Face à la situation socio-économique morose qui affecte certains secteurs d’activités, le monde des petits métiers fait son petit bonhomme de chemin. Ces petits particuliers sans grands moyens, font quotidiennement des pieds et des mains pour résister à la tempête économique qui souffle sur le pays. Pourquoi ces activités prospèrent-elles ? Que gagnent ceux qui les exercent et quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent ?
“Il n’y a pas de sot métier”, dit-on. Et cet adage semble être bien compris par les vendeurs ambulants de café, cireurs et autres laveurs de motos. Ali Diawara exerce depuis plus d’un an le métier de cireur. Entre les Klaxon des voitures et motos ou encore le brouhaha quotidien des piétons, il se faufile et hèle les passants pour leur proposer ses services.
Nullement découragé par le froid qui frappe de plein fouet Bamako ces temps-ci, il propose ses services à tout passant. Avec un sac poussiéreux, déchiré par endroits et rafistolé à la main, il use de ses moyens de fortune pour se faire entendre et s’attirer le regard de potentiels clients.
Il dit exercer cette activité de son propre chef : “Dès 7 h, je quitte la maison pour l’ACI-2000. Une fois là-bas, je commence par m’occuper des chaussures de certains fonctionnaires au niveau de la Cité administrative, qui sont mes plus fidèles clients. Une fois cette tâche terminée, je fais le tour des différents services environnants pour proposer mes services”.
Les chaussures sont cirées moyennant 50 F CFA la paire. Ali Diawara, qui gagne en moyenne 1500 F CFA à 2000 F CFA ou plus quand il y a de l’affluence, affirme également que c’est grâce à ce travail qu’il arrive à s’occuper de sa famille. “Grâce à mes petites économies, j’ai pu acheter deux bœufs que j’ai mis à la disposition de mon père au village”, poursuit-il.
Issa est fleuriste depuis une vingtaine d’années. Marié et père de deux enfants, il affirme que ce métier nourrit son homme. “Je ne me plains pas puisque j’arrive à joindre les deux bouts. La preuve ? Pour disposer d’une fleur bien montée, il faut débourser au moins 5000 F CFA. Et les prix peuvent aller jusqu’à des centaines de mille, selon les besoins des consommateurs”.
“Il faut dire que le montage où la composition des fleurs n’est pas facile. Il faut avoir une certaine expérience pour le faire”, raconte-t-il. “Il y a des clients exigeants, qui aiment non seulement le travail bien fait, mais aussi présentent leurs modèles”, ajoute-t-il.
Ndiaye qui est bijoutier, partage le même atelier que son compatriote Guèye qui, lui, est cordonnier. Ces deux Sénégalais, installés depuis 2000 au Mali, ont toujours le sourire aux lèvres car leur atelier situé à côté de la Grande mosquée de Bamako, ne désemplit pas. Avec beaucoup de doigté, Ndiaye arrive à satisfaire sa clientèle qui se recrute dans la gent féminine.
Et cela se comprend aisément, puisqu’il vend des colliers en bois d’ébène, des pendentifs qu’il dit avoir fabriqués avec des défenses de phacochère et des boucles d’oreilles en bronze.
“C’est comme cela tout le temps. Les gens apprécient le travail bien fait. Et ce métier, je l’ai appris depuis mon jeune âge. Mes clientes qui sont pour la plupart des Européennes, viennent en prendre en quantité pour aller les exposer en Europe”.
Guèye, son jeune frère cordonnier, parlant de son chiffre d’affaires, nous a fait cette révélation avec un large sourire. “Je peux facilement livrer des marchandises d’une valeur de 200 000 à 300 000 F CFA au moins deux fois dans le mois à mes clients qui sont disséminés un peu partout sur le continent. C’est la preuve que ce métier nourrit son homme”, se réjouit-il.
Pour lui, les autorités devraient songer à élaborer des politiques pour les encadrer, les former davantage et les faire participer à l’économie nationale. Surtout qu’exercer dans l’informel n’est pas chose aisée.
Assi de Diapé