Plusieurs restaurants sont touchés de plein fouet par les mesures barrières pourtant nécessaires à la prévention du coronavirus.
Esseulé, les mains posées sur la table revêtue du bogolan (tissu local), Ibrahim semble perdu dans ses pensées. Comment faire pour passer dignement ce mauvais cap ? Combien de temps durera-t-il encore cette pandémie ? Dois-je fermer boutique pour sauver les meubles ou résister sans perdre la face avec un service minimum ? Toutes ces questions taraudent dans la tête de ce chef d’entreprise qui commence à raser les murs. Mais à aucune d’entre elles, le restaurateur n’a une réponse toute trouvée. La pandémie du coronavirus a imposé son diktat. Plusieurs personnes se méfient des lieux publics. Dehors, le virus rode…
Pour garder les nerfs éveillés, le patron du restaurant ordonna à Samba, le cuistot à lui servir une tasse de café. Mais le remontant qu’il avala d’un trait ne lui a été d’aucun soutien dans sa quête de réponse aux difficultés financières qui menacent son entreprise. Soudain, il devient philosophe : « Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Le plus important est de croire en Dieu et prier pour un lendemain meilleur ».
Ce dimanche de début mai, une chaleur suffocante s’est abattue sur la capitale. Avec ses 39 ° degrés. C’est loin d’être le point le plus chaud de notre pays. Les rayons solaires de Kayes, 43 °, Mopti ou encore le grand Nord pouvaient griller une viande d’agneau tendre et bien assaisonnée au vinaigre. En temps normal, les clients accourraient pour se mettre un morceau entre les dents tout en arrosant généreusement l’estomac de boissons fraiches.
Les clients confinés
A la porte d’entrée du restaurant, un dispositif de lavage des mains au savon est prévu. A l’intérieur, plusieurs points de lavage des mains sont visibles. Manifestement, cette mesure barrière n’a pas suffi à convaincre les clients. « Depuis que cette maladie est apparue chez nous, les clients ne viennent plus. Regardez vous-même autour de vous si vous voyez un client… », marmonne le patron du restaurant. Il n’y a personne en effet, lui dis-je. Pire, poursuit-il, je n’ai vu personne du gouvernement venir me demander comment vont les affaires ou me venir en aide. Ce n’est pas normal, ai-je réagi lui apportant une forte contribution de solidarité.