent à la protection de ce qu’ils appellent des « policiers immobiles ». Un souhait qui ne devrait pas être difficile à exaucer puisque les usagers de la route interrogés, sont ravis. « On ne demande pas mieux. Ces feux sont là pour nous sauver la vie. Les premiers bénéficiaires ne peuvent être que nous-mêmes. Alors, je comprend mal pourquoi on ne les respecterait pas », réagit Boubacar Konaté, perché sur une moto Jakarta. Les motocyclistes du voisinage approuvent d’un mouvement de tête. Justement, ces feux résisteraient-ils à d’éventuels actes de vandalisme comme on en a enregistrés par le passé ?

Le PDG de Sahelia, Modibo Keita, souligne à ce propos la taille et la robustesse du matériel. De plus, ajoute-t-il, « le dispositif a une autonomie importante. Une journée d’ensoleillement suffit aux accumulateurs pour emmagasiner du courant pour trois jours de fonctionnement. Ce délai est suffisant pour procéder à des réparations du système ». Une autre forme de vandalisme réside dans l’affichage sauvage sur les panneaux qui a de grandes chances de survenir durant la période électorale qui s’ouvre. Djibril Sidibé, le patron de la DRCTU, s’en inquiète déjà en soulignant que les feux ne peuvent servir de support publicitaire. « Notre ambition est d’étendre le programme à l’intérieur du pays, après Bamako », indique le PDG de Sahelia. En attendant, la mairie du District est déterminée à tirer le plus grand profit possible de la technologie solaire. Le programme prévoit ainsi l’éclairage des rues, des édifices publics et des monuments de la capitale, annonce Djibril Sidibé. Déjà, quelques rues profitent à la nuit tombée de cette énergie bon marché, faisant des envieux dans les quartiers périphériques de la capitale où l’électricité se fait encore attendre et l’insécurité est reine.

mardi 11 octobre 2011

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