Assurance Maladie Obligatoire :Un faux pas et des incohérences

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Alors même que les fonctionnaires et autres agents du secteur public assujettis à l’Assurance Maladie Obligatoire(AMO) cherchent des solutions pour arrondir leurs fins de mois (à cause des récents prélèvements effectués sur leurs salaires), on vient de leur demander d’aller faire la queue à la Poste pour accomplir les formalités d’inscription à cette nouvelle assurance. Pire, ils n’ont qu’un délai de 20 jours pour s’exécuter, faute de quoi, l’épée de Damoclès sévira certainement!
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rn«Le bon sens et la raison sont les choses les mieux partagées au monde», dit-on. Cependant, on est en droit de se demander si les responsables chargés de la mise en œuvre de certaines réformes dans notre pays ont un minimum de bon sens. La question a tout son mérite quand on se réfère à l’incohérence qui caractérise la mise en œuvre de l’AMO.
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rnEn effet, depuis novembre 2010, des prélèvements importants sont opérés sur les salaires de tous les fonctionnaires et conventionnaires de l’Etat au profit de l’AMO. Lesdits prélèvements sont opérés sans préavis particulier et sans inscription préalable. Autrement dit, 5% du salaire sont prélevés, sans distinction, chez tous ceux qui émargent au budget de l’Etat. Et il n’a pas été demandé aux fonctionnaires et conventionnaires de l’Etat de se faire inscrire au préalable pour subir les prélèvements liés à l’AMO. Mais, curieusement, c’est seulement maintenant qu’on leur demande de se faire inscrire au niveau des agences de la Poste pour être affiliés à l’AMO.
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rnDe deux choses l’une: soit l’adhésion à l’AMO est obligatoire, comme son nom l’indique, et, par conséquent, elle couvre tous les fonctionnaires et conventionnaires sans qu’ils aient besoin de s’inscrire, soit l’adhésion est volontaire et, par conséquent, même les prélèvements auraient dû être expressément avalisés par les futurs assurés. A la limite, l’incohérence saute aux yeux, car on ne peut comprendre que des prélèvements soient systématiquement effectués sur les salaires de personnes autres que les assurés. En invitant les mêmes assurés à se faire inscrire à l’AMO, on agit comme si les prélèvements effectués sur leurs salaires étaient faits de façon irrégulière. Dans le cas contraire, ils seraient d’office considérés comme inscrits, puisque les prélèvements sont censés être faits en contrepartie de leur adhésion à l’AMO.
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rnAlors, pourquoi demander aux fonctionnaires et conventionnaires d’aller faire la queue à la Poste pour se faire enrôler? Imaginez un instant les agences de la Poste si tous les fonctionnaires et conventionnaires devaient s’y rendre en l’espace de 20 jours. d’ailleurs en demandant à des agents en activité de se rendre à la Poste aux heures de travail, n’est-ce pas à la fois une perte de temps et un manque à gagner pour l’Etat?
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rnPar ailleurs, à propos des prélèvements occasionnés par l’AMO (5% du salaire), on ne saurait passer sous silence le fait qu’ils sont exorbitants au regard du niveau des salaires dans notre pays. On se souvient encore que c’est à la suite de plusieurs années de lutte que l’UNTM a pu obtenir 5% d’augmentation en 2009. Alors, comment comprendre que, deux ans plus tard, ladite augmentation soit prélevée pour d’autres prétextes. S’il est vrai que l’AMO est nécessaire, un prélèvement de 2 ou 3% du salaire n’aurait-il pas suffi? En tout cas, ceux qui sont chargés de mettre en œuvre l’AMO doivent faire preuve d’une indulgence particulière, afin de ne pas se heurter au refus des assurés, qui sont déjà très réticents.
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rnAvec des prélèvements déjà importants, les futurs assurés sont, en effet, à bout de souffle, et avec cette nouvelle contrainte, ils risquent de renoncer purement et simplement à l’AMO. Surtout que, dans notre pays, de telles initiatives réussissent difficilement. La gratuité de la césarienne et du traitement du paludisme pour les enfants de moins de 5 ans en sont des exemples éloquents. 
rnMalick Camara     

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