Assurance maladie obligatoire :Pourquoi les travailleurs n’en veulent pas

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Le nouveau système d’assurance maladie obligatoire n’a pas l’heur de plaire aux syndicats qui ne cessent de ruer dans les brancards. Votre journal a enquêté sur les raisons de cette désafection. Lisez plutôt….

rnEn 2003, le gouvernement a procédé à une étude sur la protection sociale au Mali. Elle a permis d’analyser la situation actuelle en matière de protection sociale dans le secteur public, privé et informel.  L’étude a proposé un grand nombre de  mesures pratiques pour la mise en place de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO). C’est suite à cela qu’il a été décidé d’instituer l’Assurance Maladie Obligatoire. L’Assurance Maladie Obligatoire est fondée sur le principe contributif et sur celui de la mutualisation des risques. Les cotisations ont commencé à être retenues sur les salaires des agents de l’Etat à hauteur de 3,06%.
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rnInitiée pour soulager les Maliens, l’AMO connaît déjà ses premières crises. En effet, de nombreux syndicats protestent contre elle. Certains ont fait le rapprochement entre le taux de prélèvement de 3,6% et l’augmentation salariale de 7.500 FCFA qui a pris effet au mois de janvier dernier. Ils ont trouvé que le montant de la cotisation (3,6%) correspond approximativement à celui de l’augmentation salariale concédée par l’Etat.  Une manière pour l’Etat, disent-ils, de récupérer de la main gauche ce qu’il a donné de la droite.
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rnEt ce n’est pas tout! Les syndicalistes  sont nombreux à s’interroger sur plusieurs autres aspects de l’AMO. S’agit-il d’une assurance maladie  ou d’un système de sécurité sociale ? La loi N°15 du 26 juin 2009 présente l’Assurance  Maladie Obligatoire (AMO)  comme   un mécanisme de protection sociale couvrant les frais de santé des assurés et des membres de leurs familles. Or contrairement à l’assurance Maladie, le principe de la  sécurité sociale dépend surtout de la situation professionnelle et personnelle des assurés. Explications: un travailleur des mines est beaucoup plus exposé aux risques de son métier qu’un bureaucrate. Mais le salaire de ce dernier peut s’avérer plus ou moins important. Alors, les deux travailleurs doivent-ils être logés à la même enseigne, c’est-à-dire subir le même taux prélèvement de 3,6%? En clair, faut-il uniformiser les cotisations alors que les risques professionnels encourus et les salaires perçus par les adhérents ne sont pas les mêmes ?
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rnIl faut signaler que le prélèvement est effectué sur le salaire brut et non sur les indemnités. Aussi, le caractère obligatoire du régime soulève d’autres inquiétudes. De nombreux travailleurs sont d’ores et déjà affiliés à des mutuelles de santé. Et voilà que l’Etat leur en impose une autre sans leur consentement! Les salariés ne sont pas d’accord. Voila pourquoi, les syndicats projettent des grèves pour obliger l’Etat à arrêter le prélèvement et procéder à la restitution des sommes déjà prélevées.
rnQuant au dépôt des dossiers au niveau de la nouvelle Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM), malgré le renvoi de sa date limite de dépôt, les salariés ne semblent guère se bousculer. Certains travailleurs interrogés nous diront que malgré la cotisation prélevée sur leur salaire, ils continuent à se soigner à leurs frais, sans bénéficier de l’AMO. Et pire, le principe de l’AMO est que le malade se soigne lui-même et obtienne plus tard le remboursement de ses frais. Et s’il n’    a pas d’argent  pour avancer ces frais ? Nous avons tenté de joindre les administrateurs de la caisse nationale d’assurance maladie pour avoir des explications sur cette carence dénoncée par les travailleurs. Malheureusement, toutes nos tentatives se sont avérées vaines. Cependant, nous avons pu avoir des informations au niveau du département en charge du développement social. Selon un responsable de ce département, les travailleurs ont tort  de se comporter comme si l’AMO était tombée  incognito du ciel."Pendant que nous nous tuons pour faire connaître davantage cette politique, d’autres sont en train de la saboter!", fulmine notre interlocuteur. Toujours selon notre interlocuteur, les textes régissant l’AMO ont été  adoptés par les députés à l’issue  de plusieurs réunions regroupant les syndicats (qui sont même membres du Comité de Pilotage de l’AMO) et le patronat.
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rnEn tout cas, le citoyen lambda espère que l’AMO n’est pas un système mort-né et que les Maliens en tireront une meilleure santé.
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rnAbdoulaye Guindo
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